Second Souffle

Chapitre 23

"Je veux aller au bout du marathon. Je veux enterrer tout mon passé avec cette course. J'ai besoin de le faire pour tourner définitivement la page. Je ne veux rien gâcher avec toi."

    Lorsque Johanna avait prononcé ces mots, elle et Amber ne s'étaient pas encore endormies. La brunette effectuait des cercles avec ses doigts sur le dos d'Amber qui s'était recroquevillée contre son amante. Le souffle de la petite blonde était presque régulier, signe d'endormissement proche. Quand Johanna avait avoué à Amber qu'elle ne souhaitait pas lâcher le marathon, elle avait eu peur que la petite blonde pense qu'elle restait fixée sur son passé, et que Diane était encore trop présente dans sa tête. D'une façon c'était le cas, et elle le resterait toujours, elle faisait partie de son histoire. Encore trop présente de son présent, elle voulait aller au bout de ce projet pour faire de Diane, l'incarnation de son passé. Avant de s'endormir, Amber avait prononcé une seule phrase :

"Je veux être celle que tu embrasseras à l'arrivée."

***

    Les écouteurs fermement ancrés dans ses oreilles, Johanna avait vissé sa casquette sur la tête. Elle jeta un dernier regard en arrière. Entre plusieurs autres coureurs, elle aperçut Brittany qui tenait la main de Laura, ces dernières avaient imprimé des t-shirts avec le prénom de la coureuse dessus. Quand cette dernière s'en était aperçue, elle avait éclaté de rire mais elle avait été touchée de cette attention. Amber quant à elle, se tenait à côté du couple mais se contenta de faire un signe de la main à sa partenaire à qui elle envoya un baiser de la main. Johanna fit mine de l'attraper et de le coller sur ses lèvres. Puis, elle se tourna en direction de la ligne de départ derrière laquelle des milliers de coureurs comme elle s'étaient donné rendez-vous.

    Le coup de feu du départ du donné et elle s'élança à petites foulées. Le marathon de Boston était connu pour son extrême exigence. Avec les récents évènements, Johanna savait qu'elle ne visait pas un record, simplement le fait de dépasser la ligne d'arrivée. Elle se fit rapidement dépasser par plusieurs des autres coureurs, et elle se plaçait sur le côté du tracé pour laisser la place aux plus rapides qu'elle. Son rythme fut régulier pendant plus de la moitié de la course et grâce à sa montre elle savait que son temps n'avait pas vraiment bougé de ses performances habituelles. Si elle continuait sur ce rythme, elle pouvait peut-être estimer finir dans la moitié supérieure des coureurs.

    Pourtant, plus les kilomètres avançaient, plus elle peinait à garder une foulée normale. Ses jambes devenaient lourdes et elle ne trouvait plus son souffle. Elle défit ses écouteurs et ralentit son rythme malgré les encouragements qu'elle entendait de toute part. Tous les spectateurs venus par milliers encourageaient tous les coureurs sans exception. Johanna soudain sentit son bras tiré vers l'avant et elle dût allonger la foulée pour suivre l'homme qui lui avait attrapé le poignet. Elle ne le connaissait pas et il lui demanda sans attendre de réponse, un casque vissé sur la tête :

"C'est toi Johanna ? Brittany m'a demandé de mettre ça. Je ne sais pas qui tu es mais elle ne veut pas que tu abandonnes."

    L'inconnu lui lâcha le poignet et allongea davantage sa foulée, Johanna put s'apercevoir que le coureur portait un drôle de mot dans son dos, en dessous de son numéro. Elle accéléra pour le lire avec plus de facilité. Il s'agissait bien de l'écriture de Brittany :

"Moi non plus je ne sais pas qui c'est, mais il a accepté de porter ça. Lève les yeux au quarantième kilomètre. Brittany."

    Esquivant un fou rire, Johanna tapa une fois dans le dos du coureur qui se retourna et elle lui adressa un pouce en l'air. Il répondit par un signe de tête et continua dans son rythme effréné, semant Johanna. Cette dernière soupira et prit une grande inspiration, replaçant ses écouteurs, se concentrant sur ses pas. Elle tentait de vider son esprit, rien ne devait la ralentir sur ces heures de course. Elle avait affronté pire, elle était passée par tellement d'étapes qu'elle ne pouvait pas rester sur un échec. Ce marathon était le sien, elle ne pouvait pas ne pas franchir la ligne d'arrivée.