Certaines ruptures sont parfois violentes, provoquant crise de larmes et d'hystérie, tandis que d'autres se passent sans fracas, avec douceur, sans même qu'on ne les remarque. Pour elles, cela a été un étrange mélange des deux. À l'image de leur relation si unique, leur séparation n'a été qu'une suite d'explosions suivies de silence oppressant.
- T'étais où quand j'avais besoin de toi ? T'étais où bordel ?!
Les cris, les disputes, s'étaient enchaînés, d'abord pour des raisons évidentes et compréhensibles puis pour des broutilles sans importance, pour un oui, pour un non, pour une réponse ou son absence. Les fausses notes s'engrangeaient, les unes après les autres, sans leur laisser un seul instant de répit. L'harmonie était fissurée, brisée, cassée, détruite.
- Je ne sais pas, j'étais aussi perdue que toi... j'avais besoin de temps, pardonne-moi, s'il te plaît, essaye de comprendre... j'allais mal, comme toi, j'avais besoin de prendre soin de moi !
Et pourtant, malgré tout, le lien persistait, les attirait l'une à l'autre, leur faisait croire que tout n'était pas encore fini, qu'il était encore possible de tout réparer. La musique continuait, avec ses dissonances, donnait l'espoir qu'elles se résolvent, que tout recommence, que l'entente et l'harmonie reviennent enfin.
- Je... je suis désolée, t'as raison, j'suis rien de plus qu'une imbécile, une incapable, je te mérite pas, va-t-en, vas-y, je sais que tu en meures d'envie, va-t-en !
Mais ce n'était rien de plus qu'une illusion, car très vite les cris repartaient, les pleurs se répétaient, le désespoir revenait. Et l'incompréhension grandissait, elles qui se comprenaient sans l'aide de mots ne savaient même plus comment déchiffrer les phrases de l'autre, ces énigmes aux solutions multiples.
- C'est pas ce que je voulais dire, arrête de tout déformer ! J'ai pas envie de partir, merde, je veux pas partir ! Pourquoi t'es comme ça, hein ? Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi est-ce que tu détruis tout ?! Dis-moi, pourquoi ?!
Tout n'était plus que chaos. Chaos et destruction. Tout ce qui les unissait autrefois ne faisait que les éloigner davantage. Leurs différences refaisaient surface, les mathématiques et l'imagination devenaient toujours plus incompatibles au fil des jours. C'était comme si le temps s'accélérait soudainement, comme s'il leur volait tous leurs instants de complicité sereine, comme s'il leur arrachait tous les bons souvenirs. Elles ne se reconnaissaient plus, n'étaient plus que des inconnues parmi une foule de personnes floues et de visages informes.
- Comment on a pu en arriver là, dis-le moi, je t'en supplie, comment on a pu en arriver là...
Puis le silence est venu, force destructrice bien plus puissante que les mots. Ravageant tout sur son passage, éteignant toute lumière, engloutissant jusqu'à la dernière note de musique, la dernière note d'espoir. À nouveau, il s'est imposé en maître, souverain détesté et intransigeant.
Tout était fini. Tout était bien trop beau pour durer, tout était bien trop beau pour être vrai. Les relations éternelles ne sont qu'une illusion, la réalité est bien autre. Être seul à jamais est le seul moyen de ne pas souffrir autant.
Tout est fini.
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La corneille et la colombe, ainsi que d'autres histoires...
Short StoryCascade de lumière Cœurs liés Âmes croisées Ensemble de nouvelles sur les âmes croisées... Jumelé avec le recueil de @NoomaToryn Juste, le poème marchombre du début n'est pas de moi, mais de NoomaToryn