Chapitre 18

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La pelote parfaitement rangée fut la première chose à laquelle Derek fit attention après que Stiles se soit endormi contre lui, épuisé. Et ce fil, aussi insignifiant soit-il, lui fit mal au cœur. A côté de lui, reposait le crochet en bois, vide de tout projet.

Stiles avait défait ce qu'il avait commencé à faire. Détruit quelque chose qui aurait pu être superbe – qui l'aurait été. Derek en était convaincu. De ces mains aux doigts d'or ne pouvaient sortir que des merveilles. C'était peut-être idiot, mais le loup se raccrocha au souvenir de l'hyperactif crochetant à une vitesse folle pour ne pas céder à la tristesse qui l'étreignait. Et même s'il n'avait plus besoin de faire durer le contact physique étant donné que le jeune homme s'était endormi, le loup-garou choisit de le garder contre lui. Dans ses bras. La tête contre son cœur. Des couinements lui parvinrent. Ils provenaient de l'étage et plus précisément, du couloir. Derek reconnut l'odeur : Isaac.

- Pas cette fois, chuchota-t-il.

Non, le loup ne pouvait pas rentrer car Derek avait fermé la porte pour se retrouver seul avec son protégé. Seul avec Stiles. Il avait besoin de cette intimité avec lui. De le sentir vivant, contre lui. De le savoir dans ses bras, plutôt qu'en train de s'échiner à réaliser des tâches qu'il n'avait pas à faire alors même qu'il était encore faible.

Pour être honnête, le loup-garou n'aurait jamais pensé que les choses prendraient un tel tournant et que Stiles... Irait interpréter son absence de cette manière. En faisant cela, Derek avait eu pour seul but celui de se calmer car il fallait l'avouer, l'acte de Stiles l'avait remué. Puis... Il ne comptait pas s'absenter longtemps et était même revenu assez vite par rapport au temps qu'il aurait pu mettre d'ordinaire.

Mais voilà, il avait ressenti le besoin de retrouver l'hyperactif... Qui avait eu la merveilleuse idée de s'acharner à faire son ménage alors que celui-ci n'était pas utile puisque Derek s'en occupait déjà. De plus, les choses ne se salissaient que lentement, ce qui ne rendait pas ces séances décapages utiles – pas si elles étaient faites aussi souvent.

Dans un sens, Derek comprenait ce qui l'avait fait vriller. Stiles était toujours coincé dans son idée qu'il n'était rien d'autre qu'une illusion née de l'hypothétique folie de son cerveau. Le loup-garou se souvenait fort bien de leur discussion : l'hyperactif était persuadé que « le vrai Derek Hale » ne prendrait pas autant soin de lui. Il avait également ajouté ne pas savoir s'il préfèrerait qu'il soit réel ou non. Car face à une hallucination, il pouvait se montrer tel qu'il était mais que la disparition potentielle de celle-ci pourrait lui être fort préjudiciable. Dans les deux cas se posait la problématique du départ – un élément qui embêtait réellement Derek. Car quelle que soit la situation, Stiles le voyait forcément partir, le laisser. Et même si ça n'arriverait pas, l'ancien alpha comprenait d'où venait ce fatalisme, y compris ce qui l'avait façonné.

Ils avaient tous sacrément merdé, lui compris.

Maintenant, restait à savoir comment diable finir par lui faire comprendre qu'il était réel et que l'on ne le laisserait plus tomber. Si seulement Stiles n'était pas aussi têtu ! Mais il l'était et il fallait faire avec. Quoiqu'en y repensant, Derek se demanda s'il ne tenait pas grâce à cette opiniâtreté, justement. Car Stiles avait une force d'esprit impressionnante et de ce qu'il savait, il avançait toujours grâce à son côté un peu buté.

Enfin, Derek finit par arrêter de penser parce qu'à force de réfléchir sans trouver de réelle solution, il se donnait mal à la tête. Il resta ainsi un long moment à tenir l'hyperactif contre lui, à se concentrer sur son cœur et sa chaleur. Il sentait d'ailleurs son souffle, léger et discret, s'écraser avec une douceur toute particulière sur sa peau. Une douceur qui le faisait violemment frissonner tant elle était spéciale.

Just a little restOù les histoires vivent. Découvrez maintenant