« Monsieur Dracula... »
Comme à chaque mauvaise nouvelle, mon psychiatre venait de redresser d’un doigt les lunettes sur son nez, l’air grave.
« Monsieur Dracula, je crains que vous nous fassiez une petite dépression saisonnière… Je veux bien vous prescrire des anti-dépresseurs, mais je crains que votre condition ne les rende inefficaces…
- Alors, que dois-je faire ?
- Prenez du temps pour vous, sortez ! C’est le marché de Noël en centre-ville, promenez-vous, mangez des marrons chauds… C’est la seule période de l’année où vous pouvez sortir dehors à partir de 18 heures... Et nous on se revoit le 2 janvier pour voir comment tout cela évolue... »
Déprimé, je suis sorti de son cabinet, mais je l’ai quand même écouté… Au lieu de rentrer pleurer seul dans mon grand château, j’ai pris le chemin du centre-ville. Les illuminations ne me firent rien, ni même les odeurs de vin chaud… Je flânais de petites cabanes en bois en petites cabanes en bois, roulant des yeux à chaque niaiserie vendue…
Mais en passant devant une cabane, la vendeuse m’interpella, une jeune femme aux yeux noirs, portant sur sa tête un long voile vert sapin :
« Hey ! Pourquoi vous roulez des yeux devant mes pères Noël en bois ? Y sont pas beaux?
- Oh rien… Vous fêtez Noël vous ?
- Quoi moi ?
- C’est plutôt chrétien comme fête…
- Et alors ? Parce que je suis musulmane je ne devrais pas vendre au marché de Noël ?
- Pardon… Je voulais pas vous offenser…
- Et vous ? Demanda-t’elle de son air mutin.
- Moi ça fait des années que je ne le fête plus…
- Ah… Alors nous voilà... deux paumés qui ne devraient pas être là... »
La jeune femme se mit à rire, et son sourire dégela quelque chose en moi :
« Je ne connais pas trop ce marché… argumentai-je alors. Vous me faites visiter ? »
La jeune femme se tourna alors vers son père, et lui laissa la boutique.
Quand elle sortit de la cabane, je lui offris ma main pour qu’elle ne glisse pas dans la neige.
« Comment vous appelez-vous ?
- Zeiga… Et vous ?
- Vlad…
- Vous êtes russe ?
- Presque... »
Ce fut à mon tour de lui sourire, tout en cachant mes dents..
Nous avons marché le long du centre-ville, tout en buvant notre chocolat chaud... puis nous avons dégusté des marrons chauds offerts par un vendeur ambulant… Sur la place du village, une musique joyeuse nous accueillit, alors je fis danser ma nouvelle amie. Elle ne questionna ni ma froideur, ni ma pâleur, ni mes traits hors d’âge. Mes yeux dans les siens, nous avons valsé, dans le froid de décembre, nos visages éclairés par les guirlandes lumineuses du grand sapin. Et à la fin de la danse, nos lèvres se sont accrochées.
Tu dois lui dire !
Dans ma tête, cette phrase revenait sans cesse : Tu dois lui dire ! Mais comment ? Comment lui avouer : Coucou, je viens de Transylvanie, je suis un être démoniaque, un représentant du Sheitan, je crains le soleil et l’ail…
Mais pour une fois depuis longtemps, monta en moi une voix, tout autre :
Et alors ? Peut-être que cette histoire durera une heure, une journée, peut-être jusqu’au jour de l’an, ou jusqu’au début du printemps, quand mes sorties nocturnes se verront raccourcies… Quand je ne pourrai plus éviter ses interrogations… Mais peu importe, ce soir je tiens les mains de la plus belle des femmes.
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Twisted christmas (christmas challenge)
Storie breviVous avez aimé le Writober ? Voici le christmas challenge ! Tous les matins entre 10h et 11h, jusqu'au 25 décembre, une histoire de Noël... Mais attention ! Car au lieu des romances habituelles, vous allez rencontrer: - un végan au menu du 25, - un...