Chapitre 16

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PDV Joy :

      Je traverse le couloir accompagné des gens de ma classe, perdu dans mes pensées, quand une voie m'interpelle :

- Joy, faut qu'on parle.

Je me retourne découvrant Anaïs. Elle m'attrape par la manche pour m'entrainer plus loin, je me laisse faire surprise. Je n'ose pas dire quoique ce soit, trop inquiète. C'est la première fois qu'Anaïs vient me chercher comme ça dans un couloir. Elle m'entraine dehors et s'appuie contre le mur face à moi.

- Alors la déserteuse, quoi de neuf ? me lance-t-elle en m'interrogant du regard, t'as passé une bonne semaine ?

Je la regarde sans répondre, perdue.

- T'a passé une bonne semaine ? répète-t-elle plus fort avant d'ajouter, Parce que figure-toi que ça n'a pas été le cas de tout le monde.

Je tire sur mon uniforme de plus en plus mal à l'aise. Qu'est ce qui se passe ?

- Tu as eu des problèmes ? je demande essayant de comprendre. Si c'est de ma faute je suis désolée.

Elle secoue la tête et quitte le mur contre lequel elle était appuyé.

- Ce n'est pas de moi que l'on parle, rectifie-t-elle, par contre c'est bien de ta faute.

Je ne sais plus quoi faire, ni où orienter ma pensée.

- Me dit pas que tu ne vas pas de quoi je parle, ça fait plus d'une semaine que tu l'évite par tous les moyens, t'a même arrêté de venir aux entrainements pour ça Joy.

Mes doigts se sont renfermés sur le bas de ma chemise, froissant le tissu pourtant initialement parfaitement repassé.

- Amel, je finis par avouer.

Je fixe le sol, trop honteuse de mon comportement. Anaïs s'est arrêtée juste devant moi.

- Tu comptes l'éviter jusqu'à ce qu'elle quitte le lycée ? Tu comptes la laisser partir avec ça sur le cœur ?

Mes mains compressent le tissu et je sens ma gorge se serrer. Je ne sais pas. Je ne veux pas blesser Amel. Mais j'ai peur.

- Joy ! Putain, réveille-toi ! Tu n'as pas obligé de l'aimer mais soit là pour l'aider en tant qu'amis, dis-lui les choses en faces !

J'ai peur.

- Si elle te dégoute dis lui mais je t'interdis de la laisser se consumer comme ça ! Tu lui fais du mal Joy !

Je sens mon estomac se retourné, mes yeux s'humidifié.

- Je ne sais pas Anaïs ! Je réponds brusquement. Je ne sais pas comment faire, quoi lui dire. Je ne sais pas ce que je ressens. J'ai peur...

Je n'ose pas regarder ma coéquipière. Je revoie Amel me demander de rester après m'avoir embrassé. Qu'est-ce que j'ai fait cette après-midi-là ? Pourquoi l'ai-je repoussée ? Je n'aurais pas dû l'abandonner.

- J-Je ne sais pas si j'aime Amel... Je ne sais pas si je peux aimer une fille. Mais moi non plus je ne veux pas m'éloigner d'elle. Je veux rester au moins son amie. Mais j'ai peur de briser le reste de ce lien en choisissant les mauvais mots, les mauvais gestes. Alors je fuis.

Je suis peureuse, je ne suis pas courageuse. Je fais du mal au gens sans le vouloir. J'agis, soit sans réfléchir, soit en réfléchissant trop. Je suis incapable de déchiffrer mes sentiments. Je ne voulais pas te faire de mal Amel, je suis désolée.

- Joy regarde-moi.

Je relève la tête surprise.

- Dis-le lui. Ce que tu viens de me dire, va la voir, dis-le-lui, déclare Anaïs se radoucissant un peu.

- Juste ça ? je demande.

Et si cela ne suffit pas ? Que se passera-t-il si je l'ai déjà trop blessé pour réparer mes erreurs ? Je voudrais revenir en arrière et faire les choses autrement. Mais j'ai tout détruit.

- Hey, déstresse mon lapin, me lance-t-elle en posant sa main sur mon épaule. Elle ne t'en veut pas, elle a juste besoin de te parler, et je pense que toi aussi, déclare ma coéquipière. Il n'y a pas besoin que tu expliques quoi que ce soit ou que tu trouves les plus belles paroles, il faut juste que tu lui répète ce que tu viens de me dire. D'accord ?

J'hoche la tête, mais je ne serais pas si j'aurais le courage de le faire. Tout cela me parait tellement dure. Et après avoir fui si longtemps à quoi je vais ressembler en revenant subitement ?

- Arrête de te poser des questions, fonce. Je sais qu'à toi aussi cette situation te fait mal et je sais que tu as un bon cœur. Quoi que tu lui dises ou lui montre, le seul risque c'est de voir la situation s'améliorer. Alors arrête de te torturer l'esprit.

Sa main a glissé de mon épaule.

- Si ça ne tenait qu'à moi j'aurais déjà forcé depuis longtemps pour vous mettre en couple toi et Amel, annonce Anaïs avec un sourire, mais on ne peut pas forcer un cœur, ajoute-t-elle. Tu as le temps pour déchiffrer tes sentiments, je ne peux que te conseillé de te fier à tes trippes plutôt qu'a ton cerveau. Et je sais de quoi je parle, je me suis longtemps demandé si mon cœur se trompé pas pour Bastien parce que ma raison me disait que je ne pourrais jamais supporter un crétin comme lui, mais quand on laisse faire son cœur on peut avoir de belle surprise.

Je lâche le bas de mon vêtement et hoche la tête, Anaïs a surement raison.

- Bon sur ce, j'ai vidé mon sac. J'espère que je n'ai pas été trop dure mais il fallait que ça sorte. Allé, A plus Joy.

Elle me fait un petit geste de main avant de se retourner.

- La balle est dans ton camp, déclare-t-elle avant de s'éloigner.

Elle disparait au coin du bâtiment et je reste là les bras ballants, la peur à l'estomac que dois-je faire ? C'est si simple et si dure à la fois.

Ne t'arrête jamais de courir (gxg)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant