5 décembre : Une étoile filante

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J’assure ! Je ne suis plus la petite nouvelle depuis longtemps… J’ai gravi les échelons à la seule force de ma volonté… Dans mon entreprise, tout le monde me connaît, et me respecte… Et avant que mon patron ne parte à la retraite, il m’avait garanti que j’allais sous peu devenir sa N-1, son bras droit… Il faut dire que dans cette banque, tout le monde se réfère à moi, peu importe les problèmes, la situation… Je compte beaucoup pour eux, et je leur rends bien. Même si je n’ai pas le temps pour leurs pots, leurs apéros et happy hour… Je ne m’abaisse pas à ça moi, je suis trop occupée.

Cela faisait une semaine qu’on attendait l’arrivée du nouveau patron, et, officieusement, j’étais la cheffe… Alors, ce matin-là, quand je suis entrée dans cet ascenseur avec cet inconnu, j’étais gonflée d’orgueil… :

« Vous êtes le nouveau stagiaire ? Lui ai-je demandé.

- Mmmm… A-t’il marmonné tout en me fixant de ses beaux yeux bleus.

- Vous allez voir… Je suis un peu la boss ici… Enfin, en attendant le nouveau patron... »

J’avais ponctué mon affirmation d’un rire convenu, certaine d’avoir imposé mon autorité auprès de ce stagiaire sexy, tout en gardant un brin de sympathie…

Mais alors que les portes s’ouvraient, je me jeta comme à l’habitude dans l’ouverture, habituée à ce qu'on me laisse passer, oubliant mon voisin d’ascenseur qui voulait sortir aussi. Après l’avoir involontairement poussé contre les portes, mon café se renversa sur sa belle chemise blanche. Son visage s’assombrit aussitôt, et, de bonne humeur, je lui ai lancé un :

« C’est le métier qui rentre ! »

Avant de partir m’installer seule à mon bureau, attendant l’appel du nouveau directeur, rêvant à mon augmentation, à mon avenir radieux… Il est vrai qu’en plus d’être ambitieuse, j’ai les formes là où il faut… C'est un vrai drame que je sois célibataire d'ailleurs... Si mon nouveau patron est un jeune premier, il est sûr qu’il tombera sous mon charme…

Ce fut à ce moment-là que le téléphone résonna : la secrétaire du nouveau boss, enfin…

J’ai réajusté mon chemisier, déboutonné le premier bouton, et suis monté dans son bureau. J’ai échangé un sourire cordial avec la vieille secrétaire, une vieille pie proche de la retraite, et je suis rentrée.

Ma bonne humeur fut douchée, quand mon regard se posa sur une tâche de café… Le « stagiaire » avait retiré sa chemise sale, révélant sa silhouette d’Apollon. Alors mon coeur commença à s’emballer de plaisir… Il était parfait…

« Bien… commença-t’il. Mme Deriviera c’est ça ?

- Oui… lui répondis-je en lui lançant quelques oeillades. J’espère que notre collaboration sera pleine de succès…

- Je vous suggère plutôt de parler au passé…

- Que ? Quoi ?

- Vous voyez, j’aurais pu faire l’impasse sur votre ambition dévorante, ou sur votre égo… Mais il y a eu votre attitude dans l’ascenseur…

- Mais… Je… Je ne savais pas que c’était vous !

- Justement… Vous m’avez cru stagiaire, et à ce titre, vous m’avez traité comme votre inférieur… Ce n’est pas l’axe que je veux donner à cette banque… Je vous laisse donc deux jours pour me présenter votre démission…

- Mais je suis désolée ! Je veux bosser avec vous !

- Pas moi… Allez, allez… Avec votre beauté et votre égo, vous retrouverez bien vite un nouveau boulot… Surtout si comme moi, vous êtes célibataire... sans ancrage..»

Dans mon cerveau, une bulle explosa, tous mes rêves, mes plus beaux fantasmes… réduits à néant… Nous aurions pu être « le couple de boss »… Mais cela n’arrivera jamais…

Alors, le coeur serré, ravalant mes larmes, j’ai fait mes paquets, en pensant encore une dernière fois à mon avenir, transformé en rêves, à mon présent, transformé en passé… Ah si seulement je n’avais pas renversé mon café sur son beau torse musclé... 

Twisted christmas (christmas challenge)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant