Chapitre 21 : Mi luna

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Alors que je m'apprêtais à prendre l'un des coffres avec Rémi, je trébuche. Je manque de peu de tomber, cependant Mathieu me rattrape. Isa, qui nous avait rejoints, m'interroge du regard. Je lui réponds donc :

- Il y avait un très bon vin dans cette cave. Ils l'ont probablement acheté ici étant donné que cet endroit est très réputé pour son vin.


Assez surprise, elle regarde Mathieu qui me retient toujours. Il balaye ces interrogations de la tête et lui dit :

- Prends le coffre avec Rémi, s'il te plaît. Je vais ramener Jane dans sa cabine.

Elle hoche la tête et part aider Rémi avec le coffre. Quant à moi, je me redresse, me séparant ainsi de Mathieu qui malgré tout, par prudence me tient par le bras. Nous montons sur le bateau. Une fois arrivé dans ma cabine, je me laisse tomber sur mon lit. Alors que Mathieu s'apprêtait à dire quelque chose, il se tait avec un mouvement de recul. Il me regarde en souriant quand je prends dans mes bras ma peluche, un ours polaire. Je me roule en boule avec un horrible mal de tête.

- Repose-toi, dors un peu, me conseille-t-il avant de partir en fermant la porte derrière lui

Suivant son conseil, je m'endors, épuiser par cette soirée.

Au bout de quelques heures, je me réveille avec un mal de crâne plus puissant que celui que j'avais avant de dormir. Je tente de me redresser, mais mes courbatures m'en empêchent. À la recherche d'eau, je regarde un peu partout. Jusqu'à tomber sur une bouteille avec un verre posé sur ma table de chevet. Je l'attrape et me sers un verre, puis deux puis trois.

Ayant fini ma bouteille, mais toujours assoiffé, je me lève avec difficulté. Je traverse le couloir et arrive sur le pont. Aveuglé par la lumière du jour, je me cache les yeux. Après que mes yeux se soient enfin adaptés à la luminosité, j'enlève ma main de devant mes yeux. Puis je pars en direction de la cuisine. Le bateau tangue et cela me donne des nausées. Ne voulant pas salir le sol, je me précipite vers la rambarde et vomis par-dessus bord. Je sens des mains me tenir mes cheveux. Des mains que je reconnais à leur contact. Ayant fini de déglutir, je lui demande en gardant ma tête vers l'océan :

- Tu n'es pas supposé me détester ?

- J'allais te ramener plus d'eau,
répond-il en posant une bouteille en verre sur la rambarde

J'en prends une gorgée afin de rincer ma bouche. Je crache l'eau et bois la quasi-totalité de la bouteille.

- Tu ne me détestes donc pas ?

- Je veux bien que tu retentes de m'en convaincre,
me propose-t-il avec un sourire au coin de sa bouche

Avant de partir, je pose ma main sur son torse et réponds en le regardant droit dans les yeux :

- Tu peux rêver.

À présent dos à lui, il m'avoue :

- Je ne te déteste pas, mais qu'une partie de toi.

Je me tourne, intriguée.

- Laquelle ?

- Celle qui veut te faire croire que me détester est la seule solution,
précise-t-il

Je le regarde un moment essayant de comprendre ce qu'il vient de me dire. Pourquoi pense-t-il que je ne le déteste pleinement pas ? Et s'il avait raison ? Assez perplexe, je m'avance vers la rambarde à côté de lui. En face de moi, le lever de soleil que je regarde sans penser à quoi que ce soit. Lui aussi regarde le coucher de soleil. Appuyé sur la rambarde avec mes deux mains, l'une est couverte par la sienne. Et à cet instant, je me rappelle pourquoi je le déteste.

- La solution de quoi ?

- Pour ne pas t'attacher.


Il me regarde à la recherche d'une quelconque réaction de ma part, mais rien. Je me contente sourire aux bêtises qu'il sort.

- Tu veux savoir pourquoi je te déteste ?

Curieux, il se tourne vers moi avec un sourire aux lèvres et me répond :

- Oui.

Je retire sa main en lui expliquant :

- Parce que je déteste ça, ce que ça fait. Parce que je ne veux pas de ça et de tout ce qui va avec.

- Tu es en train de me dire que tu détestes le fait de ressentir des sentiments pour moi,
interprète t-il.

- Oui.

La tête en arrière et la mâchoire contractée, il lâche un rire dans un soupir. Ses yeux me transpercent. Son regard est tellement puissant que je ressens la haine qu'il éprouve pour moi à cet instant.

La sirène ( en réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant