Léna grelottait dans le froid de l'hiver. Elle frotta ses mains bleuies pour tenter de se réchauffer, ne serait-ce qu'un peu. Un homme passa devant elle, l'air pressé.
- S'il vous plaît monsieur, pour manger, tenta-t-elle en tendant son gobelet.
Rien. Pas même un mot ou un regard.
Léna soupira et se blottit dans son manteau miteux couvert de trous. C'était son premier Noël à la rue. Cela faisait maintenant près d'un mois qu'elle n'avait plus d'argent, plus d'appartement, plus de vie. Elle avait été virée suite à la faillite de l'entreprise dans laquelle elle travaillait et n'avait trouvé aucun nouveau job. Le chômage l'avait aidé quelques temps mais à cause de la crise, le nombre de personnes licenciées augmentait si vite que le gouvernement n'avait pas pu suivre. C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée à la rue, sans emploi, sans argent. Et sans famille pour l'aider... quant à ses amis, ils semblaient l'avoir oubliée.
À nouveau, un passant approcha d'elle. Léna releva les yeux et tendit son gobelet, incapable de prononcer une parole. Le froid l'avait paralysée. L'homme s'approcha d'elle et se baissa pour être à sa hauteur. Doucement, il lui saisit les mains et les réchauffa de son souffle.
- Levez-vous, murmura-t-il doucement. Vous n'allez tout de même pas rester ici toute la nuit le jour de Noël !
Sans un mot, Léna se leva, aidée par l'inconnu.
- Merci, souffla-t-elle une fois debout.
Pour toute réponse, l'homme sourit et l'aida à marcher.
- Où allons-nous ?, interrogea Léna.
- Dans un petit coin de paradis qui te prouvera que tu n'es pas la seule à souffrir de la crise.
Léna hésita. Elle savait que suivre un inconnu n'était pas très recommandable. Pourtant, dans les yeux bleus de cet homme qui paraissait si aimable brillaient tant de pitié et de compassion qu'elle ne put s'empêcher de lui faire confiance et le suivit à travers la nuit.
La neige se remit à tomber, tournoyant autours de ces deux silhouettes qu'éclairaient les lampadaires. Un homme et une femme, apportant une touche d'humanité au sein de l'air pollué de l'ignorance des personnes à l'égard des gens dans le besoin.
Au bout de plusieurs minutes, ils arrivèrent enfin près d'une petite cabane qui semblait tomber en ruines. Avec appréhension, Léna entra à la suite de l'inconnu.
- Et voilà, fit-il avec une certaine fierté. Bon, c'est pas un hôtel cinq étoiles mais il y a de quoi manger, un toit et de la chaleur ! Que demander de plus ?
- Que demander de plus, effectivement, murmura Léna avec un sourire.
Elle s'installa sur un vieux fauteuil troué tandis que son hôte était en train d'allumer le feu.
- Au fait, je ne vous ai pas demandé votre prénom, dit doucement la jeune femme.
- Bastien. Pour vous servir, ajouta-t-il avec un sourire. Et vous ?
- Léna.
Un silence suivit leur présentation. Silence d'or, silence reconnaissance, silence compassion.
- Et voilà !, s'exclama Bastien, satisfait. Il ne manque plus que la nourriture et nous aurons notre veillée au près du feu.
Léna sourit et alla aider son hôte à préparer leur souper. Quelques minutes plus tard, chacun d'eux se trouvaient installé vers le feu avec un morceau de pain et de la soupe, ainsi qu'une tasse de thé bien chaude.
Ils mangèrent en discutant de choses et d'autres, comme s'ils se connaissaient depuis plusieurs années. Plus d'une fois ils éclatèrent de rire, partageant le bonheur de n'être plus seul. À la fin de leur repas, Léna posa sa tête sur les genoux de l'homme et murmura doucement :
- Merci...
Un mot, un simple mot, et pourtant un mot prononcé avec tant de douceur et de reconnaissance qu'une larme roula sur la joue de Bastien.
- C'est à moi de te remercier, répondit-il avec un sourire ému, merci d'avoir enchanté ma soirée.
La bouche de Léna s'étira en un doux sourire et elle s'endormit lentement, son ventre repu. Bastien la regarda avec tendresse et passa sa main dans ses cheveux.
Le silence s'installa, silence roi, silence douceur, silence amour.
Sa main dans ses cheveux, sa tête sur ses genoux. Deux personnes avaient trouvé leur chemin, en ce soir de fête. Elle dans sa bienveillance, lui dans son sourire.
La magie de Noël vint doucement se poser auprès d'eux, leur offrant enfin l'amour et le bonheur qu'ils méritaient.
Haut dans le ciel, une étoile filante passa éclairer leur nouveau départ. Ils savaient désormais que plus jamais ils ne passeraient de Noël seuls. Car ils s'étaient enfin trouvés.
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La corneille et la colombe, ainsi que d'autres histoires...
Short StoryCascade de lumière Cœurs liés Âmes croisées Ensemble de nouvelles sur les âmes croisées... Jumelé avec le recueil de @NoomaToryn Juste, le poème marchombre du début n'est pas de moi, mais de NoomaToryn