SUCRES D'ORGE & TROUBLE-FÊTE - 𝗯𝘂𝗻𝗴𝗼 𝘀𝘁𝗿𝗮𝘆 𝗱𝗼𝗴𝘀

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Chapitre Dix-huit - Ne jamais laisser passer une opportunité de jouer les commères (un guide par Osamu Dazai)

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Chuuya cligna plusieurs fois des yeux après avoir entendu la remarque de Dazai : en effet, il semblait bien que la silhouette qu'ils voyaient se diriger vers la cabane hurlante était celle de leur professeur de Défense contre les forces du mal. Maintenant que Dazai l'avait formulé ouvertement, le rouquin reconnaissait en effet la longue cape qui traînait toujours au niveau des pieds de Mori et accentuait ses airs naturels de vampire ― en plus de son teint pâle et de la manière dont il semblait toujours être partout et tout savoir sur la vie du château.

« C'est pour ça qu'il vient à Pré-au-Lard ? Pour faire un tour dans la cabane hurlante ?

― Je ne serais pas étonné qu'il y effraie les élèves qui enfreignent la règle de ne pas s'y rendre, marmonna Dazai.

― Il y a une règle de ne pas s'y rendre ? releva Chuuya. Je croyais que les élèves évitaient juste cet endroit à cause des légendes. »

Et des légendes sur la cabane hurlante, il y en avait un paquet. Chuuya en entendait à peu près une par an, et il était certain qu'au fil des années, chaque génération d'élèves de Poudlard avait apporté sa touche à l'édifice que constituaient ces racontars en les enrichissant d'anecdotes supplémentaires, voire en refaisant complètement cette histoire dont ils ne savaient rien. On racontait, comme l'on pouvait s'en douter devant le nom équivoque de la bâtisse, qu'une femme était un jour morte à l'intérieur, assassinée par un homme qui voulait l'épouser mais dont elle refusait les avances ― et ses hurlements auraient empli la pièce jusqu'à être audibles depuis le village qu'elle bordait.

D'autres histoires, plus tordues et sans doute plus récentes, racontaient que c'était un refuge autrefois, pour des sorciers et sorcières aux idées dissidentes, qui ne convenaient pas au reste des sang-purs et de la société moldue. La cabane hurlante tiendrait alors son nom des cris de joie et des chansons auxquels se livraient ces marginaux, que les mauvaises langues auraient qualifiées de hurlements bestiaux ― à moins que ce ne soit parce qu'ils croyaient que l'endroit en tant que tel ne supportait pas non plus ces individus qui bafouaient les règles fermement établies du genre et de la sexualité, et hurlait en les voyant commettre ces actes innommables.

Il y en avait bien d'autres, des explications plus ou moins farfelues au nom porté par la ruine qui bordait le village de Pré-au-Lard. Aucune ne semblait cependant expliquer ce que leur professeur faisait ici ― malgré l'histoire énigmatique de l'endroit, la cabane hurlante était inhabitée depuis de nombreuses décennies et était simplement devenue un lieu de test de courage. Certains élèves mettaient d'autres au défi d'y passer plusieurs heures, seuls dans l'obscurité, en compagnie des soi-disant esprits et des craquements qui donnaient l'impression que la bâtisse pouvait s'effondrer à tout moment.

« Ces légendes représentent la règle de ne pas s'y rendre, répondit Dazai comme si c'était une évidence et qu'il était juste profondément stupide. Si elles courent année après année et sont aussi horrifiantes, c'est pour dissuader les élèves de s'y rendre.

― Celle qui raconte que c'était un refuge ne me semble pas particulièrement dissuasive, fit observer le rouquin.

― Parce que tu ne connais que la moitié de l'histoire. Les marginaux finissent normalement tous tués dans des circonstances étranges. Un jour ils faisaient la fête, et le lendemain, on retrouve leurs cadavres dans la neige. » Chuuya grimaça.

« Merveilleux. Mais quel est le rapport avec Mori ?

― Je n'en sais rien. » admit pour une fois Dazai. Cela semblait lui coûter de reconnaître une telle chose, d'ailleurs. « Je reste sur mon idée qu'il va effrayer les élèves.

― Il en serait capable, reconnut Chuuya. Ce prof adore effrayer les autres.

― C'est celui qui est le plus redouté de tout Poudlard d'après mes informations.

― Et ça ne m'étonne absolument pas. »

Ils échangèrent un regard.

« On le suit ? proposa Dazai après une seconde.

― C'est une très mauvaise idée, mais je dirais que c'est la tienne si on se fait prendre. »

D'ordinaire, Chuuya n'aurait pas consenti à suivre Dazai dans un de ses plans foireux, mais 1) il commençait sérieusement à geler sur place avec les flocons qui continuaient de tomber et l'inactivité dans ses muscles et 2) quitte à être coincé avec le brun, autant rendre cette sortie un tant soit peu intéressante. Chuuya n'était pas une commère comme Dazai, mais l'occasion d'élucider un mystère sur le professeur Mori était tentante. Et puis, il préférait largement rester dans ce coin, où peu d'élèves s'aventuraient surtout compte tenu de la météo, plutôt que de retourner au coeur du village où de nombreux autres élèves pourraient de nouveau les voir ensemble.

Les deux élèves se mirent donc discrètement en route ― le professeur avait déjà disparu à l'intérieur de la cabane, et la neige était de toute manière si haute qu'ils peinaient à avancer. Au moins avaient-ils une meilleure visibilité maintenant que le vent était un peu tombé : Chuuya n'avait plus peur de heurter des obstacles inconnus. Ils atteignirent la cabane au bout de quelques ― longues ― minutes de marche durant lesquelles Chuuya se demanda s'ils allaient vraiment l'atteindre un jour ou s'ils allaient rester coincés dans cette neige pour toujours.

Dazai s'empressa d'en pousser lentement la porte pour essayer de percevoir le moindre bruit. Devant l'absence de son, ils en profitèrent pour se réfugier un peu plus à l'intérieur et se rapprochèrent doucement du sous-sol d'où paraissait provenir une vague lumière.

« Cet endroit a vraiment une atmosphère bizarre, constata Chuuya dans un murmure en entrant.

― Si tu as peur, tu peux te coller à moi.

― Va mourir. »

Le rouquin prit les devants pour appuyer son propos ― ou en tout cas, le refus sous-jacent ― et descendit quelques marches ; au dernier moment, cependant, un bruissement de tissu se fit entendre, bien vite suivi d'une voix cinglante :

« Je peux savoir ce que vous fichez ? »