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Chapitre Sept - Alibis
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Le passage secret existait bel et bien ― d'après Ryunosuke, ce n'était qu'une rumeur, mais Chuuya en avait désormais le coeur net : il était possible de rallier Honeydukes et Poudlard en passant derrière la statue de la Sorcière Borgne. Il ne parvenait pas à croire qu'il était en cinquième année et venait tout juste de l'apprendre. C'était un fait connu et accepté que Poudlard regorgeait de passages dissimulés dans ce genre, mais il semblait parfois au rouquin que personne ne les connaissait tous. On tombait dessus par hasard et on se passait le mot discrètement, de manière à ce que les profs ne s'en aperçoivent jamais et ne tentent pas de le condamner.
(Enfin, considérant qu'ils avaient tous été élèves à Poudlard avant eux, ils avaient sans doute appris à leur époque aussi l'existence de tous ces passages. Peut-être que ces passages étaient faits pour subsister après tout, et que même si les adultes en avaient conscience, ils n'essayaient pas de les faire disparaître en souvenir des enfants qu'ils avaient été et qui en avaient tout autant profité.)
Le jour de la sortie à Pré-au-Lard n'était pas encore arrivé, mais le jeune homme aux cheveux flamboyants avait préféré s'aventurer dans le passage pour vérifier son existence avant de prendre la moindre décision concernant celle-ci. Il fallait toujours se méfier des rumeurs : pendant des années, certains septièmes années avaient raconté qu'il y avait un trésor enfoui dans la salle commune des Serpentards. Si une telle chose existait, personne ne l'avait encore trouvé ; et pourtant, les élèves avaient retourné la moindre pierre de l'endroit, magiquement et physiquement.
Le doute n'était cependant plus permis pour le jeune homme aux cheveux roux : il avait remonté un long tunnel dissimulé derrière la statue de la Sorcière Borgne, avant de déboucher sur une trappe qui l'avait fait tomber au milieu de la réserve de la célèbre confiserie. Il n'avait qu'à se servir pour récupérer tout ce qui ferait le bonheur de Taeko... Mais il préférait s'abstenir pour l'instant. Et puis, il ne voulait pas voler les employés : il comptait bien payer ses acquisitions. Il attendrait le jour de la sortie pour emprunter le passage et se faufiler dans la masse d'élèves de Poudlard qui s'y rendrait.
En espérant ne pas tomber sur Dazai, mais cela ne devrait pas être trop dur. Il n'avait plus qu'à trouver une excuse pour expliquer à Dazai qu'il ne viendrait pas. Sans doute lui dirait-il qu'il était malade. Personne ne l'accuserait de mentir s'il se rendait de son plein gré chez l'infirmière Yosano.
(Oui, il préférait encore se faire disséquer que sortir avec Dazai.)
Le plan du jeune homme lui semblait absolument infaillible.
Sa petite découverte enfin réalisée, il eut toutes les peines du monde à contenir son soulagement, surtout quand il croisa Dazai, un peu plus tard ce jour-là ― il avait vérifié l'existence du passage très tôt le lendemain du match, de toute manière incapable de dormir à cause de la douleur de son bras. Au petit matin, l'os semblait enfin d'être ressoudé et il n'avait quasiment plus mal; il avait pu en profiter pour s'aventurer discrètement à une heure où tout le monde dormait encore, et surtout les Serdaigles un peu trop curieux qui avaient dû allégrement célébrer la veille.
« Pourquoi t'as l'air aussi content ? C'est la perspective de me voir qui te rend heureux ? demanda le brun, moqueur, lorsqu'ils se croisèrent au détour du couloir menant à la Grande Salle à l'heure du déjeuner.
― Ma journée était agréable avant que je ne te croise, répondit Chuuya en contenant sa satisfaction tant bien que mal.
― Je peux en dire autant. Je pensais que l'humiliation d'hier te ferait rester terré dans ta chambre.
― Ferme-la. » Il y avait des témoins, c'était regrettable. Chuuya aurait bien voulu l'étrangler sur place ― une autre manière de résoudre son problème de pari au fond.
« Je vois que c'est toujours l'amour fou entre vous deux. »
Une troisième voix les prit soudainement par surprise ; ils se retournèrent pour croiser le regard amusé d'Oda, un élève de Poufsouffle de leur année et, accessoirement, un ami proche de Dazai.
