Là où je me trouve, la chaleur m'enveloppe. Un matelas douillet épouse les contours de mon corps pour me procurer un confort sans pareil. Je tire la couverture sous mon menton tout en émettant quelques grognements. Les rayons du soleil matinaux caressent délicatement ma joue. Si seulement les oiseaux pouvaient se taire un peu ! Mais l'un d'eux s'obstine à chanter davantage.
— Debout là-dedans ! ordonne une voix beaucoup trop énergique pour ma paresse.
— Nooon, encore quelques minutes s'il te plaît ! supplié-je depuis les abysses de ma tanière de coton.
— Allez ! On risque de manquer le petit-déj' à ce rythme !
Quel petit déjeuner ? Mon père sait bien que je ne prends jamais le temps de manger au réveil... L'examen ! Je me redresse aussitôt. Les réminiscences de la veille me frappent de plein fouet. La rousse pleine de vie et certainement plus pacifique que je ne l'aurais imaginé éclate d'un rire franc.
— Ne fais pas cette tête ! À croire que tu reviens d'entre les morts !
À deux doigts de lui répondre que c'est effectivement le cas, j'effleure ma gorge. Là où le souvenir de la morsure gelée m'a laissé une douloureuse cicatrice, je ne sens rien. Pas une trace, pas une marque. Mon pouls bat, régulier, chaud, sous mes phalanges, comme celui de quelqu'un en bonne santé. Bien loin de se douter du trouble qui m'anime, elle continue.
— Moi c'est Grace Givrenflamme, enchantée, se présente-t-elle en me tendant la main.
J'hésite, mais je finis par clore notre rivalité passée par une poignée de réconciliations. Le stress emmagasiné dans mes épaules se relâche et je constate la singularité de la modeste chambre qui nous accueille. Des lambris boisés s'agrémentent de fines tapisseries et se mêlent au lierre grimpant sur les murs. Sur une table basse, un bouquet de thym parfume la pièce. Une ambiance apaisante règne dans ce cocon calfeutré.
— J-je suis Lyria Aubeclaire, balbutié-je tout en inspectant les alentours. Mais... Et l'épreuve ? Et la forêt ?! I-Il y avait ce... Ce monstre et —
— Relax ma belle. Je crois que toute cette histoire n'était qu'une vaste supercherie. Tiens, ma cheville est intacte et toi, tu es vivante. Mais nous en apprendrons sûrement plus en bougeant nos fesses d'ici. Quelqu'un a toqué à la porte, il y a dix minutes. Nous sommes attendues.
Malgré ses paroles réconfortantes, les visions de la nuit infernale reviennent tourmenter mes pensées. Ce froid, cette lente agonie, ce visage... Je bats des cils pour dissiper les affres de l'horreur. Mes orteils s'enfoncent dans la carpette et soutiennent mon poids chancelant. J'observe ma camarade en biais. Elle n'affiche pas l'infime trace d'un traumatisme. Une vraie dure à cuir derrière ses airs de poupée !
— Je vois. Merci de m'avoir réveillé, soufflé-je, ne sachant toujours pas sur quel pied danser. J'imagine qu'on se trouve entre les murs de l'Arcaneum ?
— Oui, sans aucun doute ! Lyria, tu t'en rends compte ? m'interpelle-t-elle, d'une exclamation enjouée. On va peut-être croiser Cassian. Cas-sian ! répète-t-elle comme si je n'avais pas compris la première fois.
— Qui est... ?
— L'homme de ma vie, assure-t-elle sans la moindre hésitation. Il ne s'en doute pas encore, mais nous sommes faits l'un pour l'autre. Il est beau comme un dieu... Lorsque j'ai entendu qu'il effectuait ses études ici, je n'ai pas gaspillé une seconde pour m'inscrire !
S'enrôler dans l'institution élitiste des arts occultes pour un garçon ? Quelle idée saugrenue ! Cependant, mes objectifs et moi sommes mal placés pour la critiquer... Sans compter qu'à ses iris noisette remplis de paillettes, je me devine que l'importance de cette quête pour elle. Elle rejoint d'un bond guilleret la coiffeuse et récupère une brosse tout en chantonnant. Je l'observe peigner sa crinière flamboyante, les bras croisés.
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𝐍𝐎𝐂𝐓𝐔𝐑𝐍𝐄 ☾
ParanormalLyria Aubeclaire vendrait son âme pour redorer l'honneur de sa famille, tombée en disgrâce. Elle saisit l'occasion de changer sa condition quand l'Arcaneum, l'institution d'élite des Arts Occultes, la convie à son examen d'admission. Hélas, des mena...
