Leyssie venait de perdre partiellement la mémoire.
Se retrouvant à Liyue avec cette désagréable impression qu'elle devait fuir quelque chose, elle chercha à récupérer ce qui lui revenait de droit : Son passé. Ses souvenirs.
Mais si celui-ci avait...
Il était resté pour elle, car elle le lui avait demandé mais aussi parce-qu'il ne comptait pas la laisser seule après ce qu'il s'était passé. Cependant la seule chose qu'il parvint à dire fut :
- C'est mon lit, je reste si je veux.
-... C'est vrai.
Elle baissa les yeux puis recula, prête à se lever, il la laissa faire, se redressant par la même occasion et quittant son lit.
Sans chercher à croiser son regard, elle fit de même, recouvrant machinalement le lit froissé et tirant proprement la couverture dessus.
Elle se chaussa également.
Ses vêtements étant dans un piteux état, elle allait devoir en acheter de nouveaux ou récupérer ceux qu'elle avait laissé au camp au cas où, avant de s'en aller.
Tandis qu'il la regardait, bras croisés, se diriger vers la porte, elle s'arrêta à la poignée :
- Merci, de m'avoir laissée dormir ici ce soir.
-...
Elle ouvrit la porte.
Non, quelque chose n'allait pas. Il le sentait. Son cœur s'était mis à battre rapidement sans qu'il ne comprenne pourquoi, son instinct le poussait à la retenir, il sentait presque sa poitrine le piquer depuis qu'elle avait prononcée ces mots. Mots qui n'avait pas tellement raisonnés avec gratitude... Il avait cette impression qu'il ne la reverrai jamais plus après, qu'il s'agissait là d'un adieux.
Ça, il en était hors de question. Il le refusait catégoriquement.
Il allait la retenir, mais il se stoppa.
Qui était-il pour la retenir...?
En avait-il le droit ?
Il la vit disparaître derrière la porte qui se referma juste après.
Il tremblait.
Une main gantée à demi tendue en direction de la porte close. Quelque chose le gagnait peu à peu. Était-ce de la panique ?
Qu'importe ce que c'était ça lui faisait mal. Il avait peur. Oui, c'était aussi ça, de la peur.
Elle disparaissait.
Il lui avait demandé de ne pas disparaître ! C'était la seule chose qui lui avait demandé, la seule chose ! Ne pouvait-elle pas faire juste ça..?
Il se crispa, la mâchoire serrée, il bondit dehors, passant par la fenêtre.
En une fraction de seconde il se retrouva devant elle, sur l'un des ponts en contrebas de l'auberge.
Elle sursauta. Se dégageait de lui quelque chose de sombre...
- Xiao ?
- ... Que fais-tu Leyssie ?
Rares étaient les fois où il avait prononcé son nom. Et généralement, les circonstances n'étaient guère réjouissantes...
- Quoi ?
- Tu disparais encore !
- M-mais non...
- Tu mens !
Une aura noire s'échappait peu à peu de l'Adepte. Avait-il lui aussi atteint sa limite ? Était-il lui aussi affecté par les évènements ?
Effectivement il semblait à bout, perdu, en proie à diverses émotions dont il n'avait pas l'habitude... Le pauvre Xiao semblait désemparé, en colère, triste mais aussi désespéré. Il se sentait devenir fou, submergé par des sensations inconnues dont il n'avait aucun contrôle.
- Xiao... avait-elle murmuré tout bas, peinée de le voir dans cet état.
- Je ne veux pas que tu partes encore Leyssie !
L'aura autour de lui ne cessait de croître, sa dette karmique se délectait de toutes ces émotions, c'était pour elle le moment de faiblesse idéal pour s'emparer du corps du dernier Yaksha.
Il s'avançait vers elle tandis qu'elle reculait machinalement, arrivant peu à peu jusqu'à la rambarde où elle fut contrainte de s'arrêter.
Tiltant qu'elle le fuyait, Xiao parut d'autant plus blessé, imaginant qu'elle avait peur de lui, qu'elle avait mentit dès le départ sur la confiance qu'elle lui portait.
À cet instant, l'Adepte n'avait plus vraiment les idées claires et n'arrivait plus à raisonner correctement, il voyait tout en noir. C'est pourquoi, se sentant perdre contrôle et submerger par son karma, il décida de s'enfuir dans les montagnes les plus profondes.
Mais ce fut sans compter sur la rapidité de la jeune femme, hors de question de le laisser s'en aller comme ça, seul.
- XIAO ! avait-elle crié pour retenir son attention en attrapant son poignet dans la volée.
De dos, il ne bougeait plus. Enfin si, il tremblait.
- Je reste ! Je reste avec toi !!
- Non pars. Pars loin d'ici.
Il n'avait plus confiance, tout du moins, son karma le poussait à se renfermer sur lui même, repousser toute sorte d'aide extérieure.
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- Jamais ! Je ne veux pas, je ne peux pas ! Pas sans toi...
- Si, tu le peux.
Son ton était extrêmement froid, tranchant. Difficile pour la jeune femme de tenir bon. Elle venait de se prendre une douche froide, glacée même. Mais elle devait tenir face à ces paroles. Pour lui.
D'autant plus qu'il aurait pu arracher son bras de la poigne de la jeune femme pourtant, il n'en faisait rien. Preuve qu'il avait espoir, espoir qu'elle le retienne, qu'elle lui dise encore et encore qu'elle ne partirait pas.
- Je reste, c'est une promesse.
- ...
Il n'y croyait toujours pas, après tout, elle n'avait aucune réelle raison de rester.
- Je reste parce-que je tiens à toi plus que tout ! Je ne veux que toi Xiao ! Je veux passer de bons moments à tes côtés, me battre à tes côtés, manger du tofu à tes côtés, rires à tes côtés, dormir même !! Je veux plus que tout, rester avec toi... C'est là mon seul et unique souhait à présent.
Ce fut la phrase décisive qui le ramena, lui permit de faire taire son karma une fois de plus, de l'enfouir au tréfonds de son être douloureusement. Bien que l'aura noire qu'il dégageait vint à se dissiper, Xiao tremblait toujours.
Puis, d'un coup, il se retourna et la tira contre lui sans prévenir, la serrant dans ses bras avec force. Elle manqua de tomber mais il l'en empêcha, la maintenant contre lui fermement. Ce fut là un acte des plus innatendu.
Xiao devait être vraiment au bout du bout pour agir ainsi de manière irréfléchi et si désespérée. Cela ne lui ressemblait guère. Lui qui était toujours si distant avec les humains, toujours posé et d'apparence calme, serrait la jeune femme dans ses bras comme si sa vie en dépendait, tremblant.
Finalement, la solitude qu'il avait dû endurer jusqu'ici durant des siècles, il ne pourrait plus s'en accommoder. Tout du moins, il lui faudrait énormément de temps pour s'y réadapter sans sombrer.
Mais il n'avait plus à s'en faire n'est-ce pas ? Elle resterait à ses côtés à présent, elle l'avait promis...
