Chapitre 11 : Les connards en blancs

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Les dernières traces disparaissent jour après jour. Dans le miroir, je ne vois plus que cette cicatrice qui se forme sur mon arcade gauche. Encore une belle histoire à raconter quand on me demandera d'où vient cette énième marque sur ma peau. Je baille et retourne m'affaler dans mon lit tandis que Ken se prépare à partir. Emma va faire la gueule : il ne fait aucun effort vestimentaire pour leur rendez-vous au festival. Un double rendez-vous d'ailleurs. Takemichy et sa petite-amie s'y rendent également. J'imagine déjà l'excitation d'Emma.

- Et oublie pas de lui dire que son yukata lui va bien ! Hurle-je avant que mon frère ne franchisse le pas de la porte.

Moi, je n'ai pas du tout envie d'y aller. La couleur du ciel n'annonce rien de bon, ils vont se taper la pluie. Et puis, les yukatas, très peu pour moi. Impossible de bouger correctement dans cette tenue et donc d'envoyer mon pied dans la tronche de quelqu'un. Non pas qu'un festival s'y prête particulièrement mais, sait-on jamais, si un inconscient veut voler ma pomme d'amour. Je m'étire de tout mon long et m'apprête à sortir mon aiguille pour mettre au point la nouvelle idée de tatouage qui va rejoindre les autres sur l'un de mes mollets, quand mon téléphone sonne. Mon nouveau téléphone, vu que le dernier a fini écrasé non loin d'ici.

- Peyan m'a donné rendez-vous au sanctuaire pour parler du cas de Pah, tu viens ?

La question de Mikey n'attend aucune réponse, j'entends déjà sa moto dans la rue.

- J'arrive.

Je lâche ma machine et m'extirpe du lit pour enfiler ma tenue du Toman. Le temps de sortir, j'attrape mes cheveux et les glisse sur le côté pour les tresser. Je les attache à peine quand je m'installe derrière mon conducteur favori. Il m'explique que Peyan demande à nouveau des explications sur l'inaction du gang à propos de l'emprisonnement de Pah. Il n'accepte pas la décision. Je ne le sens pas. La pluie accompagne notre route. J'ai bien fait d'enfiler ma veste malgré les températures. Je cours m'abriter sous le sanctuaire pour échapper à l'averse. Mon regard balaye le lieu. Personne.

- Peyan ne t'aurait pas fait attendre, non ?

Mikey scrute les alentours. Un étrange sentiment m'assaille. Et si...

- C'est bizarre, souffle Mikey en se tournant vers moi.

Sans rien ajouter, nous courons jusqu'à la moto. Il n'y a pas trente-six façons de s'en prendre à Mikey : si l'affronter en face à face semble impossible, alors il faut s'en prendre à son entourage. Sur le chemin, j'envoie tant bien que mal quelques messages aux capitaines. Tout le monde doit se rendre au festival... A l'opposé d'ici. Mikey esquive les voitures à une vitesse folle. L'eau me fouette le visage si fort que je me cache derrière lui pour éviter l'averse. En quelques minutes, les lumières de la fête nous parviennent. Mikey aperçoit la scène : une foule d'hommes vêtus en blanc encercle Ken. Sans précaution, il accélère de plus bel et dérape devant les adolescents. J'en profite pour sauter et foncer vers mon frère.

- T'es vivant ?

- Ouais, souffle-t-il, un genou à terre.

C'est une machine de guerre. Je ne comprends pas comment il tient encore debout. Sa tempe dégouline de sang. Décidément, c'est de famille. Mon épaule comme béquille, je l'aide à se relever pour faire face à la horde de Moebius. À leur tête, un autre chef l'a remplacé. Mais son nom m'échappe.

- A trois, avec trois meufs, vous pensez nous avoir ? Raille-t-il en nous pointant du doigt.

Je grince des dents puis me rapproche d'Emma et Hina pour les protéger. Takemichy fait de même tandis que j'entends la cavalerie faire son entrée. Les phares des bécanes éclairent la scène. J'aperçois la chevelure noire de Baji flotter au vent. Mon visage s'éclaire. La famille au grand complet va faire regretter à Moebius d'attaquer mon frère en traître. La donne change. Les capitaines du Toman se dressent aux côtés de Mikey.

- Le dernier qui tient debout se fait payer un coup par l'autre, Hiyo ? Me propose Baji, comme avant chaque baston générale.

Nos paumes signent ce pacte ancestral. Je plonge mes mains dans mon pantalon pour enfiler mes poings américains. Juste à temps pour l'assaut lancé par nos ennemis. Certains se ruent vers les filles. Lâches jusqu'au bout. Je me place devant elles et enchaîne les coups. Heureusement qu'ils arrivent en petit nombre. Mes phalanges craquent contre leur mâchoire, tout autant que leurs genoux quand mes rangers viennent les pulvériser.

- Filez !

Mon ton autoritaire fait sursauter Emma.

- Je te ramène Draken vivant, promis.

Je les pousse vers les lumières du festival avant de faire à nouveau face au spectacle. Je connais mes limites, foncer dans la mêlée me serait fatal. J'avance lentement et distribue quelques punitions. Mon atout : savoir esquiver ces lourdauds qui se jettent sans défense vers moi. Il me faut bien ça pour pallier mon endurance à chier. Dos à dos avec Baji, la bataille fait rage. Soudain, j'entends Takemichy hurler. Un cri de détresse qui me fait me retourner. Sur la pointe des pieds, je le cherche du regard, mais tombe sur une scène bien plus horrible. Je le vois, au loin, couché sur le sol dans une mare de sang.

- KEN !


[J'espère que ces chapitres quotidiens vous régalent. Sachez qu'une autre histoire Tokyo Revengers est en préparation, pour prendre la suite de celle-là quand les jours auront épuisé tous les chapitres... En attendant vous pouvez votez et commentez pour me dire ce que vous en avez pensé !]

Être avec toi 一緒に [Mikey X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant