𝐌𝐚𝐫𝐲'𝐬 𝐩𝐨𝐯
Arrivée dans ma chambre, je lis le journal de ma mère. Mes mains tremblent alors que je tourne les pages jaunis, et chaque moment où elle s'imagine un futur, me brise le cœur.
Elle a arrêté d'écrire le quatre février 1996. Ce jour-là, j'avais deux mois. Polly avait stipulé qu'elle me confiait à Lorraine, et que c'était sa destinée d'affronter « les chasseurs » — elle a utilisé ce mot elle-même —, mais qu'elle reviendrait me chercher quand tout ça serait terminé.
Je ferme le journal, et me met à sangloter. Mon père est parti sans laisser de trace apparement, alors me voilà seule. Seule avec tout ça.
Et ma mère, elle qui avait l'air si douce et aimante, qui ne voulait que mon bien...
Puis je me redresse d'un coup et me rappelle.
Bordel Mary, tu es une sorcière ! Tu peux faire du spiritisme sans efforts ni danger, tu peux lui parler !
♥
Je me lève de mon lit et sèche mes larmes, remplie de détermination. Je fouille mon sac à la recherche de mon grimoire, celui-ci se révélant être tout au fond. Quand je le trouve enfin, sans hésitation, je me met à suivre les instructions donnés pour communiquer avec un mort. J'allume de l'encens, et je sors toutes les bougies blanches et fait un cercle avec, moi au centre.
Le journal dans mes mains, je commence à réciter l'incantation, doucement car il est quand même tard. Une chaleur s'épanouit à l'intérieur de moi : je sens que ça marche.
J'ai les yeux fermés, mais quand je les ouvre, je vois ma mère.
— P..Polly ? Enfin...Maman ?
L'esprit de cette dernière a les larmes aux yeux.
Elle a les cheveux longs ébènes, les yeux très clairs et des taches de rousseurs un peu partout sur son visage. Elle est sublime, mais j'imagine que j'ai beaucoup plus pris de mon père.
— Mary, c'est toi ?
Je hoche la tête.
— Je savais que tu allais venir à ma rencontre ma jolie sorcière ! Je devine donc ce qu'il se passe...
— Maman, j'ai besoin de ton aide. Qui sont les chasseurs, et comment je dois faire pour les vaincre ?, je dis, apeurée.
— Eh, une question à la fois ma belle ! Alors, tout d'abord...Il faut que tu les laisses venir à toi. Pour l'instant, ils ont l'air menaçant, mais ce n'est rien comparé à ce qui va suivre. Les chausseurs, ce sont des normies, une famille très particulière, qui ont pris en grippe les sorcières de Salem. Et depuis, ils veulent faire disparaître notre « espèce ».
Je déglutis.
— Je t'avoue, ça fait beaucoup à digérer.
— Et encore...Le jour de ma bataille, j'ai fais l'erreur de ne pas m'armer, en pensant que mes pouvoirs suffiraient. Aussi, j'y suis allée seule. Donc, mes conseils sont ceux-ci : prends le collier que Lorraine a du t'offrir, et n'y va pas seule.
Je penche ma tête sur le côté, intriguée.
— Tu veux dire...Le collier en améthyste ?
Ce collier a toujours eu une grande importance pour moi, et jusqu'à ce jour je pensais que c'était uniquement parce que je l'avais depuis ma naissance. Heureusement, je l'ai pris avec moi à Nevermore.
— Exactement ma jolie.
Elle soupire.
— J'aimerais ne pas être morte, j'aimerais pouvoir te serrer dans mes bras...
Une larme coule le long de ma joue.
— Je vais te rendre fière m'man, promis. S'il y a bien une personne pour qui je vais me battre, c'est pour toi.
Elle sourit, tendrement.
— Aussi, elle dit, mon nom complet, c'est Apollyne. Apollyne Rosabella.
Et sur ceux, elle disparaît, et les bougies s'éteignent.
Qu'est-ce qu'elle veut dire par là, en me donnant son nom complet ?
Rholalala, beaucoup trop de mystère et d'émotions pour aujourd'hui, je vais me coucher !
