Il lui disait d'aller lentement, de prendre son temps. De ne pas s'inquiéter, de ne pas avoir peur. Il avait passé un bras autour de lui et l'aidait à avancer tout en l'étreignant si fermement que Stiles savait qu'il ne pourrait pas tomber. Ses mains, elles étaient propres. Lavées quelques instants plus tôt par les siennes, pas beaucoup plus grande. Et pourtant, même si Derek avait frotté pour faire partir tout le sang, Stiles avait l'impression qu'il lui en restait encore, ici et là. Il était comme... Incrusté dans sa peau. Invisible, mais indélébile. Si Stiles n'était pas complètement présent, il avait toutefois conscience qu'il n'avait, objectivement, plus rien. Mais une autre partie de lui, toujours sous le choc, n'arrivait pas à se faire à l'idée que tout ce qu'il ressentait n'était que le contrecoup de ce qu'il avait vécu un peu plus tôt. Les images tournaient en boucle dans son esprit, vivaient derrière son regard parfois fixe, parfois allant et venant au gré de l'affolement qui le prenait.
- Isaac, souffla-t-il, la gorge serrée.
L'étreinte sur lui se raffermit et il se concentra pour avancer, mettre un pied devant l'autre. A quelques mètres de lui se trouvait la porte ouverte de cette chambre dans laquelle il dormait souvent ces temps-ci. Stiles plissa les yeux, pour essayer de mieux la voir : sa vue restait atrocement floue.
- Deaton s'occupe de lui.
Stiles ne saurait déterminer si la voix de son Derek était réellement douce ou si c'était son timbre qui lui faisait cet effet-là, mais... Le fait est que s'il en avait besoin, il n'arrivait toutefois pas à faire taire cette angoisse qui faisait durer cet état de choc au point qu'il se sache incapable d'avancer seul. La fatigue mise à part, son corps ne répondait que partiellement à cause de ce fatras d'émotions qui l'alourdissaient. Et Derek en tenait compte. Il ne cherchait pas à le faire aller plus vite, à le presser. S'il ne le portait pas, c'était parce qu'il savait que Stiles pouvait y arriver et il avait l'impression qu'il avait besoin d'être en quelque sorte... Stimulé. Pour rester là, à peu près conscient, avec lui. L'angoisse qui suintait par chaque pore de sa peau était bien trop forte pour qu'il puisse l'ignorer : nul doute que d'une manière ou d'une autre, l'état d'Isaac l'avait traumatisé. Si Derek était aussi extrêmement inquiet, il arrivait toutefois à relativiser, pour la simple et bonne raison qu'il avait foi en Alan Deaton, qu'il savait qu'il réussirait à faire quelque chose. De toute façon, à leur échelle, ils ne pouvaient rien faire d'autre ici qu'attendre. Derek avait tout un tas de choses à faire et aller voir les autres loups en faisait partie : son odorat avait capté un nombre d'émotions suffisamment indésirables pour le titiller – il fallait qu'il sache d'où elle venait. Cependant, il s'agissait de quelque chose qui pouvait attendre.
Stiles, pas vraiment.
De son côté, l'hyperactif ne saurait définir avec précision le moment où il bascula, où sa tête rencontra l'oreiller. Le fait est qu'il ferma presque instantanément les yeux, épuisé aussi bien mentalement que physiquement. S'il voulait dormir ? Non et à vrai dire, il lutta contre la vague qui le submergeait déjà. Il ne fallait pas qu'il s'endorme, c'était mal.
- Repose-toi, entendit-il vaguement.
Stiles balbutia faiblement quelques petites choses, des mots que lui-même ne comprit pas vraiment – tout son commençait à se faire lointain. Mais il savait qu'il ne voulait pas partir aussi loin que l'était le monde des rêves alors qu'il se devait d'attendre des nouvelles d'Isaac. Après tout, il avait son sang sur les mains : il devait s'assurer que ça irait, que les choses n'allaient pas s'envenimer. Appeler Deaton aussi tôt le démangea au point qu'il cède rapidement à ce que son esprit demandait sans relâche. Il rouvrit péniblement les yeux et articula une question, fort simple, à laquelle Derek, assis au bord du lit, répondit par un soupir.
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Just a little rest
FanfictionStiles se retrouve avec un problème de taille sur les bras : sa meute, transformée en loups. Il va s'occuper d'eux sans compter, jusqu'à se négliger lui-même. Alors que les choses commencent à être difficiles pour lui, il va recevoir une aide inatte...
