𝕾𝖔𝖓𝖌𝖊 𝖉'𝖚𝖓𝖊 𝖕𝖆𝖘𝖘𝖎𝖔𝖓 𝖓𝖔𝖈𝖙𝖚𝖗𝖓𝖊

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Sur l'autel des faux-semblants, tu t'enroules le long de mon corps innocent. Tes froides écailles lient mes mains immaculées de vice. La fourche de ta langue se glisse au creux de mon oreille. Tu y susurres de tendres flatteries perfides et moi, captive comme captivée, je me noie dans le nectar de tes murmures brûlants. Des iris d'un venimeux printemps qui me séduisent un peu plus à chaque battement de cils. Cet inoubliable sourire qui empoisonne mon âme angélique.

« J'aime ton venin. »

Quand toxique rime avec addiction, l'antidote devient poison. Les crocs se plantent et marquent à jamais ma carnation pure de ta cicatrice maudite, preuve d'une tentation assouvie.

« Tue-moi et je suis à toi. »

La Lune se mêle au Soleil. Jour nocturne et nuit solaire. Désormais, une éclipse trône dans le ciel sanguinaire et la chaleur abandonne nos cœurs solitaires.

***

Seule à la Croisée des Mondes, je contemple l'échec de ma mission. Les plaines verdoyantes que j'admirais ne subsistent plus, ne laissant que cendres et désolation derrière elles. Les visages avenants que je chérissais ne sont plus que peste et charogne. Les quelques survivants de ce peuple voué à l'extinction se hâtent, vêtus de loques poussiéreuses, pour prier des divinités qui les ont délaissées. Alors que la nuit tombe, un déluge s'abat, emportant tout sur son passage. Mon regard empli de remords se porte sur l'étendue du Lac Miroir, mon refuge au cœur de ce chaos. Même l'eau translucide de ce lieu sacré se ternit.

Il a gagné.

La mélasse infâme enlise mes chevilles, macule les pans de ma robe diaphanes. Le drapé alourdi s'enchevêtre entre mes jambes et je chute dans la tourbe abjecte. Des sanglots serrent ma gorge et mes lamentations muettes se mêlent aux cris sourds d'une ère qui se termine.

Son doux visage me revient. Un souvenir nostalgique d'une paix factice, à l'époque où je croyais possible l'impossible. J'ai nié le mal qui le rongeait. J'ai fermé les yeux sur le monstre qu'il devenait... Je l'aimais.

Je dois empêcher la tragédie de se répéter.

Je soulève mon bras avec peine et tends la main vers la voûte céleste abyssale. Un petit papillon bleu surgit des nuages orageux. Sa lueur azurée ressemble à un phare au milieu des ténèbres. Il se pose sur mon index, épuisé par sa lutte contre l'effondrement du monde. Mon fidèle compagnon accueille la dernière volonté que je lui confie. Il rechigne à me quitter, mais je l'implore de s'envoler, de braver les larmes du ciel. L'espoir doit survivre.

Son départ emporte la seule lueur de vie restante vers une nouvelle aube. Tremblante de larmes refoulées, je fais mes adieux au crépuscule apocalyptique d'une époque révolue. Un ultime souffle s'échappe de mes lèvres. Je sombre dans les profondeurs du Lac Miroir.

Puisse ma rédemption résider en ma réincarnation.


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𝐍𝐎𝐂𝐓𝐔𝐑𝐍𝐄 ☾Où les histoires vivent. Découvrez maintenant