Hero VS Villain (fr) [Yaoi/Boys'love]

Episode 13 : Marche ou crève

Ridley

Abasourdi, je le regardai à nouveau alors qu'il affichait toujours son air narquois et énigmatique. Enfin, il se rapprocha du bord de la baignoire, ramenant ses cheveux trempés vers l'arrière de sa tête.

« Alors, vous ne me demandez pas ce que je compte faire de vous ? » s'étonna-t-il.

Je rétorquai : « Je préférerais vous adresser la parole le moins possible ».

Vandel leva les yeux au ciel. « Soit... Qu'il en soit ainsi. »

Il jeta un coup d'œil à un des gardes comme pour le prendre à partie, faisant la moue. « Ah, il est vraiment trop sérieux, ce chevalier. »

Il reprit : « Bon, Messire Ridley, revenons-en à nos démons : que diriez-vous de conclure un marché ? Si vous me rendez un tout petit service, je vous laisse vivre. »

Son ricanement me fit frissonner. Avais-je vraiment le choix ?

« C'est simple en réalité, » poursuivit-il, « j'ai besoin que vous alliez me récupérer un objet enchanté pour moi. Il s'agit du Manteau Céleste. Un mage a jeté une malédiction dessus il y a très longtemps et seuls les humains sont capables de s'en approcher... Ce salopard l'a fait exprès pour que je ne puisse jamais le récupérer. Si vous parvenez à me le ramener, je vous laisserai repartir sain et sauf chez vos semblables. »

Je pris une grande inspiration avant de répondre : « Comment puis-je être sûr que vous ne me mentez pas ? Vous m'avez déjà roulé auparavant. Impossible de savoir si vous allez tenir vos promesses ou non... »

Vandel laissa échapper un long soupir, exaspéré. Il adressa de nouveau la parole au garde d'avant, en parlant bien fort et en m'ignorant complètement. « Tu as vu comme il fait le difficile, celui-là ? »

Il reporta son attention sur moi et me fit signe de m'approcher. Les gardes me poussèrent vers lui sans ménagement. Le Prince se pencha en avant et des bulles s'accrochèrent à ses épaules, toutes scintillantes. Levant un bras, il traça un cercle sur mon front. À l'instant même où son doigt quitta ma peau, celle-ci se mit à picoter. Cette sensation était des plus étranges. Vandel se redressa et je clignai des yeux.

« Qu... Qu'est-ce que vous m'avez fait ? » bredouillai-je.

« Un sort d'ancrage. C'est purement contractuel. Tant que vous ne m'aurez pas ramené le Manteau Céleste, il vous sera impossible de vous éloigner de moi de plus de trois mètres. Une fois votre mission accomplie, le sceau sera brisé et vous serez à nouveau libre. Alors, marché conclu ? » ricana-t-il.

Il rajouta : « Ou sinon, si vous préférez, je vous étrangle à mains nues maintenant et on n'en parle plus ».

La seconde alternative ne me tentant pas trop, je me mis à réfléchir. Le Manteau Céleste devait probablement être très dangereux et puissant pour que Vandel le veuille. D'autant plus que le mage s'était assuré que le Prince ne pourrait jamais s'en approcher. D'un autre côté... J'étais plus utile au royaume vivant que mort. Je refusais de rendre l'âme avant d'avoir retrouvé l'assassin de mon père. Même si ce démon mettait la main sur le Manteau Céleste, je parviendrais à le vaincre tôt ou tard, avec l'aide des miens.

Enfin, je lui fis un signe de la tête : « C'est d'accord. »

« Merveilleux ! » s'exclama-t-il, extatique, « Alors, ne perdons pas un instant ».

J'avais l'impression que le cercle qu'il avait tracé s'était subitement mis à brûler. Je me mordis la lèvre, essayant d'ignorer la douleur. Elle s'apaisait déjà.

Vandel frappa des mains. « TUTTLE, mes vêtements, je te prie ! »

Soudain, il plissa les yeux, comme s'il s'était rappelé quelque chose.

« Oh, une minute » dit-il, « Avant d'y aller, j'aimerais faire un léger détour ».

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Suivant Vandel, je m'assurais de rester près de lui. Je ne savais pas vraiment ce qui se passerait si je m'éloignais de trop et je ne le voulais pas le savoir. Il s'arrêta devant une petite porte en bois et la martela sans ménagement.

« Ramène-toi, espèce de sac d'os dégoûtant ! » Hurla-t-il.

La porte s'ouvrit avec un grincement timide. Le Prince leva les yeux au ciel. « Tu en as mis du temps. »

Je me figeai à la vue de la créature. C'était un... Gobelin ? Apparemment, oui. Je ne savais pas qu'il en existait encore. Les Altériens les avaient chassés du Royaume plusieurs décennies auparavant. L'être était absolument hideux et sentait extrêmement mauvais. On aurait dit une odeur de poisson pourri. Dégoûté, je me retins de vomir.

Vandel fronça les sourcils, croisant les bras avec agacement alors que le gobelin abaissait la tête. « Vous avoir besoin de quelque chose, maître ? »

« Oui, Boris. Tu pourrais avoir la décence d'arrêter de dessiner comme un pied. » Dit Vandel d'un air renfrogné.

« De quoi parler, mon maître ? »

Son interlocuteur grogna. « Par tous les démons, tu es sérieux ? Y-a-t-il vraiment un cerveau dans cette petite caboche ?! »

Se grattant la tête, le pauvre gobelin n'avait aucune idée de ce que son maître lui voulait.

« Laisse-moi reformuler ça simplement » ajouta Vandel en soupirant lourdement.

« Toooon aaaaart craiiiiiint ! » dit-il en détachant chaque mot.

Le gobelin haussa les épaules : « M'en fiche ».

« COMMENT CA, TU T'EN FICHES ? TU ES LE PORTRAITISTE ROYAL ! » Cria le Prince des ombres.

« Heu... » Bredouilla le gobelin.

« Quoi ?! » s'exclama Vandel, « Mais ce n'est pas possible, ça ! »

Il me poussa vers la créature. « Regarde bien, Boris. VOILA à quoi ressemble un humain en vrai ! Compris ?! Les yeux sont LÀ, capiche ? C'est clair maintenant pour tes trois pauvres petits neurones ? »

Boris resta silencieux un moment avant de hausser les épaules à nouveau. « Ok, compris. »

Caressant ses cheveux en arrière, Vandel soupira : « C'est tout ? Seigneur, tu es vraiment le PIRE, Boris. Ennuyeux à en crever... J'y pense, dans un patois altérien, ton nom ressemble à « Bore », qui veut dire « ennui ». C'est de là que vient ton nom, non ?! N'est-ce pas amusant ? »

Il tourna la tête vers moi en disant : « Riez, c'est un ordre ».

Je m'assurai d'émettre le rire le plus faux et le plus sarcastique possible.

Le Prince fit la moue en me regardant : « Wow, merci bien... »

« Je fais juste ce qu'on me demande » répliquai-je.

Vandel s'éclaircit la gorge : « Bon, maintenant que cette halte sympathique est terminée, il est temps de chevaucher vers d'autres horizons ! Vers l'infini et au... »

« Ce n'est pas une mission, » rétorquai-je en le coupant dans son envolée lyrique, « je suis forcé à le faire ».

Le Prince haussa les épaules. « Pourriez-vous arrêter de me pourrir mon groove ? »

« Je ne pense pas que cela soit possible » répliquai-je sur un ton catégorique.

Vandel soupira, exaspéré : « Vous tuer aurait sans doute été préférable... »