Chapitre 20

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Les loups s'étaient séparés et Stiles se servait des hurlements qu'ils poussaient de temps à autres pour tenter de les repérer à sa manière. Manifestement, les chasseurs étaient toujours dans le coin, et ses amis les fuyaient toujours. Ils avaient raison et l'hyperactif espérait qu'ils avaient gagné suffisamment de temps pour, peut-être, mettre Isaac à l'abri... Quoique sous leur forme de loup, la chose devait être quelque peu compliquée. D'ailleurs, avaient-ils senti sa présence ? Stiles en doutait. Peut-être le remarqueraient-ils bientôt. Il hésita une seconde à hurler leurs prénoms, mais se ravisa. Si ceux qui avaient tiré étaient des chasseurs, il ne ferait qu'attirer leur attention. Il devait miser sur le fait que les loups repèreraient son odeur relativement vite, autrement... Il risquait de les trouver trop tard et il était hors de question qu'il laisse ses amis passer l'arme à gauche – du moins pour le blessé.

Nouveau coup de feu. Pas de hurlement lupin. Stiles, saisi d'effroi, s'arrêta un instant et fit tout pour endiguer la panique qui, doucement, se frayait le plus horrible des chemins en lui. Il ne devait pas la laisser le paralyser. La respiration de plus en plus irrégulière, il avança à pas rapide. Pas la peine de courir pour l'instant : il devait garder ses forces pour sprinter en cas de situation d'urgence. Il pensa toutefois à quelque chose. L'idée était nulle, mais pouvait s'avérer fort utile si au moins l'un des loups n'était pas loin.

Il parla à voix basse, sans chuchoter, mais suffisamment fort pour titiller des oreilles lupines. Ça, ça n'attirerait pas les chasseurs – il n'y en avait aucun près de lui, Stiles faisait démesurément attention à son environnement et se retournait au moindre bruit alentours. Après tout, il n'était qu'un humain armé d'un vulgaire couteau de cuisine, un adolescent qui se savait grandement affaibli... Mais qui ne reculerait devant rien pour retrouver ceux qui lui étaient chers et les ramener sains et saufs au manoir. C'était risqué, un peu suicidaire au vu de son état, mais il n'en avait cure.

Ainsi, il continua d'avancer et, après quelques minutes d'une marche silencieuse entrecoupée de quelques mots, Stiles entendit un couinement. Il se figea, tenta au mieux de trouver l'origine du bruit, qu'il n'était pas sûr de pouvoir identifier comme celui de l'un des loups, mais... Un loup finit par sortir des fourrés, un loup que Stiles reconnut directement, par instinct. Et même s'il était fou de joie que sa technique ait fonctionné, il ne se laissa pas gagner par l'euphorie. Il avait retrouvé Jackson, oui, mais il manquait Isaac et Théo. Sauf que Jackson se détourna bien vite et avança dans une direction précise, avant de s'arrêter et de tourner la tête vers lui. Si la force et l'endurance lui faisaient défaut, Stiles avait encore un semblant de rapidité d'esprit et suivit Jackson qui, lui-même, fit le moins de bruit possible. Ils s'étaient tous deux instinctivement compris quant à la marche à suivre même si, pour être honnête, Jackson n'était pas très heureux de voir Stiles ici. Sitôt qu'il avait cru avoir repéré son odeur, il avait foncé. Mais, comme il n'était pas capable de lui passer un savon sous cette forme, il passait à autre chose. Le but ? Faire en sorte que tout le monde rentre en un seul morceau. Le reste, on verrait plus tard. Loup comme humain s'appliquèrent à se faire les plus discrets possible et Stiles ne dit plus rien pour l'instant. La terreur lui nouait le ventre, mais il tenait le coup et son corps aussi. Il le fallait, de toute façon. Rester conscient et alerte était obligatoire s'il voulait retrouver les deux loups manquants. Pour l'instant, il avait Jackson.

Ils marchèrent un peu et enfin, Stiles aperçut un petit renfoncement, une sorte de grotte minuscule. L'odeur métallique inimitable du sang lui sauta aussitôt aux narines avant de voir quoi que ce soit. Il accéléra le pas malgré lui. Il faisait sombre, mais il aperçut toutefois rapidement la silhouette animale roulée en boule dans un coin. Le visage déjà fort pâle de Stiles perdit le peu de couleurs qu'il lui restait encore. Sa bouche s'ouvrit, mais même le nom d'Isaac ne réussit pas à sortir tant il était choqué. Il se précipita vers lui et posa directement sa main sur son flanc empourpré, à côté de la blessure d'où provenait tout ce sang. Le loup sursauta et ne put s'empêcher de pousser un glapissement misérable.

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