SUCRES D'ORGE & TROUBLE-FÊTE - 𝗯𝘂𝗻𝗴𝗼 𝘀𝘁𝗿𝗮𝘆 𝗱𝗼𝗴𝘀

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Chapitre Trois - Pari et agonie

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Les malheurs de Chuuya avaient commencé deux jours avant le match.

Pour être parfaitement correct, il aurait fallu dire que ses malheurs avaient commencé le jour où Osamu Dazai avait intégré l'équipe de Quidditch de Serdaigle mais cela impliquait trop de choses. Ses malheurs actuels étaient dû à la conversation que Dazai et lui avaient échangée deux jours plus tôt, en sortant de leur cours commun de métamorphose.

Même pendant ces cours, ils ne s'adressaient d'ordinaire pas la parole, Chuuya préférant rester avec ses amis de Serpentard plutôt que de parler à ce type arrogant qui lui tapait sur les nerfs. Mais ledit type arrogant ne le laissait que rarement tranquille, surtout avant un match les opposant. Quand il avait entendu Chuuya dire qu'il ne suivrait pas ses amis dans la salle commune puisqu'il avait un entraînement après le cours, il s'était bien entendu senti obligé de ramener sa fraise.

« Que de sérieux, vous pratiquez même le soir ! » avait-il lâché en rejoignant Chuuya à grandes enjambées alors que celui-ci s'éloignait de ses camarades. Le rouquin avait levé les yeux au ciel en rétorquant :

« Rien n'est trop beau pour avoir une opportunité de vous battre une troisième année consécutive. » Le brun avait plissé les yeux en le dévisageant avec amusement.

« On ne va pas se laisser faire, tu sais ? On a appris à vous connaître maintenant, et on gagnera ce match. » Chuuya avait reniflé avec mépris en essayant de ne pas se laisser atteindre par l'arrogance de Dazai qui avait le don de le faire sortir de ses gonds.

« On verra ça samedi. Viens pas pleurer quand on vous aura écrasés. »

Le Serpentard avait ensuite entrepris d'accélérer le pas pour semer son camarade indésirable, mais le bleu et bronze l'avait rattrapé à grandes enjambées ― foutue grande perche. Chuuya avait envie qu'il lui fiche la paix, et il lui aurait bien jeté un sort pour cela, mais ils étaient encore trop près de la salle de métamorphose et une heure de retenue était tout ce dont il n'avait pas besoin présentement.

« Je pourrais te retourner la remarque, avait lâché Dazai. Parce qu'il me semble évident que nous allons gagner.

― Tu fais de la divination maintenant ? avait raillé Chuuya. Le fond de ton thé t'a prédit une fortune à venir ? »

Le rouquin n'avait jamais compris l'intérêt qui résidait dans cette matière et était soulagé qu'elle soit facultative. Il n'était pas venu à Poudlard pour qu'on lui lise son avenir dans une boule de cristal. Et il savait très bien, d'ailleurs, que Dazai ne suivait pas plus cet enseignement que lui. Il était inscrit dans les plus difficiles ― aux yeux des élèves ―, à savoir runes et arithmancie.

(Comme Chuuya d'ailleurs, à son plus grand désespoir.)

« C'est évident, avait répété Dazai sans se laisser atteindre par sa mauvaise foi. Tout le monde s'en rend compte. » Chuuya avait haussé les épaules.

« Tu dis ça, mais la cote est en faveur de Serpentard.

― Parce que vous avez gagné deux fois. L'année prochaine, je peux te promettre qu'elle sera en faveur de Serdaigle. »

Chuuya l'avait foudroyé du regard, tout en regrettant le fait que ce château soit si grand. Il n'était pas encore arrivé au terrain de Quidditch, et connaissant Dazai, il allait lui coller aux basques jusqu'à ce qu'il l'atteigne ― probablement même après, pour continuer de les espionner encore un peu.

« On verra ça samedi, avait-il répété, alors fiche-moi la paix, tu veux ? » Une lueur amusée était passée dans les yeux de Dazai et il avait fait mine de réfléchir à quelque chose.

« Tu sais ce qui serait drôle ?

― Te voir chuter de ton balai.

― Intéressant mais non, avait répondu sérieusement Dazai. On devrait rendre ce match un peu plus... Excitant. » Chuuya avait levé un sourcil.

« Excitant ? Le château ne parle que de ça depuis deux semaines au moins.

― Pour eux, c'est excitant, ce sont les spectateurs. Mais pas pour nous. On devrait faire quelque chose pour remédier à ça. »

Chuuya savait que l'écouter était une mauvaise idée. Tout ce qui sortait de la bouche de Dazai n'était que pure stupidité quand cela touchait à ce genre de sujets. Il avait néanmoins attendu que son camarade conclue et avait été presque déçu par la banalité de sa réponse :

« On devrait faire un pari. » Il avait soupiré.

« C'est ça ton idée ? Tous les élèves l'ont eue avant toi.

― Pas avec de l'argent, l'avait corrigé Dazai, autre chose. Le gagnant qui demande quelque chose au perdant, tu vois ? »

Chuuya voyait en effet, et une part de lui trouvait la proposition attrayante. Pouvoir demander à Dazai de faire quelque chose pour lui, sans que celui-ci ne puisse se défiler, cela lui semblait très intéressant. D'un autre côté, eh bien, si Serpentard perdait le match...

Non, s'était-il repris. Serpentard ne perdrait certainement pas contre Serdaigle. C'était inconcevable : après tout, ils avaient gagné les deux dernières années et la composition de leurs équipes respectives n'avait que peu varié depuis. Le match allait probablement être semblable aux deux précédents et se solder par une « écrasante » victoire de Serpentard.

C'était cette conviction qui avait poussé Chuuya à hocher la tête.

« OK. Je vais réfléchir pour trouver le truc le plus humiliant que je puisse te demander de faire. » avait-il déclaré avec confiance. Dazai lui avait retourné un sourire amusé.

« Pour ma part, je sais déjà ce que je vais te demander. » Cela avait à la fois piqué la curiosité et déclenché les signaux d'alarme internes de Chuuya. Il avait demandé :

« Et ce sera quoi ? »

Dazai avait pris tout son temps pour répondre, laissant s'étirer entre eux un long, très long silence qui avait failli rendre le jeune homme aux cheveux flamboyants fou. Alors qu'il s'était résigné à ne pas avoir de réponse claire de la part du brun, celui-ci avait répliqué :

« Je te demanderais de m'accompagner à Pré-au-Lard pour la sortie de la semaine prochaine. »

Il s'était éclipsé sur ces mots, sans laisser à Chuuya le temps de s'offusquer. Dans les faits, la sentence ne semblait pas si terrible puisque tout le monde aimait les visites à Pré-au-Lard, surtout avant les fêtes où le petit village se parait de belles décorations et de cadeaux originaux à offrir pour Noël.

Le problème, c'était que cette sortie était hautement connotée du fait de la période de l'année.

On tendait à considérer que ceux qui allaient à Pré-au-Lard à deux, en général mais surtout pendant Noël, formaient un couple. Ou en tout cas, qu'il y avait des intentions romantiques dans leur relation.

Y aller avec Dazai, c'était l'humiliation la plus totale.

Et, désormais allongé dans le lit de l'infirmerie tandis que les os de son bras se resoudaient entre eux, Chuuya ruminait son désespoir à venir.