___Harry ça suffit.
Mes mots avaient été portés par le vent, le bruit des sirènes de police derrière nous raisonnait. Nous étions sur la grande colline brumeuse. Les vagues qui frappaient la côte raisonnaient tout aussi fort. Harry les cheveux blonds dans le vent, le regard peiné, reculait.
___Harry, dis-je plus doucement canalisant ma haine, rends toi.
___J'ai tué Williams, tu me hais n'est-ce pas ?
___Je ne te pardonnerai jamais mais tu as épargné Belly et Jeanne. Tu n'as jamais voulu faire en mal, non? Dis-je en avançant prudemment. Rends toi maintenant, s'il te plait.
___Je suis désolé Hazel, je voulais juste empêcher aux gens de vivre ce que j'ai pu vivre. Embellir le monde, j'ai tué des innocents ! Des innocents ! Ses larmes devinrent des rires. Des innocents ! Mais n'importe quoi ! Je n'ai jamais su être un bon comédien ! J'ai épargné Belly et Jeanne pour la simple et bonne raison que j'ai entendu l'arrivée de la police ! Qu' est-ce que j'en ai à faire qu' elles meurent ou vivent ? Je t'avais dit de m'attendre, tu es trop têtue Hazel, je vais devoir corriger ça.
Harry pointa d'un air amusé son fusil sur moi.
___Ohoho ! Dis aux policiers qu' au moindre geste, je tirerai sur toi.
___Je croyais que tu m'aimais?
___Oui je t'aime Hazel et je t'aurai vivante ou morte. De mon côté ou du leur. Tu peux en être sûr. Avance vers moi.
___Ne tirez pas ! Criais-je en allant vers lui.
Harry me serra contre lui, respirant mon odeur, souriant et agitant son fusille entre ses doigts gelés. Ma chevelure brune dans le vent.
___J'ai toujours aimé ça, tes cheveux bruns dans le vent. Sourit-il. Je ne regrette pas pour Williams, je ne l'ai jamais aimé, un beau père trop...méfiant.
___ordure ! Dis-je en mordant sa main et le poussant vers la chute de la colline.
On disait toujours que l'on voyait notre vie défiler sous nos yeux lorsqu' on allait mourir.
Harry m'entraîna dans sa chute, je vis la scène tout au ralenti. Le bruit fort des vagues qui allaient m'avaler, Harry qui tombait lui aussi à mes côtés, les policiers qui accoururent vers nous, mes cheveux bruns se mêlant, le vent, la rosée qui se mit à tomber et enfin mon engourdissement dans l'océan. La fraîcheur qui enveloppa mon corps, mes yeux qui s'ouvrirent dans l'eau, le poids lourd de mon corps, ma peau laiteuse, tout au ralenti et enfin mon envie irrésistible de respirer. Je voulus remonter mais une main me tira le pieds. Harry m'enfonçait remontant vers moi puis me saisi par le cou, m'étouffant. L'air me manquait.
___Tu vas....m....mou.....av...avec m...moi ! Je....t'...a...aurai ! Tu....à moi....Hazel !
Je lui envoyais un coup de pied et remontais, respirant un bon coup. Trompée jusqu' aux os. Harru remonta aussi, me fit replonger, je me débattais, m'accrochant au peu de vie qu' il me restait. Il me tirait par le bras, les jambes, mes vêtements, mes cheveux. M'empêchant de remonter, me voulant dans la mort avec lui. L'air me manquait de plus en plus. Ma vue se troublait, j'eus cru me voir mourir, tout au ralenti, voir les fleurs faner, la radio brouillée, la voix de ma mère au loin et celle de mon père qui parlaient sans que je n'en saisisse le sens. Harry, la première fois que je l'avais vu à la cafétéria et maintenant. Ce Harry qui me tirait par la taille en essyant de m'embrasser en en m'enfonçant avec lui. Je ne voulais pas mourir là, pas comme ça, sans même avoir pu revoir Williams, le pleurer bien plus, revoir ma mère, Belly, Jeanne, faire le bal de promo, avoir mon diplôme, je me débattais, tapant ses bras durs, criant sous l'eau, la vue de plus en plus flou. J'allais mourir.
J'allais mourir.
Non, non!
Je remontais malgré le poids d'Harry qui tirait sur moi et lui envoyais un coup au visage qui le fit sombrer dans l'eau puis remontait à la surface, respirant à grande bouchée l'air. Remontant le plus vite possible vers la côte et me laissant tomber sur le sable qui me colla à la peau.•••
Une capuche sur les cheveux bruns, assise sur un fauteuil, Jessie emmenait mon dernier carton. Ma mère vint s'asseoir à mes côtés et me serra dans ses bras, longuement.
___C'est fini ma belle, on s'en va d'ici. Tu ne reviendras plus jamais. D'accord ?
Le regard vidé, je hochais simplement la tête dans un geste lent.
___Ton père, il ne vit pas que dans la maison, il vit dans ton coeur aussi. Hazel, il t'aimera toujours. Ce n'est pas de ta faute.
Ce même hochement de tête lent.
On quitta Raven's. Je n'eus le temps que de serrer Jeanne et Belly dans mes bras. Le panneau vert nous indiquons que l'on quittait Raven's. Je me laissais tomber sur le siège. Aucune parole ne sut traverser ma bouche sèche et aucune activité, distraction et année ne put effacer mon séjour à Raven's. Le corps de Justice avait été retrouvé, sans vie. Pourtant, le regard pâle, je me retournais dans la voiture pour regarder Raven's s'éloigner. Cette ville que je ne reverrai plus jamais. J'en faisais des cauchemars. Notais dans un carnets ma frustration. De retour chez moi, restais seule au lycée, des écouteurs aux oreilles et frissonnant aux moindres annonces de la radio.
J'étais peut-être même devenue folle, complètement parano. Ne supportant pas de rester seule ou de sortir trop tard. Paniquant lorsqu' une personne marchait derrière moi ou qu' un garçon voulait m'inviter à dîner. Voyant Harry partous, Justice à la radio. Mais l'affaire justice était finie. Durement oubliée mais finie.
Versant du lait dans mon bol de céréales, je frottais mes yeux fatigués. Je m'habillais et sortais en prévenant Jessie. Marchant jusqu' au quai, les pêcheurs vacant à leurs activités, les mouettes fondant les cieux chaleureux pas ce ciel gris de Raven's et la marée calme. Je sortais le pendentif que m'avait offert Harry de la poche de ma veste. Avec ce petit "J" tout au bout. Frissonnant, je le jettais à l'eau. Le regardant couler sans une seule émotion. J'avais aimé un psychopathe.
___Hazel ! Ce pendentif doit valoir une fortune ! Dit un pêcheur connu de ma mère.
___Plus maintenant M. Filliams, plus jamais. Dis-je en rentrant, mains dans les poches de ma veste.
Le ciel était clair et ensoleillé. Je me disais alors qu'à Raven's, en ce moment, il devait y avoir une forte rosée.
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.Justice.
Mysterie / ThrillerJ'avais vu aux infos, lu dans les journaux, entendu à la radio, cet homme à la voix douce presque muette, qui disait que la mort était la justice du monde et la punition des délinquants. Que pour remodeler la société , il ne manquait qu' une toute p...