Chapitre 25.

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Cela faisait maintenant trois semaines que Christian était dans le coma et le soulagement avait fait place à l'inquiétude. Pourquoi ne se réveillait-il pas ? Les médecins étaient catégoriques : tout était guéris. Mais alors pourquoi ses yeux ne s'étaient pas ouvert une seule fois ?

Suite à mon choc traumatique on m'avait gardé quelques jours et j'avais insisté fortement pour rester encore plus. J'avais même réussi à avoir un lit juste à côté du sien pour être la première personne qu'il verrait en ouvrant les yeux. J'avais mis de côté mes études. Je les reprendrai plus tard. Cela n'était plus le but de ma vie.

Je regardai pas la fenêtre les flocons tomber et recouvrir d'un manteau blanc le parking de l'hôpital. Une camionnette noire attira mon regard et je souris sereinement. Une chose de positif s'était au moins produite, après plusieurs semaines d'enquêtes et d'interrogatoires, la police avait réussi à arrêter l'entièreté de l'agence. Je tournai la tête vers Christian. Il avait eu raison lorsqu'il m'avait dit que la police ne croirait pas au fait que j'ai un don. C'est ce qui s'était produit, l'agence avait tenté en dernière carte de me dénoncer mais Christian avait pris soin sans que je ne le sache d'effacer les vidéos des caméras de surveillances des soirs où j'étais venu dans la maison de son père et la police n'ayant aucunes preuves et ne croyant absolument pas à l'existence de mon don, me laissa tranquille. J'en avais alors profité pour leur dire les dernières paroles de mon père et après une enquête il s'avéra que c'était bien l'agence qui avait manigancé tout cela. Tous les membres furent punis d'une peine de prison à vie.

Je resserrai mon écharpe contre mon cou en frissonnant. Je lançai un regard aux petites guirlandes qui avaient été accrochées au mur de la pièce. On était en décembre et c'était bientôt Noël, le premier que je passerai toute seule. Je me levai et m'assis sur le lit de Christian. Il n'avait plus de bandage et son front était barré d'une cicatrice à moitié cachée par ses cheveux. Je la frôlait du bout des doigts et murmurai :

— Pourquoi ne te réveilles-tu pas ?

Il ne cilla pas.

Son visage était plus rosé et ses lèvres plus foncées qu'il y avait trois semaines ce qui prouvait qu'il allait mieux. Je soupirai à fendre l'âme. 

J'allais me lever lorsque j'eu soudain une idée. Mon cœur s'accéléra. Et si... j'entrai dans ses rêves ? Je pourrai même voir quels étaient ses rêves et je pourrais lui dire... ce que je ressentais pour lui. Je secouai la tête. Je m'étais promis de ne plus transgresser la règle familiale. Je tordai mes mains dans mon dos puis j'haussai les épaules. De toute façon j'étais une Rellim maintenant. 

Je lançai un regard derrière moi pour vérifier que la porte était bien fermée et déposai mon front sur le sien. Mon esprit fut projeté dans le sien et je vis son rêve. Il revivait la même scène en boucle : le moment où je lui avais demandé de m'attendre. En le voyant de son point de vue, je remarquai que j'avais à ce moment un visage vraiment bouleversé. Je le vis se retourner et s'approcher de moi mais ne pas réussir à m'atteindre et tomber dans un trou sans fond, puis quelques secondes plus tard m'entendre de nouveau lui demander de l'attendre et ainsi de suite indéfiniment. Rêvait-il de cela depuis trois semaines ? Il semblait apeuré et cherchait absolument à m'atteindre en vain. Je me fis apparaitre dans son rêve, effaçant la moi de son souvenir. La camionnette disparut. Je l'appelais, il se retourna et se mit à marcher vers moi. Mon cœur tambourina dans ma poitrine. Cette fois-ci, rien ne nous arrêtera. Lorsqu'il atteignit enfin l'autre côté de la route, il parut surpris. Il lança un regard derrière lui puis plongea ses yeux dans les miens en disant :

Parle avant que le trou noir ne m'absorbe. Je t'en supplie dis-moi ce que tu avais à me dire !

Je le tirai loin de la route pour le rassurer et lui dit :

Le trou noir n'existe plus, je l'ai détruit. Ce que tu vois autour de toi n'est pas réel, tu es dans un rêve mais moi je suis réelle. Je suis entrée dans ton rêve et mes paroles ne sont pas le fruit de ton imagination, alors écoute moi bien. Je vais te dire ce que j'avais à te dire ce jour à une seule et unique condition.

Il acquiesça vivement.

Laquelle ?

Je souris et lui répondis en désignant sa tête :

Promets-moi que lorsque je te l'aurai dit, tu sortiras de ton coma.

Il fronça les sourcils.

Je te le promet.

Je déglutis et fixai ses yeux verts avec intensité.

Ce jour-là je voulais te dire que... je t'aime.

Il ouvrit la bouche de surprise mais la referma dans un sourire.

Tu... m'aimes ?

Ma tête commençait à tourner. Je lui dit rapidement :

Je ne peux pas m'éterniser, si je reste trop longtemps je risque de disparaitre, tiens juste ta promesse.

Je décollai brusquement mon front du sien. Un violent mal de crâne m'enserrait la tête. Je me laissai choir sur mon lit. Je l'avais fait, je lui avait dit ! Mon cœur battait fort dans ma poitrine. Pourvus qu'il se réveille rapidement pour avoir une conversation plus longue avec lui !

Un léger frottement de tissu se fit entendre. Je me levai brusquement. Christian était en train d'ouvrir les yeux. Il avait tenu sa promesse !

Je m'approchai rapidement de son lit le sourire aux lèvres. Il se redressa péniblement et fit de son regard le tour de la chambre pour enfin se poser sur moi. Il demanda d'une voix pâteuse :

— Qui es-tu ?

La tisseuse de rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant