~Fifteen~

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Oji = oncle en japonais

¶Lettre à mon père

Au village caché des feuilles, un homme aux cheveux blancs avait finalement décidé de prendre son pinceau au travers de ses doigts vieillis ; le trempant ainsi dans sa substance obscur, c'est sur un bout de papier innocent qu'il finit par déposer ses premiers mots. 

Cette émotion : culpabilité. Celle qui vous rend coupable. Celle qui vous rend condamné, sans qu'on éprouve une moindre pitié à votre égard. 

Cette émotion, le pensait-il, devait être abolie. Pour lui, sa sentence était tellement implacable, cruelle et rude qu'il en venait à se demander combien l'être qui l'avait ressentit pour la première fois avait-il eu aussi mal pour qu'il en vienne à lui donner un nom. Comment cet être avait-il reussi à expliquer cette émotion ? L'avait-il ressenti tellement de fois ou tellement fort que la décrire avait été devenu un jeu d'enfant, ou avait-il été spectateur de la douleur d'un de ses frères ?

Cette émotion, celle qui vous transcende, qui vous fait porter un poids aux épaules, un poids qui ne se préocuppe pas du physique de sa victime. Un poids, des poids, dont vous avez tellement honte, tellement peur. Un poids dont on ne peut pas se plaindre car... "je le mérite"...

De par cette émotion en découlait peine, tristesse et tourment sans qu'on ne puisse avouer qu'on le ressente. Cet homme aux rides déjà bien dessinées avait culpabilisé, il avait été triste, avait connu une souffrance et un chagrin incomensurable. Enfin, non, il ne pouvait pas l'avoué. Il ne pouvait pas être triste, il ne pouvait pas souffrir, car..."je le mérite"... 

Cette émotion s'exprime en boucle infernale, en infini de sentences et de supplices : on s'en veut, alors on est triste. Mais on s'en veut d'être triste, alors on s'en veut bien plus. Une boucle qu'on ne pouvait boucler. Un coffre fort qui n'avait qu'une seule serrure : la mort...

Certains l'oubliait, étant assez fort pour l'enfouir au fin fond de leur être pour en se jurant de ne plus jamais ouvrir cette boîte de Pandore. 

D'autres n'y arrivait tout simplement pas, et restait dans cet état pour le reste de leur vie.

Et enfin, il y avait ceux qui étaient comme lui.

Cet homme aux cheveux grisonnant de naissance avait cru faire le bon choix, mais on le lui avait reproché. Il ne les avait pas écouté, il ne s'était pas laissé influencer, non, alors même que c'était ses propres frères d'armes qui le rejetait, il était resté le même. Pourquoi ? Car lui, contrairement à bien d'autres, avait eu sa petite lueur.

Là pour le soutenir, pour lui sourire, pour le faire rire, pour lui montrer que pour lui, cet homme aux cheveux gris était son tout, son monde, son univers. Pour lui montrer son bonheur, en esperant que cet homme rentrerait le soir à la maison, qu'il pourrait toujours jouer avec ses chiens en savourant sa cuisine... En esperant qu'il remarque que lui, il était là. Ou plutôt, au début. 

Cette lumière, s'était doucement mise à briller moins fort. Avait-elle vraiment baissé d'intensité, ou avait-il simplement mal regardé ? De toutes façons, ça ne changeait plus rien. Un coup de faiblesse et un soupçon d'égoïsme avaient suffit pour le faire vaciller dans les bras de la faucheuse.

Laissant sa petite lueur découvrir son cadavre. 

Laissant sa petite lueur pleurer, hurler, souffrir, trembler, sans dormir ou manger.

Laissant sa petite lueur aux bons soins de ses amis, amis qui l'avaient finalement rejoint.

Laissant sa petite lueur le hair de toutes ses forces.

Kakashi, mais pas seulement.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant