Chapitre 23 : Bataille décisive

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Son regard sur moi est plein de tristesse, il s'avance d'un pas et attend une réaction de ma part. Je fais un pas, dans ses yeux, je revois la journée qu'on vient de passer. Et comme une tempête en pleine mer qu'on n'attend pas, je fonds en larmes et me réfugie dans ses bras. Il resserre son étreinte, et passe ses mains derrière ma nuque qu'il caresse doucement.

- J'en ai envie, je veux me confier à toi.

Il me lâche en gardant ses mains sur mes bras puis les remonte à mon visage. Du bout de ses doigts, il remonte mon menton afin que je le regarde droit dans les yeux. Chose que je ne faisais pas honteuse de la situation.

- Je suis tout à toi, je suis prêt à t'écouter mi luna, me répond-il

Je lui prends sa main et le tire jusqu'au fond de la cuisine, où on s'assoit sur le sol. Assis en tailleur face à face, je prends une grande inspiration, ravale mes larmes et me lance :

- Le calvaire a commencé quand ma mère m'a abandonné alors que j'avais 1 an. On avait un équipage de 75 personnes ce qui est énorme, mais tout aller bien, enfin en apparence. Le souci avec autant de personnes sur un bateau, c'est que cela devient difficile de tout gérer donc on confit sa fille à une personne qu'on pensait de confiance.

Sentant mes larmes montaient aux yeux, je fais une pause et baisse la tête. Mais Isaac prend mes mains qu'il caresse délicatement. Cela me redonne de la force de continuer, je poursuis :

- Ça a commencé vers mes 4 ans, au départ, il parlait d'un jeu. Qu'on allait jouer à la poupée sauf qu'il avait oublié de préciser que ça serait moi la poupée. J'étais trop jeune pour comprendre que ce n'était pas normal d'être obligé de faire ça. Il disait que c'était un rite de passage. Rite de passage qui consistait à satisfaire ces fantasmes de pédophiles. Tout ça a duré trois ans, soit jusqu'à mes 7 ans où j'ai enfin compris que ce n'était pas normal. Et la seule façon que j'ai trouvée pour me débarrasser de lui été de le tuer. C'est donc ce que j'ai fait.

Isaac essuie une larme qui avait coulé sans que je ne me rende compte.

Pourquoi est-il encore là ?

Isa me dirait qu'il m'aime, mais bon comme je suis dans le déni : c'est sûrement parce qu'il attend que je finisse.

-Et alors que j'avais enfin réussi à avoir confiance au hommes, le copain avec qui j'étais à commencer à me manipuler pour avoir tout ce qu'il voulait de moi. Mais il n'y a pas réussi surtout qu'avant d'avancer plus dans cette relation, je voulais qu'il en sache plus sur moi. Il a jamais cherché à savoir quoi que ce soit d'ailleurs. Et une fois que je lui ai tout raconté, le soir même, il est parti en me laissant une lettre qui disait pour résumer qu'il ne voulait pas d'une copine qui s'est fait violer et a des traumatismes. Parce que ça serait trop dur pour lui de supporter le poids d'une fille avec de tels traumatismes.

Les yeux écarquillés, il reste bouche bée.

- Et comme si tout ça n'était pas suffisant, l'absence de ma mère ne m'a pas aidé. Quand j'y repense, je me demande si elle m'aurait réellement aidé pour surmonter tout ça ou même empêcher que ça se produise. Mais bon maintenant, il est trop tard pour avoir des remords envers l'absence d'une personne qui n'aurait probablement rien changé par sa présence. Après, on ne peut quand même pas nier que l'absence d'un parent affecte énormément le futur de l'enfant.

Alors qu'il avait baissé les yeux depuis un petit moment maintenant, il me regarde droit dans les yeux et me dit :

- Tu es tellement forte Jane, tu es passé par des choses qui en auraient déjà tué plus d'un. Mais tu es encore là, en vie et juste pour ça, cela fait de toi une personne si forte et tu devrais être si fière de toi. En-tout-cas, moi, je le suis et j'en suis sûr que je ne suis pas le seul. Et d'ailleurs, je suis totalement d'accord avec toi.

Parle-t-il de l'absence d'un parent ? Mais il me semble qu'il n'a plus aucun parent.

- Tu m'avais dit avoir tué ton père, mais qu'est-il arrivé à ta mère ?

Il me regarde de haut en bas comme pour vérifier s'il peut me faire confiance. À mon tour donc de prendre sa main que je caresse pour lui témoigner la confiance qu'il peut m'accorder.

Tu n'étais pas censé le faire fuir ?

Oh ta gueule !


Il prend une grande inspiration et commence sa narration :

La sirène ( en réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant