Je suis à labour. Comme d'habitude. Le tatoueur va fermer dans cinq minutes et Mikey passe me chercher dans deux. Si je le fais arriver en retard au karaoké il va bouder. Pas pour la chansonnette, mais pour la bouffe que Ken aura déjà commandée. Lui en a eu marre de m'attendre et est allé récupérer Takemichy. Je trottine jusqu'à la boutique et déboule en pleine séance. La transaction se passe de mots. Je dépose mes billets, récupère mon encre et le tour est joué. A peine le temps de retourner sur le trottoir que des braillements m'arrivent par derrière.
- Oh, ce serait pas la meuf du Tokyo Manji-Kai ?
- Celle toujours fourrée avec Mikey et Draken ?
- Ça ferait un beau trophée non ?
Je me retourne en soupirant. Leur dégaine ne laisse aucun doute : ils appartiennent au Yadokaï. La boutique se trouve à la frontière entre leur territoire et le nôtre. Bizarre que je n'en ai pas croisé plus par ici. Qu'importe. Je les ignore et continue mon chemin. Affublée de ma veste noir brodée, personne ne risquera de m'emmerder davantage. Pourtant, leurs pas suivent les miens avec insistance. Je sens une main agripper mon sac.
- Reste avec nous, raille un des trois lourdauds.
- Lâche ça.
Ma voix est claire, sans appel. Un. Deux. Trois. Il ne s'exécute pas. Ce comportement a la fâcheuse tendance de m'énerver. Je glisse ma main libre dans ma poche et enfile habilement l'un de mes poings américains. Sans lui laisser le temps de comprendre dans quoi il s'est lancé, j'envoie mes phalanges s'imprimer sur sa mâchoire. Il recule de trois mètres en lâchant enfin mon sac. Je le pose délicatement par terre et enfile ma deuxième arme. Leurs insultes me parviennent à peine. Je me donne juste une minute pour les remettre à leur place. Leur lenteur me paraît affligeante. Mon pied droit finit dans l'estomac du deuxième assaillant. Enfin, assaillant. Du connard qui me dérange avant un karaoké et qui croit pouvoir me ramener en trophée simplement parce que notre entrejambe diffère. Penser à ça me tend encore plus. En trois crochets, je les envoie au sol. Dans un geste, je ramasse mon sac et écrase la semelle de ma chaussure sur la tempe d'un des gars.
- J'te revois, je te bute.
La menace lui arrache une grimace. J'hésite une seconde à lui remettre un coup dans les côtes, ou dans sa queue. Lui qui me jugeait faible car je suis une nana, va regretter d'être né avec des couilles. A cet instant, j'entends des motos rugir dans mon dos. Je connais ces pots d'échappement. Mon pied toujours encastré sur la tempe de la racaille, je me retourne.
- Yo !
- Qu'est-ce qui leur arrive ? Demande Mikey en pointant les trois badauds au sol.
- Tu feras gaffe, t'as marché dans de la merde, et du mauvais pied, se moque Ken à son tour.
Derrière lui, Takemichy ne dit rien. Je me délecte de son visage à nouveau horrifié et je devine sans mal ses pensées : je suis un monstre. Moi, je dirais plutôt un démon. Ma décision prise, j'envoie mon pied dans l'entrejambe d'une de mes victimes puis monte derrière mon chauffeur habituel. Une main sur sa taille, l'autre vérifie la présence de mon collier. Je l'ai perdu, une fois, lors d'une bagarre. Tout le Toman avait été sommé de m'aider à le retrouver le lendemain. C'est une chaîne en argent, avec une chevalière enfilée dedans et gravée du sceau du gang. Mikey avait claqué un petit billet dedans avant de se rendre compte qu'il n'aime pas frapper avec une bague au doigt. Alors, il me l'avait confié. "Jusqu'à ce que je change d'avis", m'avait-il dit à l'époque. Ça fait trois ans maintenant. Il ne la récupérera sûrement pas.
Les chansons de mauvais goût s'enchaînent au karaoké. Mikey dort déjà, ma veste posée sur ses épaules en bon porte-manteau. Takemichy ose enfin prendre le micro. La bière cul-sec que lui a fait vider mon frère aide sûrement. Le spectacle nous fait rire. A l'autre bout de la table, Emma pique du nez.
- La famille Sano abandonne ! M'exclame-je en déclarant la famille Ruyguji gagnante.
La naine boude. Je l'attrape par les épaules et la tire vers moi pour l'enlacer. J'adore Emma, son air bougon et sa gentillesse. Mais je déteste sa façon de vouloir grandir trop vite. Son béguin pour mon frère la pousse à tenter des idioties. Comme draguer ouvertement le petit nouveau pour faire enrager le grand Draken. Sauf que lui, il s'en fiche. Dans un murmure, je lui conseille de l'inviter au festival. D'ici là, peut-être qu'on aura déjà réglé son compte à Moebius, qui sait.
[Je n'ai pas vu beaucoup de fanfiction sur Tokyo Revengers - en comparaison avec One Piece. En même temps le côté "remonter le temps" n'est pas facile à prendre en compte. La preuve : je n'en parle pas une seule fois ici. Pas besoin pour une romance hihi]
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Être avec toi 一緒に [Mikey X OC]
FanfictionDebout sur cette moto, Hiyori se demande comment la vie pourrait être plus belle. Un coup d'œil à Mikey lui donne toutes les réponses à ses questions silencieuses. Ils forment un tout. Un ensemble si puissant qui porte le nom de Tokyo Manji-Kai. A c...