J'ouvris mes yeux. Le soleil brillait tellement fort, que j'avais eu du mal à les laisser ouverts. Ses doux rayons m'effleuraient la peau, la réchauffant légèrement de la nuit froide qu'elle a passé. Il devait être environ 5 heures du matin. Mes jambes sont engourdies. C'est comme si elles étaient mortes. Mais bon, je suppose que celles-ci s'en remettront.
J'ai de l'école. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça ne me tente pas d'y aller. L'école tue les ados. Pas juste au sens figuré; la fatigue, l'empêchement de faire des activités la fin de semaine, le stress. Au sens propre aussi. L'école a fait bien des victimes depuis quelques temps. Suicides, après suicides, suivis par d'autres suicides. Ça nous rend malheureux de devoir toujours être parfaits pour plaire à des personnes, qui, au fond, on n'apprécie même pas. Et puis, nous avons tous nos petits problèmes personnels, des problèmes à la maison, des problèmes d'argent, de drogue, d'alcool, de cigarette. Alors l'école, on ne s'en soucie plus. Et étant donné qu'on ne s'en soucie plus du tout, on double, puis on triple, on quadruple nos cours. Ce qui finit qu'au moment où on à l'âge de partir, nous lâchons tout. Fini. Finito.
Mais bref, je n'ai guère le choix. Je tente de me remettre sur mes pieds sans tomber en pleine face. -Opération réussie.- Le ciel était d'un bleu pâle magnifique et il y avait plein de petits nuages blancs qui flottaient un peu partout. La vie semble si parfaite...
Un jour, quand j'étais triste, quelqu'un m'a dit ; «Life is beautiful». Sur le coup, je croyais ses paroles, je croyais également que cette personne devait avoir une belle vie pour pouvoir dire ça. Mais celle-ci m'a prouvé le contraire. On l'a retrouvée morte un jour après, dans la salle de bain, les veines tranchées. Sarah... Son nom était Sarah. Elle était ma sœur.
Je me souviens.. J'avais neuf ans. Je revenais de l'école, en larmes. Dans ce temps là, j'étais une petite timide, et les autres enfants ne se gênaient pas du tout à se moquer de moi. Je m'étais écrasée sur mon lit, et je pleurais de plus belle. Et puis, elle est venue, m'a pris dans ses bras le temps que je me calme..
/flashback/
Sarah- Qu'est ce qu'il se passe ma belle?Moi- Des garçons m'ont traitée de laide et de grosse aujourd'hui dans la classe...
Sarah- Eh bien, ces garçons là n'ont absolument aucun goût, car tu es la plus magnifique de toutes les petites filles de la terre.
Moi- Tu trouve..?
Sarah- Oui bien sûr. Allez, ne pleure plus, profite de ta vie.. Life is beautiful my darling.
Moi- Okay Sarah.. Merci, je t'aime.
Sarah- Je t'aime aussi ma cocotte.
Après, elle est sortie de ma chambre, me laissant alors seule. Dans le temps, je ne comprenais pas très bien l'anglais, mais je me suis rappelée de ses mots. Ce soir là, avant de m'endormir, j'avais entendu des sanglots venant de la chambre qui était à côté, celle de ma sœur. J'étais jeune et insouciante, alors j'avais tout simplement décider de les ignorer et de me coucher.
Le matin qui suivait, je voulais entrer dans la salle de bain, mais la porte était barrée. Ici, chez nous, on ne barre pratiquement jamais la porte, alors j'ai tout de suite paniqué. Ne sachant pas quoi faire, je cherchais Sarah pour qu'elle m'aide à débarrer la porte, mais je ne l'ai trouvée nul part. J'étais alors allée demander à ma mère de déverrouiller la porte, mais à la place d'essayer de faire ceci, elle s'était mise à crier le nom de mon père comme une folle. Mon père monta les marches deux à la fois jusqu'à l'étage où se trouvait la pièce. Il cogna à la porte. Personne ne répondit. Il cogna encore une fois, mais plus fort. Encore aucune réponse. Il criait alors à ma sœur d'ouvrir la porte..-SARAH, BON SANG, OUVRE CETTE FICHUE PORTE!
Pas de réponse.. Ma mère courait jusqu'au téléphone, elle n'avait composé que trois chiffres et une voix calme et sereine de femme se fit entendre. Mon père me prit par le poignet pendant que ma mère parlait d'une vitesse inouïe à la dame au téléphone. Il serrait tellement fort mon poignet que j'aurais juré que celui-ci allait se briser en deux. J'étais restée cachée dans le cadrage de la porte, pendant que mon père avait carrément défoncé la porte. Ma sœur était là, comme maman et papa l'avait prédis, et elle se vidait de son sang, comme maman et papa pensaient. Elle semblait... En paix.
/fin du flashback/
Ma sœur était celle en qui j'avais le plus confiance. Elle était gentille, souriante et tellement douce avec moi, tout le contraire de mes parents. Mon père étant un ivrogne et ma mère n'étant jamais là, c'est elle qui prit charge de moi, comme si elle était ma mère. Sarah était toujours là pour moi quand je n'allais pas bien, et elle arrivait toujours à me rassurer. Elle était d'une beauté incroyable, pas un seul défaut. Tous les garçons l'aimaient, elle.. Mais maintenant je me rends compte que la majorité des filles ne l'appréciaient pas, en grande partie à cause de leur jalousie envers elle. Sarah était la raison que je réussissais si bien à l'école, c'est elle qui m'aidait avec mes devoirs. Elle était la raison pour laquelle j'étais encore en vie à l'âge de 9 ans, et non abandonnée dans une petite ruelle sombre. Elle était ma raison d'être heureuse. Et elle est maintenant morte.
Morte.
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