Chapitre 32.

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Je repris fermement mon téléphone et répondis : « A Jyan Rellim, de la part d'Abygaelle Rellim. Je ne viendrais pas. Je préfère rester fidèle. »

La simple évocation des Miller me faisait rejaillir de mauvais souvenirs, mais était-ce pour autant une raison pour tous les tuer enfants compris ? Même si ce message ressemblait plutôt à une obligation qu'à une proposition, qu'importe leurs menaces, je ne tuerai personne de mon plein grès. Je soupirai. A la menace des trois vauriens en liberté s'ajoutait maintenant celle de la famille Rellim qui n'allait pas passer outre mon refus. 

Je me retournai dans mon lit. Le collier sur mon bureau scintilla. Je serrai les lèvres. Christian et Lisiane qu'étaient-ils l'un pour l'autre ? Je serrai mes mains sur mon crâne et me redressai brusquement. Ce problème, je pouvais le régler... Je me levai.

— Très bien, s'il ne veut pas me dire la vérité, j'irai la chercher par mes propres moyens.

Je sortis de ma chambre et entrai discrètement dans celle de Lisiane. Elle dormait à poings fermés. Son souffle était régulier et ses traits détendus. Je m'approchai le cœur battant et déposai doucement mon front sur le sien. Elle rêvait de nager dans la mer sous le clair de lune. Je souris moqueuse. Quelle poète ! J'effaçai son rêve et lui transmis la tête de Christian pour voir à quoi son imagination l'associerait. Tout de suite une tête inconnue surgie. Un homme d'une cinquantaine d'années lui dit en regardant par la fenêtre d'un grand immeuble, les gratte-ciel en face de lui :

Tu vas le retrouver que tu le veuilles ou non. Tu auras ta part aussi. Ce n'est pas l'amour qui te fera avancer dans la vie mais l'argent.

Je la vis se sentir tirailler, puis répondre :

Je vais le faire il me suffit de m'inviter chez lui avec l'excuse que j'utilisais autrefois.

L'homme sourit.

N'oublie pas, il doit venir travailler pour moi aux Etats-Unis, ce n'est que comme ça que l'on réussira à placer Yan Brown à sa place. J'ai confiance en ses compétences, il montera très vite les échelons du pouvoir, éloquent comme il est !

Lisiane se racla la gorge et salua l'homme.

Je vais me préparer à partir, on se revoit à mon retour papa. Ne t'inquiète pas, je ne te décevrai pas.

Puis elle partit de la pièce. Je décollai mon front brusquement, effrayée. Je ne m'attendais pas à ce genre de révélation...

Je sortis discrètement de la chambre le souffle court. Que devais-je faire ? Si je le disais à Christian allait-il seulement me croire connaissant mon aversion pour Lisiane ? J'entrai dans ma chambre. Je me mis à tourner en rond en me tordant les mains. Si j'avais bien compris le rêve, le père de Lisiane comptait manipuler Christian par l'intermédiaire de sa fille afin de placer quelqu'un qui lui obéit au doigt et à l'œil à la place, ainsi il pourrait avoir un contrôle sur la politique française. Je m'assis sur mon lit et enserrai mes épaules de mes bras en frissonnant. Christian était en danger et cette fois j'allais le protéger. 

Epuisée émotionnellement je m'endormis dans un profond sommeil.

Je me réveillai en sursaut le cœur battant. J'entendis Christian disposer des bols sur la table de la cuisine. Je sortis rapidement de ma chambre et dévalai l'escalier. J'ouvris brusquement la porte de la cuisine. Christian se retourna surpris et à ma vue baissa les yeux. Je m'assis sur un siège. Il s'assit devant moi et dit en évitant mon regard :

Je suis allé au poste de police ce matin concernant les quatre hommes qui t'ont embêté. J'ai appris que tu y étais déjà allé parce qu'il y en avait un dans ton école. Je suis sincèrement désolé de n'être pas allé te chercher.

Je me raclai la gorge gênée.

Je suis rentrée vivante, c'est le principal.

