Enfilant mon manteau, le dimanche était frais. Je me dirigeais vers le poste de police, mes bottes claquant contre les flaques d'eau. Les gens de Raven's semblaient au ralenti, aigris, perdus dans une frayeur broyante. J'arrivais au poste de police, les policiers marchant de partout, je ne savais pas où donner de la tête. Mes yeux tombèrent sur une policière à la peau brune qui se dirigeait vers moi.
___Que puis-je faire pour toi ? Tu t'es perdue ?
___Euh...non, je..., je sortais le papier de ma poche et le dépliais. J'ai un plan qui pourrait vous aider à stopper J...Justice.
___Un plan ? Dit-elle en haussant un sourcil. Écoute poulette, ici c'est un poste de police pas un endroit de jeu pour ado' qui ne savent pas comment s'occuper autrement. Tu devrais aller t'amuser.
___Je suis sérieuse. Je vous en prie, écoutez moi au moins. Plaidais-je.
Elle m'analysa longuement avant de soupirer.
___Suis moi.
Je la suivais jusque dans son bureau, et m'asseyais à sa face. Elle alluma la climatisation en se laissa tomber sur son fauteuil puis croisa ses mains devant moi.
___Fais voir. Dit-elle la main tendue.
Je lui donnais le papier qu' elle regarda longuement avant de lever son regard sur moi. Je liais mes mains sur mes genoux, me raclant la gorge.
___Si je saisis bien, ton idée est d'arrivée sur les lieux avant Justice lui même. Grosso modo de deviner qui il compte viser cette fois avant qu' il ne le fasse?
___Oui, c'est ça.
___Et qui penses-tu qu' il visera cette fois ci?
___Les Hamilton ou les Chelsy si il ne semble être intéressé que par les familles aisées. Les Chelsy sont les plus proches du secteur des Pakistan où il a déjà fait feu, et les Hamilton sont concrètement la famille la plus riche de Raven's. Enfin, ce n'est que mon point de vu.
___Bien, merci.
___Un .....ami m'a dit que Justice ne tuait que ceux qui le méritaient.
___Personne ne mérite la mort de la part d'un fou idéalisant un monde dans lequel seul lui vit. Justice n'est pas un héro, juste un tueur très bien caché.
Je sortais du poste de police, le pas lent. Marchant tête baissée, plongée dans mes pensées, je ne me rendis même pas compte lorsque je hurtais Harry qui me sourit. Le tonnerre gronda, on aurait dit qu' il attirait la pluie. Le blond m'invita à dîner, le jour disparaissant peu à peu du ciel pour laisser régner la nuit. On entrait dans le restaurant, les jolies lampes jaunes donnant une douce atmosphère à la pièce. On prit place, je retirais mon manteau pour l'accrocher sur la chaise et laissais mes coudes traîner sur la table. Harry passa une main dans ses cheveux blonds, puis sur sa nuque, à côté de lui, je me penchais vers lui pour me rapprocher puis lui souriais.
___C'est joli ici. Souris-je. Quel hasard qu' on se croise.
___Raven's est une bien petite ville. Sourit-il en retour. Je t'ai vue sortir du poste de police. C'était comment?
___Ah ça, mon sourire se dissipa un instant, elle m'a écouté, c'est déjà ça. Souris-je faiblement. Je pense que...eh bien...
Je baissais la tête, sentant le regard brûlant du blond sur moi puis me raclais la gorge, les mains liées sur la table, Harry releva ma tête de son indexe et me sourit amusé.
___Eh bien ? Dit-il.
___Je pense qu' il s'en prendra à la famille Hamilton ou Chelsy. Mais je dirai les Chelsy avant, enfin je crois.
___Pourquoi pas les Hamilton ?
___Je ne sais pas, une intuition.
___Tu n'as pas peur ? Ton intuition est intéressante. Si tu deviens un frein pour lui, il te tuera.
Je frissonnais à la froideur de chaque mot de sa phrase mais affrontais tout de même le regard bleu d'Harry.
___Je n'ai pas peur,...avec toi. Hésitais-je.
___Et si j'étais Justice ?
___Tu ne le déclarerai pas si simplement si tu étais lui. Murmurai-je sans quitter ses yeux.
___Tu es courageuse Hazel, tu es belle.
Je rougissais mais n'essayais pas de le lui cacher, ne quittant toujours pas son regard, je sentais mon coeur se compresser. Comme si un vent de fraîcheur l'enlaçait. Harry me fascinait, en tout. De ses cheveux blonds assez long à ses t-shirt longues manches, ses mots croisés, ses yeux bleutés.
___On s'en va d'ici ?
___Oui. M'empressais-je de dire.
La nuit déjà tombée nous accueilla, Harry me tirait par la main, sa main glacée, j'essayais de suivre son pas, il m'emmena dans un coin assez sombre, entre deux murs d'une forte odeur de peinture verte. Me bloqua de part et d'autre du mur. J'aurai cru à un roman mais mon cerveau n'avait plus le temps d'analyser, ni de calculer. Je l'embrassais en première, faiblement, comme un secret dans le vent, Harry mêla nos lèvres, j'arrangeais quelques mèches blondes pour les mettre derrière son oreille lorsqu' il détacha nos lèvres, son regard ne me quittant pas, nos lèvres dans la nuit se mêlant, se quittant, inconsciemment, faiblement, doucement.
___Je ne suis pas censé..., commença-t'il la voix lointaine.
___Censer quoi ? Demandais-je.
___Être là avec toi Hazel. Être si près de toi. Tu es ivre de curiosité, ça risque de te tuer mais je ne veux pas ta mort. Je veux....
___Qu'est-ce que tu veux ? Soufflais-je en cherchant son regard.
___Que tu ris, comme tu le fais en classe en cours de mathématiques ou de biologie. Que tu lises, que tu me souris, que tu n'arrêtes pas, de me suivre dans la forêt, de raconter tes idées, je veux que tu restes avec moi. Ça modifie tout, ce n'était pas prévu ça. Tu viens et tu modifies tout, tu es injuste Hazel, j'ai travaillé dur.
Je fronçais les sourcils ne saisissant pas très bien.
___Tu sais quelle était la bonne réponse ?
___Non, murmurai-je.
___Un tueur ne peut pas aimer, il vit de sa justice, l'amour viendrait tout chambouler. La justice a des sacrifices, une vie de "crime" qui ne sont que des accomplissements non vus. L'amour, il n'y a pas de place dedans. Mais toi Hazel, tu es ma justice.
Un frisson me parcouru lorsque Harry me le souffla à l'oreille. Je le serrai, mes mains autour de son cou, respirant son parfum. Je mourrai d'envie de le serrer bien plus fort.
Mais une voix dans ma tête
Me disait de le lâcher, et fuir, fuir,
Le plus loin possible d'Harry Wolf avant que la pluie ne se remette à tomber.
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.Justice.
Mystery / ThrillerJ'avais vu aux infos, lu dans les journaux, entendu à la radio, cet homme à la voix douce presque muette, qui disait que la mort était la justice du monde et la punition des délinquants. Que pour remodeler la société , il ne manquait qu' une toute p...