Twisted christmas (christmas challenge)

6 décembre : Nom d'un pain d'épices !

Dans ma ville, quand approche Noël, on ne fait jamais les choses à moitié. Alors j’ai construit une maison en pain d’épices… Pas la petite maison en taille réduite, mais bien 100 m² de pains d’épices, répartis en deux étages… Un petit chalet tout en sucreries… J’espère qu’il tiendra au moins deux jours… Le temps que le comité du guiness book des records viennent l’homologuer… Mais aujourd’hui, c’est le jour des officiels.

Dans mon allée s’arrête la Berline de la personne que je redoute le plus : pas la mairesse, mais son adjointe, mon ex. Alors, les mains moites, je vais à sa rencontre :

« Djamila…

- Madame Essaïdi… me coupa-t’elle. Monsieur Durand, je vous suis, qu’on finisse ça vite... »

La dureté de ses traits me surprendra toujours autant, même si elle date, je l’avoue, de notre rupture… Une rupture tellement mal digérée qu’après que je lui ai annoncé ma décision, elle avait alors tout fait pour me faire virer de mon boulot pour prendre ma place en tant que cheffe de chantier…

Mais de l’eau semblait avoir coulé sous les ponts alors je lui ai fait visiter ma création. Charlottes aux pieds et sur la tête, gants… Nous étions au top de notre séduction…

Mais alors que nous visitions la cave, le seul endroit en dur de la maison, un sinistre vrombissement se fit entendre et une montagne de pain d’épices se déversa alors dans l’escalier, nous bloquant à l’intérieur de la cave…

« Génial… avait marmonné mon ex.

- Ne vous inquiétez pas, si la maison s’est effondrée, quelqu’un va s’en rendre compte et appeler les secours... »

Alors nous attendîmes en silence, une heure, deux heures… L’air, irrespirable par l’ambiance, était en train de devenir toxique. Mais il nous fallait attendre… Le pain d’épices risquait de se déverser encore plus si nous tentions une sortie par l’escalier… Alors nous continuons à attendre, mais pour réchauffer l’ambiance, je me décida à briser la glace :

« Tu fais quoi pour Noël ? Demandai-je en toute bonne foi.

- Je meurs enfermée avec un con…

- Djamila… C’est encore notre rupture, c’est ça ? Tu m’en veux toujours ?

- Mmm…

- Ecoutes, je suis désolé… Je n’aurais pas dû rompre du jour au lendemain, mettre ainsi un terme à une relation de cinq ans…

- T’es désolé ? S’énerva-t’elle. Tu te rappelles pourquoi t’as rompu ?

- Euh non… bredouillai-je. Ça n’allait plus entre nous c’est tout…

- Alors je vais te rafraîchir la mémoire : je t’avais confié ce que j’avais vécu avec mon père, ce qu’il me faisait le soir… Et qu’est-ce que tu m’as dit ?

- Je sais plus…

- Tu m’as dit : « Tu me dégoûtes, tu m’as menti sur ta pureté,je ne peux plus sortir avec toi »... »

Djamila avait les larmes aux yeux, dix ans plus tard, alors la culpabilité m’envahit :

« Dja… Je suis désolé… J’étais con à l’époque, ce que t’a fait ton père était horrible, j’aurai pas dû réagir comme ça… J'aurais dû t'aider à surmonter ça, à porter plainte... Mais après la rupture, je croyais que tu voulais juste te venger de moi, que c’est pour ça que tu m’avais pris mon boulot…

- Je t’avais pris ton boulot car le boulot était la seule chose qu’il me restait…

- Et regardes ce que tu es devenue ! Tu es adjointe au maire ! »

Je tenta une approche et me posa à côté d’elle, osant lui toucher l’épaule qu’elle ne bougea pas.

« Je suis désolé pour la souffrance que je t’ai causé et quand on sortira d’ici, je ferai tout pour me faire pardonner… C’est Noël, la période idéale pour le pardon... »

Un grand bruit se fit entendre à l’extérieur et un trou se forma au coeur du pain d’épices amalgamé à l’entrée de la cave : les pompiers étaient là. On nous enveloppa chacun dans une couverture de survie et nous fîmes sortir, un par un. J’imaginais déjà les chocolats chauds gratuits que je lui offrirai, les milliers de cadeaux, de poèmes qui réconcilieront nos deux coeurs blessés… Mais, avant de sortir de la cave, comme si elle avait entendu mes pensées, Djamila s’est retournée et a prononcé cette simple phrase :

« Tu ne mérites pas mon pardon. »