Il sourit devant l'ironie de ma réponse et continua :

Ils m'ont annoncé qu'ils avaient réussi à attraper le gars dans ton école et que celui-ci avait tout de suite révélé l'identité des trois autres pour justifier qu'il n'était pas le seul fautif. Ils sont donc tous les quatre sous les verrous pour l'instant. Tu n'as donc plus rien à craindre.

Cette bonne nouvelle me donna la force de dire :

Concernant hier, Lisiane...

Il me coupa la parole et prit mes mains dans les siennes.

— Concernant hier, je suis désolé d'avoir réagis comme un gamin mais ça m'a agacé ton manque de confiance en moi en sachant tout l'amour que j'ai pour toi. Le coup de fil que j'ai eu hier matin, c'était tout simplement mon père au bout du fil. La raison pour laquelle je suis allé à ce restaurant pour couple avec Lisiane est parce que nous nous fréquentions à l'époque, c'est-à-dire il y a deux ans. Nous nous sommes vite rendu compte que notre amour n'était qu'amical et ça s'est terminé au bout d'une semaine à peine. Depuis nous sommes resté en contact comme deux bons amis. Je lui ai permis de dormir ici parce qu'elle fait des crises de panique lorsqu'elle dort dans des endroits où elle ne connait personne, et ça depuis toute petite. Elle ne peut donc pas dormir dans un hôtel.

Je me raclai la gorge. J'avais honte. Je m'étais montée la tête pour rien. Moi aussi j'avais en fin de compte était ridicule en ne lui faisant pas confiance. J'étais tellement jalouse que je n'avais pas fait attention au fait qu'elle m'avait dit qu'ils se connaissaient depuis longtemps ce qui signifiait qu'ils pouvaient avoir été à ce restaurant il y a longtemps aussi.

Je secouai la tête. Ce n'était pas de ça dont je voulais lui parler mais d'un sujet plus important.

Je fixai Christian dans les yeux pour capter toute son attention et lui dit :

— Je te demande pardon aussi, j'ai été ridiculement aveuglée par la jalousie mais... ce n'est pas de cela dont je voulais te parler. Christian, Lisiane te ment. Elle n'a jamais fait de crise de panique de sa vie, c'est seulement une manière qu'elle a trouvé pour t'approcher. Hier soir, notre conversation m'ayant vraiment troublée, je suis entrée dans les rêves de Lisiane et je lui transmis ton visage pour voir à quoi son subconscient l'associerait et j'ai découvert quelque chose que je n'aurai jamais pensé voir. Son père lui a demandé de te manipuler afin que tu travailles pour lui aux Etats-Unis comme cela il mettrait une personne qui lui obéit à ta place, un certain Yan Brown. Son but final étant de pouvoir avoir un contrôle sur la politique française du haut de son building.

Il avait lâché mes mains perplexe. Il me regardait choqué par mes révélations.

— Brice Tourelle me veut du mal ? Il faut que je parle à Lisiane ! Comment en est-elle arrivée à me trahir comme ça ?

Des pas précipités se firent entendre derrière la porte et on entendis la porte d'entrée s'ouvrir et se fermer. Je bondis de mon siège. Lisiane nous avait entendu et tentait de s'enfuir. Christian se leva lui aussi mais m'empêcha de courir à sa poursuite.

— Laisse-la partir, ce n'est pas une mauvaise personne, je pense qu'elle est partie plus par honte que pour fuir ce qu'elle mérite.

Je fronçai les sourcils.

— Comment peux-tu la défendre après tout ce que je t'ai dit ?

Il posa ses mains sur mes épaules.

— Laisse-lui une chance. De toute façon que veux tu que nous fassions ? Elle n'a pas fait ce qu'elle comptait faire, nous ne pouvons l'accuser de rien sans révéler que tu es entrée dans ses rêves, donc sans révéler ton don. N'est-ce pas ?

Je soupirai et détournai le regard.

— Je voulais te protéger de quelqu'un au moins une fois, tu l'as tellement fait pour moi...

Du bout des doigts il tourna mon visage vers lui et sourit.

— Reste juste en vie, près de moi, ce sera la meilleure façon de me protéger ou du moins, de protéger ma santé mentale.

La tisseuse de rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant