SUCRES D'ORGE & TROUBLE-FÊTE - 𝗯𝘂𝗻𝗴𝗼 𝘀𝘁𝗿𝗮𝘆 𝗱𝗼𝗴𝘀

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Chapitre Six - Dans le doute, demandez aux Akutagawa

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Lorsque Chuuya atteignit de nouveau l'entrée de sa salle commune, il avait retrouvé sa boucle d'oreille mais aussi réveillé la douleur dans les os de son bras encore endoloris après leur fracture : l'escalier avait manqué de délicatesse dans sa manière de le faire enfin atteindre l'étage qu'il cherchait à rejoindre, et son bras qui n'était pas encore complètement guéri protestait à sa façon.

Le jeune homme aux cheveux flamboyants ruminait toujours sa situation alors qu'il descendait jusqu'aux sous-sols : le pari auquel il allait devoir se plier et, bien sûr, sa récente interaction avec le brun. Son arrogance le rendait fou. S'il passait la journée avec lui, il était certain que seul un d'eux rentrerait à Poudlard le soir. Soit Chuuya parce qu'il aurait étranglé Dazai dans la forêt, soit Dazai parce que Chuuya aurait trouvé un moyen de drastiquement mettre fin à sa souffrance.

Dans tous les cas : cela ne finirait pas paisiblement.

Avec lassitude, il donna à la gargouille qui gardait l'entrée de la salle commune le mot de passe actuel ― Mouche pour une raison obscure ― et pénétra dans la pièce tamisée qui donnait sur l'intérieur du lac. Il aimait y revenir parce qu'il se sentait toujours plus calme dans cette salle commune : ici, seuls les Serpentards pouvaient pénétrer et il n'y avait aucune chance qu'il ne tombe sur quelqu'un qui l'agacerait encore davantage. D'ailleurs, il n'y avait quasiment personne dans la salle commune : Chuuya se doutait que personne n'avait le coeur à la fête, et que tout le monde s'était plutôt retranché dans ses dortoirs pour ruminer la défaite et commencer, déjà, à établir une nouvelle stratégie.

Après tout, ils n'avaient pas encore perdu la Coupe ― et ils avaient encore deux ans pour prendre leur revanche sur Serdaigle. Chuuya aussi se sentait particulièrement motivé pour cet affrontement à venir, même s'il lui faudrait attendre un an pour avoir de nouveau l'occasion de se mesurer à Dazai.

Chuuya allait apprendre à cet abruti ce qu'il en coûtait de se moquer de lui.

Ignorant les rares regards curieux qui se posèrent brièvement sur lui alors qu'il pénétrait dans la salle commune, le jeune homme se laissa tomber avec toutes ses affaires sur un des fauteuils inoccupés, et soupira profondément en fermant les yeux pour calmer ses nerfs. Quand il les rouvrit, la place vide en face de lui était occupée par deux nouveaux venus : Ryunosuke et Gin Akutagawa.

« Ça va, ton bras ? » lui demanda cette dernière en pointant du menton son membre blessé. Il hocha la tête.

« Ouais. L'infirmière Yosano m'a fait boire sa potion affreuse. Il est pas complètement ressoudé, mais j'avais pas envie de passer la nuit là-bas. »

Le frère et la soeur opinèrent, comprenant visiblement sans mal sa motivation. Ils ne jouaient pas eux-mêmes au Quidditch, mais les blessures étaient courantes parmi les joueurs et tout le monde savait que rester à l'infirmerie coincé avec l'infirmière Yosano n'était pas une partie de plaisir ― elle aimait un peu trop réaliser un check-up complet pour de simples broutilles. Check-up qui impliquait l bien trop de sang et de scalpels à leur goût.

Chuuya ne connaissait pas particulièrement bien les Akutagawa, même s'ils avaient déjà parlé à de nombreuses reprises en tant que camarades de maison. Ils étaient respectivement un et deux ans plus jeunes que lui et ils se voyaient surtout aux repas. Il les trouvait globalement sympathiques, même s'ils étaient avares de mots en général ; au moins, ils ne faisaient pas de fausses promesses et étaient authentiques dans leurs paroles, eux.

Pas comme une certaine autre personne que Chuuya ne citerait pas.

« C'est dommage que Serdaigle ait été plus rapide, c'était serré, poursuivit la jeune femme. Tout le monde a vu qu'à quelques secondes près, vous auriez gagné. » Son frère opina.

« Et, pour une fois, Dazai ne peut pas clamer avoir le beau rôle. Il n'a rien eu besoin de dire à son attrapeur. »

Chuuya soupira. Il devinait qu'Akutagawa lui disait cela pour qu'il se sente un peu rasséréné, mais il continuait de songer à l'enfer qui l'attendait à Pré-au-Lard la semaine suivante. Coincé avec Osamu Dazai. Rien que la pensée lui donnait envie de se jeter dans le lac. Après un instant de silence, il demanda au frère et à la soeur :

« Dazai n'a rien dit de spécial, après la victoire ? » Il savait que cette question piquerait la curiosité des deux Serpentards, mais il avait besoin de savoir si le brun avait déjà commencé à raconter qu'ils iraient ensemble à cette sortie ou s'il laisserait le château entier s'en apercevoir le jour venu. Les deux sorciers échangèrent un regard intrigué, mais Gin lui répondit malgré tout :

« Non, rien du tout. Il semblait juste un peu inquiet, quand t'es tombé. » Chuuya haussa un sourcil, sceptique quant à cette information. Il se préoccupait probablement seulement de savoir si le rouquin allait réussir à échapper à leur « rendez-vous » de la sorte. Cela l'aurait bien ennuyé dans ses plans que Chuuya finisse à Sainte-Mangouste ― il regrettait presque que cela n'ait pas été le cas.

« Il n'a pas eu l'occasion de briller, répéta-t-il finalement pour changer à nouveau le sujet. C'est déjà une consolation. »

Il se redressa ensuite sur son fauteuil, grimaça en surmenant son bras toujours en cours de réparation, puis demanda à nouveau :

« Ça vous dérangerait de m'acheter des bonbons à Honeydukes pour ma petite soeur ? Je ne suis pas sûr de me rendre à Pré-au-Lard la semaine prochaine. » Il comptait bien, en tout cas, tout faire pour y échapper. Gin et Ryunosuke échangèrent de nouveau un regard ― à croire qu'ils communiquaient par la pensée ― et cette fois-ci, ce fut le jeune homme qui lui répondit :

« Il paraît qu'il y a un passage secret qui mène jusqu'à Honeydukes. Depuis Poudlard. »

Chuuya se redressa encore plus, soudainement très, très intéressé. On aurait presque pu croire qu'il allait prendre en note tout ce que le jeune homme aux cheveux bicolores allait lui dire.

Ce qui était, pour ainsi dire, le cas : s'il tenait une possibilité d'échapper à sa torture, il n'allait pas s'en priver.