Les paupières s'ouvrirent doucement sur deux yeux à l'heure actuelle plus ambrés que chocolatés, avant de se refermer rapidement. En ce moment, les réveils de Stiles étaient une succession de lumière et d'ombre. Cette fois-là n'y fit pas exception. Les caresses qu'il sentait dans ses cheveux ne l'aidaient pas à précipiter sa sortie du lit et avant même que la pensée fuse dans son esprit, il avait maugréé quelque chose comme « 'tain, pousse-moi à m'lever ». Mais il avait tant parlé dans sa barbe inexistante et si peu articulé que Derek faillit ne pas comprendre ce qu'il avait dit. Comme toujours, le loup ne dit rien et se contenta de continuer ses caresses douces et lentes qui, il le savait, n'étaient plus vraiment instinctives. Plus qu'une habitude, c'était devenu un besoin. Comment dire... Stiles avait longtemps manqué d'attention et d'affection et il voyait l'étendue des dégâts de cette privation, aujourd'hui. La discussion surréaliste qu'il avait eue avec l'hyperactif quelques heures plus tôt n'avait fait que renforcer ce fait. En fait, plus qu'inconscient, le jeune homme lui était tout d'un coup apparu comme... Abîmé. Oui, profondément abîmé. Et quand il songeait à ses paroles, son aveu... Merde, Stiles avait failli partir. Il avait failli disparaître de leur vie à tous, sans prévenir. Il avait préparé ses affaires et ce qui l'avait retenu... C'était elle. La meute. Il était resté par altruisme, parce qu'il était le seul à être capable et à avoir le temps de les aider. Il aurait pu, mais il n'avait cherché personne pour le remplacer. Et il avait fait ce qu'il considérait comme un devoir, qu'il avait un peu trop bien rempli. A force, c'était devenu un cercle, une spirale infernale dans laquelle l'hyperactif était bien conscient de n'être qu'un outil. On lui demandait de l'attention, on avait besoin de nourriture, de se divertir, on vivait dans un lieu sans arrêt ordonné et propre. Et tout ça sans lui montrer la moindre once de reconnaissance. Depuis que Derek était redevenu humain, il avait mis un frein sur tout ça – la nourriture mis à part. Pas qu'il cherche à les punir, simplement... Stiles avait besoin de plus de soin et d'attention qu'eux. Puis dans un sens, ils finiraient par comprendre qu'ils avaient merdé, tous, lui compris. De toute manière, viendrait un moment où il leur parlerait. Mais pas tout de suite.
Disons que sentir Stiles contre lui le rassurait. Oui, rester avec lui devenait un véritable besoin, ne serait-ce que pour s'assurer personnellement qu'il ne fasse pas de connerie. Alors, Derek préférait rester à son côté que descendre et mettre la situation au clair, chose qui pouvait clairement attendre. La guérison de son protégé, elle souffrait d'avoir déjà trop attendu, sans espoir de réussite. Et maintenant qu'il était là, qu'il gérait les choses à sa place et faisait en sorte que Stiles se repose, voilà que la guérison, ayant appris la leçon se faisait désirer. Elle s'écoulait doucement, si bien que Derek dut faire preuve d'une patience exemplaire et tant mieux, parce qu'il n'en manquait pas. Si Stiles devait passer ses journées à alterner entre le lit, les toilettes et la cuisine avant de recommencer ce cercle plus ou moins vicieux, soit. Derek l'accompagnait tout autant qu'il faisait le nécessaire pour le bien-être des loups, même s'il passait bien plus de temps avec l'un qu'avec les autres, à raison d'ailleurs. L'un avait besoin de soins et d'affection tandis que les membres de la meute étaient, par leur nature animale actuelle, bien plus indépendants. Il leur fallait juste à manger et que l'endroit dans lequel ils se trouvaient reste vivable. Même si c'était parce qu'il voulait faire au mieux, Stiles les avait mal habitués. Avec Derek, ils avaient d'ores et déjà commencé à apprendre que tout ne leur était pas dû et qu'ils se devaient de respecter ce qu'on leur accordait et qui n'entravait en rien leur liberté.
Contre Derek, Stiles soupira. Réveillé, un peu plus qu'il ne l'était plus tôt, il eut du mal à bouger. Encore une fois, le confort l'appelait, le rendait fainéant. S'il était conscient de cela, il n'eut toutefois pas la force d'essayer de faire valoir sa volonté à ce corps qui le trahissait en restant mollement allongé dans ce cocon de chaleur. Cet abandon était le résultat de semaines d'épuisement. Stiles s'était littéralement dévoué corps et âme pour ces amis qui ne tenaient pas réellement à lui, mais qui seraient dans son cœur à jamais. Lui-même n'en revenait pas de ce qu'il était capable de faire pour eux. Il les aimait, c'était indéniable et n'arrivait pas à s'imaginer autrement. Il avait envisagé de partir, oui, avait été à deux doigts de le faire, effectivement, mais jamais il n'aurait définitivement coupé le contact avec eux. C'était stupide. Stiles était stupide. Il aurait accepté n'importe quoi qui pourrait les aider, y compris faire leurs maudites recherches, à distance, depuis un autre état sans doute. Parce que... Eh bien, cela lui paraissait normal. Puis, il se serait régulièrement enquis de leurs nouvelles se serait tenu informé des actualités de cette meute dont il avait le sentiment de n'avoir jamais réellement fait partie. De manière générale, il était humain, rien qu'humain. Par définition, une meute était un rassemblement d'êtres de la même espèce. Lydia était une banshee, Malia, une coyote, mais le fait était que chacun des membres avait quelque chose en commun : des capacités surnaturelles. Ils brillaient de par leur nature fantastique et lui... Se trouvait dans leur ombre. Qu'avait-il de spécial ? Rien. Rien, à part cette hyperactivité qui lui collait à la peau et que son traitement n'arrivait même pas à camoufler. Parfois, Stiles se demandait ce qu'il avait fait de mal pour mériter sa différence qui, il le savait, n'était ni appréciable, ni appréciée. Si lui avait bien été obligé de l'accepter puisqu'il s'agissait d'une partie de lui, c'était ce qui lui faisait l'effet d'être une gêne pour les autres.
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Just a little rest
FanficStiles se retrouve avec un problème de taille sur les bras : sa meute, transformée en loups. Il va s'occuper d'eux sans compter, jusqu'à se négliger lui-même. Alors que les choses commencent à être difficiles pour lui, il va recevoir une aide inatte...