Chapitre 41.

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Je demandai d'une voix blanche :

— Comment pouvons-nous arrêter cette catastrophe ?

Elle regarda ses mains usées par le temps et ferma ses poings.

— La mutation a déjà eu lieu. C'est cette mutation qui l'a réveillé. La seule solution est de détruire la mutation avant que le sorcier noir ne nous détruise et il disparaîtra de lui-même.

Je fronçai les sourcils. Elle ajouta :

— Le sorcier noir n'a plus ses pouvoirs, il les retrouvera après avoir trouvé la mutation qui l'a réveillé. C'est alors qu'il détruira tous les Miller et les Rellim.

Je posai ma tête dans mes mains et soupirai.

— Comment détruire une mutation ? Est-ce seulement possible ?

La vieille Miller répondit en se levant :

— Si le sorcier noir peut la trouver, nous pouvons la détruire.

Elle sortit de la pièce d'un pas pesant et me laissa seule, perdue. Je me levai et partis de la demeure familiale.

Je pris mon vélo et revins dans la maison de Christian. Je me sentais oppressée. J'avais peur. Après tout ce que j'avais vécu, surmonté et après avoir rencontré Christian, je ne pouvais pas partir comme ça. Je ne voulais pas être tuée juste parce que j'avais du sang Miller en moi mais comment pouvais-je arrêter cela? Comment pouvais-je trouver la mutation avant le sorcier noir ?

Lorsque j'entrai dans le salon, Christian n'était plus sur le canapé. Une douce odeur s'échappa de la cuisine, je m'y rendis.

Je vis Christian cuisiner un délicieux petit déjeuner composé de pancakes fait maison accompagné de caramel, de miel et de chantilly.

Deux bols de chocolats fumants trônaient sur la table. Il se retourna et me dévisagea.

— Où étais-tu de si bon matin ?

J'ouvris la bouche et la refermai aussitôt. Je m'étais promis de ne pas le mêler à ça. Je souris et m'assis devant un des deux bols.

— Je prenais l'air dehors. Merci pour ce bon petit déjeuner, ça à l'air vraiment délicieux.

Il posa l'assiette de pancakes au milieu de la table et s'assit en face de moi.

— Alors, tu es à jour dans ton travail ?

Je haussai un sourcil et souris. J'avais l'impression d'entendre mon père. J'acquiesçai.

— Je suis fin prête pour l'examen.

Il croqua dans un pancake et plissa les yeux.

— Parfait, on va pouvoir profiter de nos derniers jours de vacances à deux.

Je pris un pancake et fit couler du caramel dessus.

— Que proposes-tu ?

Il posa ses coudes sur la table et son visage se fendit d'un large sourire.

— Un parc d'attraction même si nous n'avons plus l'âge, j'ai toujours rêvé dans faire un avec ma petite amie, nous mangerons dans un restaurant puis le soir nous irons même si c'est cliché, dans l'endroit où nous avions vu les feux d'artifices et nous regarderons le soleil se coucher sur la mer.

Mon cœur se serra. La date de ma mort pouvant être dangereusement proche je voulais pleinement vivre tous les instants de bonheurs que je pouvais avec Christian. Je répondis :

— Cela me va parfaitement.

Il se leva.

— Préparons-nous pour la journée parfaite !

Nous rangeâmes la table et quelques minutes plus tard nous étions dehors bien emmitouflés dans nos chauds manteaux d'hiver. Il m'attrapa la main et s'écria :

— C'est parti !

Nous nous rendîmes dans le parc d'attraction de notre ville. Nous mangeâmes des barbes à papa en regardant des enfants courir, nous fîmes des montagnes russes, nous assistâmes à des spectacles à mourir de rire. Le midi nous mangeâmes dans un petit restaurant à côté du parc et nous parlâmes d'avenir en mangeant des frites.

Enfin le soir nous revînmes près du port et nous nous assîmes sur un banc devant la mer. Le soleil à l'horizon se coucha doucement en colorant au passage le ciel en rose, orange. Je posai ma tête sur l'épaule de Christian et ne pensai plus à rien seulement à lui et moi face à la fin du jour.

Les souvenirs précieux de cette journée je les garderai toujours au fond de mon cœur comme des rayons de soleil avant la nuit.

Je frissonnai. Christian se leva et je fis de même. Nous marchâmes le sourire aux lèvres vers sa maison.

Je vis de loin briller d'une lueur sombre des marques sur la porte de la maison de Christian. Je m'approchai le cœur frémissant.

Le même signe que celui qui avait été marqué sur les corps des deux frères Rellim se trouvait à présent gravé sur la porte. Je levai une main tremblante et frôlait de mes doigts les gravures. Mes doigts rencontrèrent en dessous du signe de toutes petites runes que je n'avais pas remarqué à première vue : ᛗᚢᛏᚨᛏᛟᚾ, ᛏᛟᛁ ᚲᚢᛁ ᛗ'ᚨ ᚱÉᚢᛖᛁᛚᛚÉ, ᛃᛖ ᛏᛖ ᛈᛖᚱᛗᛖᛏ ᛞᛖ ᚲᛟᛗᛒᚨᛏᛏᚱᛖ À ᛗᛖᛊ ᚲÔᛏÉᛊ. ᛖᚾᛊᛖᛗᛒᛚᛖ ᚾᛟᚢᛊ ᛊᛟᚢᛗᛖᛏᛏᚱᛟᚾᛊ ᛚᛖᛊ ᚺᚢᛗᚨᛁᚾᛊ ᛖᛏ ᛞÉᛏᚱᚢᛁᚱᛟᚾᛊ ᚲᛖᚢᚲᛊ ᚲᚢᛁ ᛗ'ᛟᚾᛏ ᛏᛟᚢᚱᚾÉ ᛚᛖ ᛞᛟᛊ.

Je fronçai les sourcils et mes lèvres tremblèrent. Je tournai la tête pour ne plus voir les runes et le signe devant mes yeux. Je tentai de réguler mon souffle. Christian s'approcha et dit énervé :

— C'est quoi ça ? Quel est le vaurien qui s'est permit d'exprimer son art douteux sur ma porte ?

Je me retournai à l'entente de Christian et les runes réapparurent devant mes yeux. J'arrivais à les lire et maintenant je savais pourquoi. Mon souffle devint haché. De grosses larmes perlèrent de mes yeux et coulèrent abondamment sur mes joues.

Les runes signifiaient : « Mutation, toi qui m'a réveillé, je te permet de combattre à mes côtés. Ensemble nous soumettrons les Humains et détruirons ceux qui m'ont tourné le dos. »

La tisseuse de rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant