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Chapitre Onze - Jamais deux sans trois 

¡!

Le petit éclat de voix de Dazai était encore moins passé inaperçu que sa remarque précédente devant la Grande Salle ; plusieurs des amis de Chuuya lui posèrent des questions plus ou moins discrètes à ce sujet, allant de Il se passe quelque chose avec Dazai ? à Tu vas à Pré-au-Lard avec lui ? Le jeune homme aux cheveux roux tenta tant bien que mal de calmer les rumeurs qui ne tarderaient pas à naître, surtout compte tenu du calendrier et des légendes urbaines qui n'étaient pas en sa faveur.

Malheureusement pour lui, tout le monde semblait savoir qu'il était prévu qu'il aille à Pré-au-Lard avec Dazai. Avant Noël. Pour les fêtes de fin d'année, considérées comme la période la plus romantique après la Saint-Valentin selon des critères moldus que sa soeur lui avait énoncés une fois. C'était d'un ridicule terrible, surtout pour le jeune homme qui n'avait aucune attache avec cette tradition religieuse moldue que représentait Noël. Les sorciers se l'étaient juste réappropriée, comme la totalité du monde non-magique, pour des raisons qui lui échappaient : la magie, chez eux, c'était toute l'année, pas juste à Noël.

Le seul réconfort qu'il tirait dans toute cette histoire, c'était les confrontations insolites qu'il entretenait au détour d'un couloir avec certains élèves ; il avait toujours su qu'il n'était pas le seul à mépriser Dazai de tout son coeur, mais n'avait jamais eu la chance de pouvoir converser avec des élèves qui partageaient son opinion assez acérée sur lui.

Il y en avait cependant, et il le découvrit lors d'un de ses cours de sortilèges, qu'il avait en commun avec les Gryffondors. Il n'était pas particulièrement ami avec les rouge et or ― pas nécessairement à cause de la vieille rancune qu'avaient un jour partagée les fondateurs de leurs maisons, mais surtout parce qu'ils se cotoyaient peu en dehors des cours et du Quidditch et qu'ils n'avaient jamais eu d'atomes crochus particuliers.

Il connaissait cependant certains d'entre eux ― Michizô Tachihara, par exemple, était un bon ami de Gin avec qui il avait déjà échangé quelques mots. Il connaissait également, de réputation, les Tanizaki, un frère et une sœur très proches qui excellaient en botanique. C'est sur eux deux qu'il tomba, la veille de la sortie, alors qu'il sortait de sa salle parmi les derniers, étant resté pour nettoyer les débris d'une glace qu'il avait brisée en faisant dévier son sortilège inconsciemment en entendant des idiots parler de la potentielle romance qu'il y aurait entre Dazai et lui ― pitié, par Merlin, jamais de la vie.

Ils ne devaient pas spécialement l'attendre, après tout ils ne se connaissaient pas et ils semblaient plutôt plongés dans une conversation passionnée, mais leurs regards se croisèrent alors que Chuuya sortait et qu'il tombait nez à nez avec le jeune homme aux cheveux roux, qui essayait de se soustraire à l'étreinte de sa soeur.

« Oh, Nakahara. » le reconnut le frère ainé. Le susnommé allait simplement hocher la tête pour reconnaître sa présence et tracer sa route pour retourner dans sa salle commune, mais le Gryffondor le retint : « Il paraît que tu vas à Pré-au-Lard avec Dazai ? » Le jeune homme aux cheveux flamboyants laissa échapper un long soupir exaspéré avant de rétorquer :

« Tu crois toutes les rumeurs qui circulent dans le château ? » La remarque, acerbe, avait pour objectif de lui faire lâcher le sujet mais, à sa grande surprise, Tanizaki hocha la tête, visiblement convaincu.

« Je me disais bien que c'était invraisemblable. Qui pourrait supporter Dazai pendant toute une journée à part les filles dingues de lui ? » La remarque ne sonnait même pas si péjorative que cela ; cela ressemblait plus à un constat assez désespéré, et Chuuya devina que l'arrogance du brun et l'étrange succès qui en découlait pourtant était ce qui laissait le Gryffondor assez las.

« Ça fait quand même beaucoup de gens visiblement, commenta Chuuya.

On est quand même quelques-unes à ne pas partager cette opinion, fit remarquer la plus jeune Tanizaki en croisant les bras sur sa poitrine. Il est trop condescendant avec les autres. Je me demande comment ça se fait qu'il soit aussi apprécié. La seule fois où je lui ai demandé quelque chose, en botanique, il m'a donné de fausses indications !

D'après ce que tu m'as dit, elles étaient vraies, lâcha son frère. Mais il ne t'a pas montrée la bonne plante, donc tu les a appliquées à la mauvaise...

Comme s'il ne le savait pas ! » bougonna la jeune femme aux cheveux noirs.

Chuuya laissa échapper un petit rire amusé. C'était toujours réconfortant de savoir qu'il n'était pas le seul à cumuler un certain nombre de griefs envers le jeune homme aux cheveux bruns. Jugeant la conversation achevée cette fois-ci, il hocha la tête pour signaler son départ imminent et tourna les talons. Avant qu'il ne se soit complètement éloigné, cependant, il repensa à quelque chose et se tourna à nouveau vers les Tanizaki, qui discutaient.

« Vous avez perdu contre Serdaigle l'année dernière, non ? »

Le match avait fait parler de lui, Chuuya s'en souvenait très bien, car il signait le départ du capitaine de l'équipe qui avait juré de remporter la coupe pour sa dernière année ― c'était un peu le cas de tous les capitaines en septième année, mais c'était particulièrement vrai pour celui-ci, qui avait vu Gryffondor remporter une coupe pendant ses premières années à Poudlard, avant de perdre graduellement contre Serdaigle alors que son poursuiveur de génie s'installait. Tout le monde attendait désormais la revanche hypothétique entre les deux équipes qui arriverait au mois de mars ― Chuuya compris, même si cela ne le concernait pas.

Les deux Tanizaki, tous deux joueurs, grimacèrent.

« Ouais. Dazai a repéré le vif d'or au bout de plus d'une heure de jeu, c'était exceptionnellement long pour lui. On menait à ce moment-là, mais ça leur a finalement permis de gagner. » Chuuya supposa que c'était une autre des raisons pour lesquelles Dazai n'était pas très populaire auprès d'eux. Même si c'était du sport et qu'il fallait être fairplay....

« Si vous aviez une opportunité de vous venger de lui en vous humiliant d'abord, vous le feriez ? » 

Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait posé la question, mais elle l'avait démangé. Fort heureusement, les deux Gryffondors répondirent sans relever l'étrangeté de celle-ci, et sans hésiter :

« Ouais.

― Enfin, se venger, c'est un terme un peu fort, nuança ensuite Tanizaki en jetant des coups d'yeux autour de lui, comme s'il craignait de voir un professeur sortir de nulle part. Mais juste lui rendre la pareille sur un match et l'emporter de justesse pour lui remettre à sa place, ouais. On s'en fiche des conséquences. On se préoccupe juste de la satisfaction qu'on en retirera. »

Peut-être que cette remarque était la dernière preuve dont Chuuya avait besoin pour accepter son sort, et le destin qui l'attendait le lendemain.

SUCRES D'ORGE & TROUBLE-FÊTE - 𝗯𝘂𝗻𝗴𝗼 𝘀𝘁𝗿𝗮𝘆 𝗱𝗼𝗴𝘀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant