Le lendemain d'un rentrée est assez le pire moment pour moi. Celui dans lequel tu te rends compte que l'enfer n'est qu'à ses débuts. Dans un jean et une chemise, mes cheveux bruns cadrant mon visage au large front, je descendais de la camionnette de mon père, plongeant mon regard tout aussi gris que le sien dans ses yeux. Il frotta sa moustache, et me regarda longuement claquer la portière puis claxonna au moins 3 fois. Je me retournais, gênée des regards sur moi.
___Passe une bonne journée Hazel ! dit-il en criant.
___Merci, dis-je faiblement avant de m'enfuir dans l'établissement.
Serrant la bretelle de mon sac, je cherchais Jeannne du regard. Ne connaissant personne d'autre qu' elle, mais je ne vis l'asiat' nulle part, marchant dans la masse d'élève, j'avais cours de mathématiques. J'entrais dans la salle en même temps que les autres élèves et prit place près d'Harry Wolf assis seul. Sortant mes cahiers, le bruit de la craie contre le tableau vert me fit grimacer, le bruit de la petite rosée dehors et les nuages gris me donnèrent une impression de tournis. Je fronçais les sourcils en notant le cours qui parvenait à peine à mes oreilles. La voix aiguë de la prof et le bavardage des élèves du fond. Je regardais discrètement Harry, ses cheveux blonds dans une queue de cheval basse, ses yeux étaient bleus, d'un voile presque féroce. Je grifonnais sur mon cahier de mon crayon, luttant contre moi même pour ne pas le regarder à nouveau. Ratant et ratant à nouveau le calcul donné par la prof, perdue, ailleurs. N'arrivant pas à me concentrer.
___Le taux d'alcool est de 20%.
___Q...quoi ? Dis-je en le regardant enfin.
___Le calcul, tu sembles galérer. Dit-il avec ce qui semblait être de l'amusement.
___Ah, ça. Souris-je gênée. J'étais ailleurs. Répondis-je. Merci.
Je notais la réponse, levant discrètement une fois nouvelle le regard vers Harry qui ne travaillait pas, regardait la pluie dehors, tapait du pied ou du stylo sur son cahier. Quelques mèches blonde s'échappant de son chignon, des cils long, un battement de paupière lourd, ses yeux dans le bruit de la pluie.
__Tu es nouvelle ? Dit-il en se retournant vers moi.
___Oui, je...je suis arrivée hier.
___Pas trop dure ?
___J'ai vu pire. Dis-je dans un haussement d'épaules qui le fit ricaner.
___0,17%. m'indiqua-t'il pour le deuxième calcul.
___C-comment tu..., dis-je en fronçant les sourcils. Tu ne calcules même pas.
___Tour de magie. Sourit-il. Je suis Harry Wolf.
____Hazel, Hazel tout court. Murmurai-je.
Jeanne avait décrit Harry de bizzare, il était assez vague, mais n'avait pas l'air bien méchant. Me souriant à quelques reprises, je me concentrais à nouveau sur le cours. Puis repensais à Justice. Peut-être Harry lui en savait plus ? Ou dirait plus que mon père qui changeait de sujet lorsque j'en parlais.
___Dis Harry, dis-je en tapotant la mine de mon crayon contre le cahier pleins de calculs. Tu connais ce fameux...Justice ?
Le sourire d'Harry s'élargit, il sembla plus rêveur, joint ses mains sur la table en bois claire.
___Qui ne le connaîtrait pas dans notre petit Raven's ? Sourit-il.
___Tu,...quand est-il apparu ?
___Je sais plus trop, 2016 ? Mois de Janvier ? Des assassinats ont commencé à se faire entendre de partout. Dit-il dans un sourire. Les gens tombaient tous comme des mouches. Justice les tuait un à un.
___P-pourquoi ? Dis-je confuse.
___Il ne tuent que ceux qui le méritent. Les grands riches de notre cher Raven's qui pensent faire ce qu' il veulent de leur pouvoir. D'abord les Valentino, une famille noble, très riche venu passer les vacances à Raven's, tous assassiné, sauf le fils. Benjamin Valentino. A ton avis pourquoi ? Pourquoi il a épargné le p'tit Benjamin ?
__Il n'était pas une cible.
___Dig , dit-il imitant le bruit d'une cloche qui annoncerait une bonne réponse. Il ne tue pas pour tuer mais le fait avec une idée bien précise. Il ne tuerait jamais ceux qui ne le mérite pas.
___Tu sembles adopter ses méthodes.
___Disons que contrairement à la police, il exerce une vrai Justice, la sienne. Mais bon ! Ça reste un assassin. Mhnn non? Enfin du point de vu de la société. Quand on tue un délinquant déguisé en innocent, on est un meurtrier.
La cloche retentie et Harry se précipite et disparaît dans la foule d'élèves. Ses mots se ressassant sans cesse dans ma mémoire. Harry semblait en savoir beaucoup, prenant un de mes romans dans le casier, je me décidais à aller lire pendant la pause. La bande de Chester, Sophie et Nicolas passa près de moi. Sophie, une fille élancée aux cheveux drôlement rouges, me lança un regard hautain avant de s'éclipser. Je me dirigeais vers la salle de théâtre vide, puis m'asseyais genoux contre poitrine et lisais.
Un bruit de claquement de porte me fit sursauter. Harry vint s'asseoir à mes côtés.
___Tu lis quoi ?
___La joie de vivre d'Émile Zola.
___Ivre de lecture ?
___On peut le dire comme ça. Et toi? Qu' est-ce que tu fais là?
___Je t'ai vu entrer ici alors je t'ai suivie. J'ai toujours bien aimer le théâtre, jouer un rôle, se faire passer pour ce qu' on ne sera jamais et captiver les gens par un simple jeu. Fascinant.
___Ty connaîtrais une Mairie-Jeanne ?
___Chef du club de journalisme ? Oui. C'est la fille d'Edward Howard, le journaliste de notre cher petite ville. Je ne l'apprécie pas tellement.
___Pourquoi? Dis-je en passant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.
___Il parle beaucoup trop.
Je regardais Harry de près, il semblait extérieur à notre monde. Comme dans son monde à lui avec ses propres règles. Dans son regard bleu, on aurait dit voir une envie de gouverner la terre depuis les cieux.
•••
Assise en tailleur et en pyjama sur mon lit, je faisais mes devoirs, la pluie cognant toujours aussi brutalement contre les fenêtres. Une radio sur mon bureau, mon père de service la nuit, je me retrouvais seule dans la maison, le tonnerre me faisant sursauter à chaque fois qu' il déchirait le ciel. La radio émit un bruit brouillé puis plus nette. Je m'arrêtais d'écrire pour écouter.
"Chers citoyens de Raven's , une autre victime vient d'être découverte, il s'agit d'Edward Howard. Journaliste reconnu de Raven's, ce soir même assassiné dans les alentours de 20h00. Justice a encore frappé laissant pour seul message son nom inscrit sur les journaux de l'emplacement du bureau de M. Howard. Qui est donc ce mystérieux assassin ? Et quand pourrons-nous enfin le stopper ? "
La radio se brouilla. La pluie devait brouiller la communication. Je me souvenais de ce nom "Edward Howard" c'était le père de Jeanne. Un regard horrifié tordit mes traits d'habitude calmes. Harry se trompait, Justice était un tueur aucunement un sauveur.
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.Justice.
Gizem / GerilimJ'avais vu aux infos, lu dans les journaux, entendu à la radio, cet homme à la voix douce presque muette, qui disait que la mort était la justice du monde et la punition des délinquants. Que pour remodeler la société , il ne manquait qu' une toute p...