Juste Une Histoire De Tofu Aux Amandes... {Xiao x Reader/Oc}

35_ Contre coup (Partie 3 du festival des lanternes)

Ses mains tremblaient, son regard était vide. Elle semblait être revenue en arrière. L'adepte ne reconnaissait plus la femme forte qu'il avait côtoyé dernièrement. Il ne voyait plus qu'une jeune femme en proie à ses blessures passées, tremblante et apeurée. Pour une fois, on semblait apercevoir ce qui ressemblait fort à de l'inquiétude dans ses yeux dorés.

Il la déposa là où tout avait commencé, à l'auberge, sur la terrasse du haut, la tenant par les épaules.
Le silence régnait, la nuit était tombée et le vent était froid. Il la toisa de ses prunelles ambrées fronçant les sourcils.

- Reprend toi humaine ! avait-il dit d'un ton presque sévère.

Ces mots pourtant secs, ne semblaient pas atteindre la brune qui paraissait toujours profondément plongée dans ses sombres souvenirs traumatisants.

Elle se tenait là, sans bouger, bien que toujours tremblante, devant lui sans qu'aucune larme ne dévale ses joues rougis par le froid. Elle paraissait totalement vidée et sans âme. Comme si seul son corps était présent.

Le Yaksha commençait à s'inquiéter sérieusement de l'état de celle qu'il considérait à présent comme une amie, une camarade. Car oui, c'est ainsi qu'il la considérait malgré le fait qu'il soit parti des semaines plus tôt.

Xiao l'appréciait.

Il ne savait que faire, que dire. Il faut avouer qu'il n'était pas doué en relations humaines. Il ne comprenait pas encore tout à fait les émotions et élever le ton ne paraissait pas faire avancer la situation.

Il décida donc autre chose...

Quelque chose qu'il n'aurait encore jamais envisagé avant cela. Cela lui semblait être son dernier espoir, le dernier espoir pour la ramener. Il la tira contre lui, certe maladroitement, mais avec ce qui se voulait être de la douceur, du soutien. Il la serra fort contre lui, laissant échapper tout doucement :

- Reviens...

La chaleur que son corps dégageait, pour une fois bienveillante, fit tressaillir la jeune femme. Au moins elle avait réagit se dit-il. Il resta ainsi, se sentant impuissant, la maintenant fermement contre son torse dans l'espoir qu'elle bouge, ne serait ce qu'un peu, qu'elle dise quelque chose, qu'elle pleure ou même qu'elle crie. Il préférait même la voir s'énerver si ça pouvait la faire ne serait-ce que réagir, montrer qu'elle était bel et bien là, qu'elle revenait.

Mais rien.

Durant plusieurs longues minutes elle ne bougea pas.

- Je t'en prie, reprend toi. désespérait-il en la serrant encore plus fort.

Cette sensation d'impuissance l'agaçait, l'énervait. Il n'aimait pas ça. Mais en même temps... Il se sentait triste. Autre émotion qu'il n'avait ressentit depuis bien longtemps.

- Mh...

Il ouvrit grand ses yeux.

Ce fut à peine audible.

Un gémissement si bas, si léger, qu'il douta. Se demandant si son cerveau ne l'avait pas lui même imaginé.

Mais lorsqu'elle ramena lentement ses mains fraîche dans son dos pour l'enlacer en retour, il n'eût plus de doute. Elle revenait. Elle était là. Sa chaleur l'avait finalement atteinte, ramenée.

Il fut subitement prit de court. Que devait-il faire à présent ? Son cœur s'emballa. Il était soulagé mais avait peur. Peur qu'elle ne retombe dans cet état dans lequel elle se trouvait précédemment. Il refusait cela. Mais que devait-il faire ? La prendre par les épaules pour capter son regard et être certain qu'elle reste consciente, même si pour cela, il devait élever la voix ? S'énerver ? Mais pour quoi faire ? Il n'avait aucune raison de s'énerver non ? Après tout, elle n'avait rien fait de mal... Quoi que si, après tout, elle l'avait inquiété. Énormément.

Toutes ces questions s'envolèrent dès l'instant où elle murmura de la voix la plus sincère et reconnaissante possible :

- Merci... Merci Xiao...

- ...

Il su quoi faire finalement. Il resta ainsi encore un moment. Soulagé. Cette fois ci, il attendrait que ce soit elle qui brise leur étreinte.

- Merci de m'avoir sortis de là... lâcha-t-elle la voix nouée.

Elle tremblait de nouveau, sanglotant en serrant les vêtements du Yaksha bien plus fort qu'elle ne l'imaginait.

Lui, ne disait rien. Il ne savait que dire... Il préférait la laisser se vider qu'importe qu'elle déchire ses vêtements dans la foulée, du moment qu'elle se sentait mieux après. Il préférait cela à la voir vide de toute émotion. Au moins, il la sentait bien vivante.

Après un moment à rester l'un contre l'autre, Leyssie se calma, elle respirait plus posément maintenant mais ne s'était pas détachée de lui pour autant.

Même si rester dans cette position ne le dérangeait pas plus que ça, Xiao commençait à s'inquiéter que son énergie négative n'affecte la brune à force de restée collée à lui aussi longtemps. Il brisa donc le silence :

- Tu devrais te reposer.

- ...

- ...

N'entendant aucune réponse de sa part, il dévia son regard vers le visage de la demoiselle :

- Humaine ?

Aucune réponse. Et pour cause, elle s'était endormie. Le Yaksha soupira, comment avait-il fait pour ne pas s'en rendre compte ? Et comment se faisait-il qu'elle tienne toujours bel et bien sur ses deux jambes ?? Même si elle était dans ses bras, il n'avait pas eu l'impression de la porter...

Il esquissa un léger mouvement et c'est à ce moment que les jambes de son amie se dérobèrent. Évidemment il ne la laissa pas tomber. Il la porta jusqu'à son lit, passant par la porte pour une fois.

Il l'allongea.

Une question lui vint tout à coup. Pourquoi les Fatuis en avaient-ils toujours après elle ?

Et... Pourquoi tombait-il lui même toujours sur elle dans ce genre de situation sans le vouloir...

Il soupira. Cette journée avait été bien longue. Et pourtant elle n'était pas encore terminée...

- Dompteur de démon ! Adepte Xiao ! Divinité protectrice de l'auberge Wangshu ! Grand héro du Marais Dihua ! appelait une jeune femme aux cheveux bruns attachés en deux queues de cheval hautes, cachées sous un chapeau.

Que signifiait tout ce tapage !?? Ça risquait de réveiller la jeune femme.

Il apparut sur le toit, bras croisés, au dessus de la terrasse où elle l'appelait.

- Êtes vous làààà ??

Ce qu'elle pouvait être bruyante.

- Tss... Silence ! Ne perturbez pas la tranquillité.

Elle se retourna satisfaite :

- Ah, je suis désolée ! Mais sans ça vous ne seriez jamais apparu, n'est-ce pas ?

- ... Je vous reconnais. Vous êtes la 77ème directrice du funérarium Wangsheng. Pour quelle raison venez vous me voir ?

Il décroisa ses bras en attente d'une réponse.

Elle l'invita, enfin le contraint, à venir se joindre au festin qu'elle préparait pour l'occasion en mentionnant l'ancienne coopération entre les Yakshas et le funérarium.

Il se sentit bien obligé d'accepter.