La corneille et la colombe, ainsi que d'autres histoires...

Amour fraternel

Les épaules renfermées, la tête basse, Elora était assise, recroquevillée à terre. Le bruit incessant des discutions de ses camarades l'entourait, mais la jeune fille semblait ne pas l'entendre. Elle avait fermé les yeux, coupant ainsi tout contact avec le monde extérieur. Seule dans son univers, à l'abri dans sa bulle, les railleries des autres élèves étaient incapables de l'atteindre à nouveau.

« Toujours seule, refuse de communiquer »

Elora savait au plus profond d'elle-même que s'isoler n'était pas la bonne solution. On le lui avait répété une bonne dizaine de fois. Pourtant, pourquoi devrait-elle sortir de cette bulle où elle se sentait si bien ? Car à chaque fois qu'elle tentait une sortie, le monde extérieur lui paraissait si dur, si cruel qu'elle finissait systématiquement en pleurs.

« Elora est incapable de contrôler ses sentiments »

La jeune fille se recroquevilla un peu plus. Ses bras se refermèrent sur ses jambes et elle posa son front sur ses genoux.

« Redresse-toi bon sang ! Laisse-toi le droit d'exister ! »

Une larme roula sur sa joue. Elle aurait tant voulu avoir eu le cran de lui répondre, ce jour-là. Lui dire que oui, elle existait même s'il ne le remarquait pas. Que ce n'était pas à cause de ses épaules renfermées qu'elle n'avait pas le droit de vivre. Mais elle ne l'avait pas fait. Et désormais, ses mots étaient restés gravés dans sa mémoire, la blessant chaque jour un peu plus.

« Manque de confiance en elle, n'arrive pas à s'exprimer »

- Elora ?

La jeune fille rouvrit les yeux. Son professeur se tenait devant elle et ses camarades étaient déjà tous rentrés en classe. Elle se leva rapidement, prit ses affaires et entra à son tour, murmurant un simple « Désolé ».

L'enseignant resta quelques instants perplexe, fixant Elora avec insistance. Le comportement de cette dernière l'inquiétait de plus en plus. Il soupira, se demandant comment cette jeune fille si souriante et pleine de joie de vivre en début d'année avait pu devenir aussi triste et renfermée sur elle-même.

Le cours commença. Elora regardait pensivement par la fenêtre, l'air absente. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'elle n'écoutait plus vraiment en classe et cela se ressentait méchamment dans ses résultats. Elle qui avait commencé l'année avait de bonnes moyennes partout, elle était désormais en échec scolaire.

« Ne semble plus intéressée à construire son avenir »

Bien sûr, ses parents s'en étaient aperçus et ses rencontres avec son psychologue se faisaient de plus en plus régulièrement. Elora était passé d'un rendez-vous par mois à deux par semaine. Pourtant, la jeune fille continuait à sombrer avec lenteur, sans que personne ne puisse rien faire pour l'en empêcher.

« Je ne t'abandonnerai jamais »

Elora savait très bien ce qui l'empêchait de vivre. Ce trou à l'intérieur de sa poitrine qui ne cessait de s'agrandir. Ce manque était présent en elle depuis longtemps. Et la seule personne capable de le combler n'était plus de ce monde.

« Pourquoi m'avoir menti ? », songea-t-elle tristement.

« Je ne t'ai pas menti. », murmura une voix dans la tête de la jeune fille.

Elora se retourna, sentant une présence autour d'elle.

- Ba... Bastien ?, dit-elle à haute voix, surprise.

- Souhaitez-vous dire quelque chose Elora ?, demanda le professeur, l'air sévère.

- N... non, balbutia la jeune fille, désappointée.