(Le seul sans doute, et personne ne savait comment il le supportait encore.)
Chuuya ne le connaissait pas beaucoup, mais il l'aimait bien. C'était quelqu'un de simple, fidèle aux clichés des Poufsouffles si Chuuya osait dire, mais en cela assez sympathique. Bien plus que l'idiot qui lui servait d'ami au fond. Un jour, pendant un cours qu'ils avaient en commun, Chuuya lui avait demandé comment il s'était retrouvé ami avec un type aussi lunaire que le Serdaigle.
La réponse l'avait étonné ― Oda lui avait raconté comment, par un hasard du Poudlard Express, ils s'étaient tous deux retrouvés dans le même wagon le jour de leur entrée en première année. Ils se connaissaient déjà de nom : la famille Dazai était une famille de sang-pur relativement connue, et la mère d'Oda travaillait au Ministère. Ils avaient commencé à parler, et Oda avait d'emblée eu la sensation que Dazai ne l'aimait pas.
(Chuuya comprenait pourquoi : le jeune homme aux cheveux bruns pouvait être incroyablement condescendant dans sa manière de se comporter avec autrui, même quand il n'essayait pas de l'être ― ou alors, il l'était en permanence en réalité. Difficile de savoir avec lui.)
Une fois la répartition écoulée, les deux jeunes garçons de douze ans à l'époque avaient chacun pris le chemin de leur maison respective, mais ils s'étaient revus peu après dans plusieurs cours et avaient fini l'un à côté de l'autre. Et, finalement, il s'était avéré que seul Oda était capable de tenir une heure de cours assis à côté du génie de Serdaigle. Parce qu'il se fichait de savoir que le brun le regardait avec condescendance, ou qu'il soit capable d'accomplir tous les sorts du premier coup.
Oda était un vrai Poufsouffle parce qu'il n'avait pas l'ambition démesurée qu'ils pouvaient tous avoir, eux, élèves de Poudlard en semi-compétition les uns avec les autres. Chuuya l'appréciait pour cela, entre autres choses.
« Bien entendu, Odasaku ~ » lui rétorqua Dazai ― toujours avec ce surnom que seul lui utilisait. Il lui offrit un sourire innocent. « Je disais justement à Chuuya à quel point j'espérais que son bras se remettrait pour mercredi prochain. Surtout que l'infimière Yosano sera absente ce jour-là, d'après le mot sur sa porte. »
Il prononça la fin de sa phrase d'une voix forte, de manière à briser tous les espoirs de Chuuya et à être parfaitement entendu par tous ceux qui se trouvaient autour d'eux, à savoir une foule de personnes puisqu'on était dimanche et qu'il était l'heure du repas. Sa remarque déclencha instantanément une pluie de murmures parmi tous ceux qui avaient entendu, tandis que Dazai s'éloignait à grandes enjambées pour rejoindre ses camarades à table et que Chuuya restait debout devant l'entrée, sans voix.
Il lui fallut quelques secondes pour décider de la suite de ses agissements ― soit il étranglait le brun devant tout le monde, soit il attendait qu'ils soient seuls.
Finalement, Oda lui posa une main sur l'épaule avec compassion en précisant :
« Je te dirais bien qu'on finit par s'y habituer, mais j'ai peur que non. » Chuuya lui jeta un regard implorant.
« Je peux le pousser du haut de son balai au prochain match ? » Le jeune homme aux cheveux auburns lui offrit un mince sourire.
« Je te donnerai un alibi. »
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SUCRES D'ORGE & TROUBLE-FÊTE - 𝗯𝘂𝗻𝗴𝗼 𝘀𝘁𝗿𝗮𝘆 𝗱𝗼𝗴𝘀
Hayran Kurgu─ ( 🍭 ) ❝ JE PRÉFÈRE ENCORE PASSER UN JOUR EN TÊTE À TÊTE AVEC LE CALAMAR GÉANT QU'UNE HEURE AVEC TOI. ❞ Les plans de Chuuya pour la fin de l'année civile sont simples : remporter le match Serpentard/Serdaigle, profiter de la sortie à Pré-au-Lard e...