Chapitre 4

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PDV Amel :

        Anaïs me lance une barre de céréales. Elle avait fini l'entraînement et trainait au stade, attendant que son petit copain vienne la chercher.

- Tu sais que je n'en ai pas besoin, lui dis-je en regardant son offrande.

- Y a pas besoin de courir pour avoir faim, me lance-t-elle en ouvrant la sienne.

J'ai un rictus et lui renvoie sa barre.

- Faut que je fasse attention à ma ligne c'est bientôt le bal de fin d'année, ai-je raillé.

Anaïs a rangé la barre avec un haussement d'épaules avant d'entamer la sienne.

- C'est vrai qu'il faut que tu trouves un cavalier. Un prétendant au titre ? lance-t-elle.

J'ai secoué la tête.

- T'as toujours pas compris que les garçons ne m'intéressent pas, je lui souffle.

- Une prétendante alors ?

J'ai levé les yeux au ciel. Elle est sérieuse ?

- Tu sais très bien que ce n'est pas ce que je voulais dire, je réponds, Je n'ai besoin ni d'un petit, ni d'une petite amie.

- On vit dans une société de surconsommation, tu peux acquérir des trucs inutiles dont tu n'as pas besoin, personne ne critiquera, réplique-t-elle.

Je souris. Il faut toujours qu'elle ait le dernier mot.

- D'accord, mais ça reste non.

Soudain elle se lève et vient se planter devant moi.

- Ok, je cède. J'accepte de sortir avec toi mon canard des îles. Je sais que tu n'as d'yeux que pour moi de toute façon, me balance-t-elle.

Je ne peux retenir mon rire.

- Alors comme ça tu essayes de me tromper, lance une voix dans mon dos.

Anaïs hausse un sourcil.

- Tiens je t'attendais plus, tu ne te serrais pas foulée une cheville en marchant trop vite non ?

Je me retourne pour faire un signe de compassion à Bastien, le copain d'Anaïs. Il doit vraiment l'aimer pour la supporter au quotidien. Il me répond par un hochement de tête reconnaissant.

- Vous parliez de quoi ? Hormis du fait de me rendre cocus, a-t-il esquivé.

- Du bal de fin d'année, je réponds avant qu'Anaïs n'ai le temps de lui lancer un nouveau reproche.

- Ho tu t'es trouvée un partenaire ? me demande-t-il.

J'ai levé les yeux au ciel, n'importe quelle question m'aurait convenu, hormis celle-ci. On dirait que, dans cette génération, on n'a plus le droit d'être seule.

- Non je n'ai pas de partenaire.

Le ton de ma réponse a dû être assez cinglant car il change de sujet.

- Après on sera la fac, ça va faire bizarre de ne plus venir au lycée, a-t-il lancé.

Nous hochons tous la tête, le regard tourné vers notre lycée. Il avait été notre refuge ou notre prison pendant trois ans, et maintenant, il été temps de lui dire au revoir, enfin pas tout de suite, nous avons encore deux mois devant nous.

- T'es prête pour la fac ? me demande Anaïs.

J'ai haussé les épaules. Contrairement à la plupart des gens de mon âge, la fac ne me fait pas peur, j'ai connu pire qu'un changement d'établissement scolaire.

- Et toi ? je lui retourne.

- Le club va me manquer, réponds-t-elle avec un sourire. On a vécu tellement de trucs sur cette piste. Tu te rappelles de la fois ou t'as vomi sur les chaussures du coach Harrins ? ri-t-elle

- J'aurais préféré oublier ce moment Ana', je lui réponds sans réussir à retenir un sourire.

Elle éclate de rire.

- A chaque fois je revois la tête d'Harrins, c'était incroyable ! se moque-t-elle.

- Toi aussi t'en a fait des belles, je réplique, si tu crois que j'ai oublié quand tu t'es mangé le banc en essayant de faire la roue pour impressionner Bastien, c'est loupé.

- Moi aussi je m'en souviens, ajoute ce dernier.

Elle me tire la langue.

- T'es jalouse de mes talents de gymnaste, déclare-t-elle.

- Bien sûr.

On a éclaté de rire. Anaïs et moi étions arrivées en même temps dans ce lycée et surtout dans son club d'athlétisme, c'est ici que l'on oublie nos problèmes, c'est notre abri, notre bulle. C'est sûr que ce club miteux et son équipe vont me manquer.

Ne t'arrête jamais de courir (gxg)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant