Chapitre 2

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Bien serrée au creux de sa main, l'arme blanche laissait s'égoutter du sang tout frais. Le visage éclaboussé de ce liquide, son sourire ne fit que redoubler. L'adrénaline que recevait son cœur à chaque palpitation lui procurait la sensation qui le faisait rester en vie. Oui, il se sentait vivant pour les rares fois où il l'était. Ôter l'existence d'une simple et profonde égratignure dans la chair était devenu normal pour cet être que l'on pourrait qualifier de psychopathe sans connaître ses raisons. Et la cause de son changement radical de vie était en partie à cause d'eux. La police. Il avait une sacrée dent contre eux, et peu importait s'il mourait en essayant de venger son oncle ; au moins, il aurait eu la satisfaction de tuer le maximum de personne pour obtenir ce qu'il désirait le plus. La tête du chef de la brigade anti-criminalité. C'était de sa faute s'il avait perdu la seule personne qui l'avait élevé et épaulé. Sans eux, il ne serait jamais devenu comme ça. Et il préférait rendre le double voire le triple de ce qu'il avait subi. Le chef ne s'en tirerait pas comme ça.

Les gardes étaient éliminés en toute discrétion, il pouvait maintenant rentrer à sa guise dans le commissariat. Quelle aubaine pour ce jeune tueur qui n'y connaissait pas grand-chose à tous ces tueurs en série qui l'avaient précédé. Il voulait simplement obtenir sa vengeance, rien de plus. Mais cet objectif l'avait fait devenir quelqu'un que personne n'aurait jamais cru capable d'être derrière ses airs de beau garçon. Son physique l'avait toujours avantagé, dans tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent. Son oncle serait probablement déçu de la tournure qu'avaient pris les événements, mais rien ne pourrait dérouter le jeune. Il n'arrêterait pas avant d'avoir fait en sorte que le meurtrier finisse dans le même état que son défunt proche.

Il avança prudemment dans les couloirs, faisant attention à ne croiser personne. Il ne faudrait pas que quelqu'un l'aperçoive pour mettre son plan à l'eau. Il avança, précautionneux sur chacun de ses pas. Son couteau ensanglanté à la main, dans une obscurité frappante. N'importe qui aurait pris ses jambes à son cou en voyant un individu comme lui. Heureusement qu'il était seul. Il s'infiltra dans la salle où quelques policiers étaient de garde. Sans aucun bruit, son couteau trancha finement la carotide de plusieurs hommes et femmes qui tombèrent, raides morts, sur le sol de leur lieu de travail. Peu importait le nombre de vies sacrifiées, il continuerait quoi qu'il lui en coûte.

La salle fut rapidement remplie de cadavres fraîchement tués. Une tuerie de masse comme on ne l'avait jamais connue dans l'histoire des locaux de la police. Pourtant, le jeune homme avait oublié une personne insignifiante dans la pièce. Un homme de son âge était replié dans un coin, pétrifié par ce qu'il venait de voir et de vivre. Son cœur battait à mille à l'heure, peut-être allait-il mourir bêtement aujourd'hui ? Sous la pression qui lui tournait autour, il appela son supérieur pour qu'il vienne le sauver de tout ce pétrin dans lequel il était à présent. Mais évidemment, le bruit qu'il fit n'était pas inaudible. Et dans une pièce où un silence de mort régnait, il était plus que perceptible aux oreilles du meurtrier.

Et le tueur l'entendit, sans aucun doute. Il s'approcha de sa cachette et s'accroupit en face de l'être tremblant encore plus qu'une feuille. Il voyait pertinemment qu'il avait le contrôle sur lui, il pouvait en faire son jouet et l'utiliser à sa guise. Mais un bruit fracassant derrière le jeune se fit percevoir. Sans une once de compassion, il planta son couteau dans le thorax du policier et se releva sous son cri de douleur. Il se retourna et fit face à son but. Sa future principale victime était en face de lui, ses sourcils froncés et l'air abasourdi devant la tuerie qui s'était passée sous ses yeux sans même s'en apercevoir.

Le chef aperçut le propriétaire de ces actes. Il le reconnut et fut décontenancé de maintenant savoir face à qui il se tenait.

— Lee Heeseung... Quelle surprise !

— Tu sais pourquoi je suis là Jung.

— Bien sûr que je le sais. Mais je ne vais pas te laisser faire aussi facilement, tu as déjà tué tous mes hommes.

— Trop tard, tu as déjà perdu.

Le fameux Heeseung sortit rapidement une arme à feu prise sur l'un des policiers avant de tirer l'entièreté du chargeur sur l'homme en face de lui, secoué à chaque impact. Il tomba sur le sol, inerte. Un sourire satisfait apparut sur les fines lèvres de Heeseung. Mais il ne s'attendait certainement plus à entendre encore une fois du bruit venant de l'entrée par laquelle il était passé. Un important coup de pression vint s'abattre sur lui lorsqu'il vit une silhouette féminine prendre la fuite. Elle avait entendu son prénom, il le savait très bien. Et si jamais elle allait le dénoncer ? Il ne pouvait pas se résoudre à perdre ainsi, juste à cause d'une erreur d'inattention.

Il courut, pour la rattraper et la tuer avant qu'il ne soit trop tard. Une course-poursuite effrénée qui ne semblait pas fatiguer le moins du monde la jeune femme. Malgré cela, le jeune homme dû s'arrêter pour reprendre sa respiration. Ses mains appuyées sur ses genoux, il reprenait difficilement son souffle en essayant de trouver une solution. Car il venait de perdre la trace de la seule personne qui pourrait le mettre en danger.

Il se giflait intérieurement, les yeux fermés. Comment pouvait-il avoir laissé s'échapper une inconnue aussi importante ? Il rouvrit les yeux mais remarqua une paire de bottes noires à talons juste en face de ses chaussures. Il releva doucement ses yeux sur de longues jambes recouvertes d'un pantalon en cuir noir. Un haut exactement de la même matière et pour couronner le tout, une grande cape noire qui couvrait la jeune femme. Une immense capuche redescendait jusqu'au bout de son nez, l'empêchant de voir son visage. Mais une bouche d'un rouge éclatant était en face de lui avec un mauvais sourire en coin.

C'était elle, la personne qu'il recherchait. Il en était certain, et tellement impressionné par l'aura de cette femme. Même s'il ne pouvait voir que ses fines lèvres légèrement pulpeuses arborant un rouge à lèvres qui lui allait à la perfection, il était sous le charme. Mais avant même qu'il ne put sortir son couteau, une autre lame vint transpercer son cœur vengé. Heeseung n'aurait jamais cru que les évènements tourneraient ainsi en sa défaveur. Il ne put rien répliquer, allongé sur le sol en train de se vider progressivement de son sang.

Dᴀʀᴋ Bʟᴏᴏᴅ ¹ | 𝗘𝗡𝗛𝗬𝗣𝗘𝗡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant