𝐍𝐎𝐂𝐓𝐔𝐑𝐍𝐄 ☾

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈𝐈 - 𝐕𝐞𝐫𝐬𝐞𝐭 𝟑

« Résous les énigmes que j'ai préparées pour toi. Tu gagnes ? j'approuve ton intégration à l'Arcaneum. Tu perds ? Ne compte pas sur moi pour te payer ton billet de retour. Tu as jusqu'au dernier rayon du crépuscule pour réussir.

PS : Divertis-moi, Lyria. »

Une vingtaine de relectures d'affilée plus tard, je n'en reviens toujours pas. Mes camarades sont déjà loin, aux côtés de leurs marraines et parrains bienveillants. Quant à moi... Quant à moi, je me retrouve entre les mains d'un abruti en manque de distraction ! L'immaturité de cette situation m'agace. Sans son aval, l'Arcaneum me renverra chez moi. Je n'ai quand même pas surpassé l'examen d'entrée pour me faire recaler aussi bêtement !

J'aurais bien demandé conseil à Ensio Markovic, mais le borgne a tourné les talons. Je lâche un juron et déplie la carte. Un sortilège trace l'architecture avoisinante du château sur sa surface. Non loin du dortoir où je me trouve, un point lumineux attire mon attention. Je comprends rapidement qu'il s'agit probablement de ma destination alors je me mets en route d'une bonne foulée. Plus vite cette affaire sera réglée, mieux je me porterai !

Au-dessus de ma tête, le croassement moqueur d'un corbeau résonne. Mais je ne m'attarde pas à ce détail incongru, mes bottines vernies m'écartent des allées fréquentées pour me diriger vers un corridor délaissé par mes camarades. Sa peinture défraîchie lui confère un air vétuste en comparaison des majestueux couloirs précédents.

À seulement quelques pas de la pièce désignée par mon guide en papier, je m'approche réticente. La porte massive, ne laisse rien deviner de ce qui se cache derrière. Une boule d'appréhension se forme au creux de mon estomac. La sensation de foncer droit vers un piège ne me quitte pas. Mon cerveau anxieux s'emballe.

Certains parrains ou marraines prennent peut-être plaisir à torturer leurs apprentis ? Devrais-je trouver un professeur et l'avertir ? Mais de quoi l'avertir au juste ? Que je refuse de me rendre à l'endroit indiqué par mon mentor ?

Ma bouche se tord d'une grimace exaspérée. Jeter un coup d'œil ne va quand même pas me tuer. Et puis, le temps presse. Je n'échouerai tout de même pas à cause d'une simple planche en bois ! Mes doigts s'agrippent autour de la poignée et le claquement du loquet résonne.

Une pénombre poussiéreuse m'enveloppe. Ce n'est qu'au bout d'une dizaine de secondes que ma vision s'habitue à l'obscurité. La cécité laisse place à une perception approximative, grâce à laquelle je déduis les contours de formes diverses et variées : des objets brinquebalants, des tableaux abîmés, entassés sur des montagnes de cartons remplis à ras bord. Au vu du nombre de toiles d'araignée, je jurerai que toute une famille d'acariens y a élu domicile.

Un débarras. Un putain de débarras.

J'avale ma salive de travers au moment où je réalise où cette première étape m'a conduite. Ce jeu n'a rien d'équitable. Je contribue au divertissement du sadique qui me balade à droite à gauche ! Quel culot pour infliger un bizutage pareil à une nouvelle !

Papa avait raison. La majorité des sorciers de l'Empire ne désirent que voir leur prochain échouer. Je me souviens de l'index accusateur de mon père, lorsqu'il évoquait ces fameux « escrocs ». Constater la véracité de ses propos, aussi tôt dans mon parcours, me laisse un arrière-goût amer de déception. Je n'abandonne pas pour autant.

Je dois laver l'honneur de ma famille. Coûte que coûte.

Mon sang bouillonne dans mon menu gabarit. Il apprendra à ses dépends qu'à l'intérieur de mon mètre soixante-dix brûle plus de fierté et de détermination que chez un champion de boxe ! Il souhaite s'amuser ? Qu'il s'apprête à assister au spectacle de sa vie ! Et je lui conseille de bien en profiter, car, je viendrai lui tirer ma révérence !