27- Retour à la normale.

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Attila a gagné une nuit à l'hôpital.

Je prends place dans l'ambulance, lui tirant la main pour le faire monter.

Il gronde du torse.

Je ne lâche rien, et continue à tirer d'une main, ouvrant un strapontin de l'autre, y glissant une fesse, et tapotant ensuite le lit-brancard pour qu'il y prenne place.

- Je ne m'allonge pas, grogne-t-il.

- Et si je m'allonge avec toi ?

Je lui fais un clin d'œil.

Il émet un grondement sourd qui traduit du désespoir, mais prend docilement sa place.

Dès que le véhicule démarre, je m'exécute.

C'est si bon d'être contre lui...


Je veux faire en sorte d'éviter la réaction qu'il a eu la première fois qu'il a été blessé. Il avait pris de sacrés coups, mais monsieur tête de mule refusait de se faire soigner. Il n'a jamais accepté d'aller à l'hôpital.

Il me tend le bras et je me glisse dessous, me collant contre sa large poitrine.



Une fois les examens faits, il est beaucoup plus dur de retenir mon homme entre quatre murs. À peine sorti du scanner, il lance au médecin :

- C'est bon ? Vous avez tout ce qu'il vous faut ? Je veux signer une décharge.

- Euh, Monsieur, oui, nous avons ce qu'il nous faut, mais vous ne pouvez pas partir comme ça...

- On parie ?

Le docteur se décompose.

- Il nous faut maintenant examiner ces résultats.

- Je ne vois pas en quoi ma présence serait nécessaire.

- Mais enfin Monsieur, et s'il faut vous soigner ?

- Vous me rappellerez.

Et Attila se dirige vers la sortie sans un regard pour le soignant.


Je le suis sans insister. Il a fait les examens, c'est déjà pas mal !

Il va à l'accueil, règle ce qu'il y a à régler, du moins, signe ce qu'il y a à signer, récupère ses affaires, enfile son jean, ses chaussures, et part avec sa blouse d'hôpital.

- Euh... Attila ? Tu pars avec ça sur le dos ?

- Tu préfères que je sois torse nu ? Ma chemise est en lambeaux...

Je suis mon amoureux.

Je suis heureuse.

Il hèle un taxi, et nous allons chez lui.



De retour dans son appartement, il s'effondre sur le canapé, ouvrant un bras pour que je me loge contre lui.

Ce que je fais délicatement.

Heureusement, il n'a rien de cassé. Une côte probablement fêlée, mais rien de plus. C'en est surprenant.

- Ça va ?

Il me serre en m'embrassant le front.

- Oh que oui, ça va !

- Je veux dire, je ne te fais pas mal ?

- Pas le moins du monde. Tu me fais du bien. Tu es mon bien. Mon bonheur. Je suis content que toute cette histoire soit finie.

Ses yeux enflés sont lourds de fatigue.

- Tu as l'air épuisé. Viens on va au lit.

- Mmm, avec plaisir, fait-il en laissant un sourire se dessiner sur son visage, immédiatement suivi d'une petite grimace de douleur. Mais je crois que j'ai d'abord besoin d'une bonne douche !

J'acquiesce, et me lève pour aller faire couler l'eau.


Assise sur le rebord de la baignoire, je le vois entrer dans la chambre attenante, qu'une vitre, plutôt qu'un mur, sépare de la salle de bain.

Il se déleste de ses vêtements, puis vient me rejoindre, et entre dans la baignoire.

Je lui confie le pommeau de douche, et ôte mes fringues à la hâte avant de venir avec lui. Contre lui.

Je reprends le pommeau de douche, et entreprends de lui faire sa toilette.

Un peu ce qu'on a vécu à notre rencontre, mais à l'envers.

Je prends plaisir à savonner délicatement son corps, me régalant de la douceur de sa peau et de la fermeté de sa musculature.

J'ai l'impression de peindre une toile.

De créer mon bonheur.

De créer la vie de mes rêves...

Je le rince, lui confie à nouveau la douche, me sèche à la hâte, puis je coupe l'eau, et le sèche, comme on prend soin d'un trésor.


Je lui prends ensuite la main pour l'emmener au lit.

Il s'allonge et me tend à nouveau le bras pour m'inviter contre lui.

J'y retourne, et caresse doucement son torse. Je me remplis de son odeur.

Il lisse mes cheveux de la main.

- Comment tu m'as retrouvé ?

Je relève la tête vers lui et souffle doucement :

- À l'intuition...

Il se tourne un peu pour me regarder.

- Raconte...

- Je suis d'abord allé chez toi. J'ai vu des affaires traîner sur le lit, comme si tu n'étais pas repassé dans le but de repartir. Je savais que tu étais en danger. Je suis allé voir Will pour obtenir la liste des propriétés de Cozzi, et j'ai taxé sa caisse.

Il se marre doucement.

- Et ensuite, je suis allé là où je le sentais le mieux. J'étais paumée devant cette carte, j'ai pensé à toi et il y avait des points, symbolisant les propriétés de Cozzi, que je ne sentais pas, d'autres que je sentais mieux. Je me suis fait confiance.

Il sourit largement.

- T'es trop forte.

Je lui raconte comment j'ai procédé, soulignant la part de chance que tout se soit bien déroulé.

- J'étais certaine que tu lui foutrais un coup de tête, à l'homme qui restait.

Il rit.

- Tu ressens tout alors ? lâche-t-il.

- Je te ressens toi, je crois...


Je pose ma main sur sa joue et lui souris.

- Alors, finalement, qui est destiné à sauver qui ?

Il me regarde. Ses yeux s'agrandissent et partent dans le vide un instant. Puis ils s'ouvrent encore plus grand.

Il se relève un peu sur un coude, et se penche sur moi.

- Tu m'as sauvé la vie Tessa.

Je réponds comme si c'était parfaitement naturel, d'une petite voix :

- Ben oui je sais.

Il encadre mon visage de sa main, se penchant pour poser son front contre le mien.

- Tu m'as sauvé...

- Et puis quoi, ça veut dire quoi en termes de destinée ?

- Rien, enfin, je sais pas...

- Ça veut peut-être dire qu'on s'aime ? Je suggère.

- Oh oui... souffle-t-il en m'embrassant.

Nous nous endormons gentiment l'un contre l'autre, dans une paix parfaite.

Amour SacréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant