Chapitre 18 : Mikey ne perd jamais

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Assise sur le lit, à peine réveillée, je sens les lèvres de Mikey s'appuyer contre mon front avec tendresse. C'est presque ce que je préfère. Ce geste, si délicat, contraste avec ce qu'il dégage en temps normal. Comme si le garçon qui se tient devant moi était différent de celui que les autres peuvent apercevoir. En même temps, je le vois mal embrasser Ken sur la tête.

- Tu viens prendre ta douche avec moi ? Propose-t-il d'une voix fluette.

- Non.

Je pouffe face à sa mine grognon. Torse nue devant moi, sa serviette sur l'épaule, il m'attend dans l'encadrement de la porte.

- T'as dit que tu me suivrais au bout du monde, râle-t-il la moue renfrognée.

Me rouler une pelle sur la plage ne signifie pas qu'il peut assouvir tous ses fantasmes d'adolescent en deux jours. Je secoue la tête de gauche à droite, un sourire narquois aux lèvres. J'ai déjà cédé hier, en venant dormir chez lui la veille de ce combat si important contre Walhalla. Ken m'a accompagné. Soit disant pour se soutenir tous les trois, alors que la raison véritable porte de beaux cheveux clairs et un minois tout aussi sublime. J'ai nommé Emma. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre eux à la plage - ma soirée à moi ayant pris une autre tournure - mais leurs regards se font plus insistants. Il serait temps. Je rigole à mes propres réflexions, comme si j'étais plus calée, alors que je nage dans l'inconnu.

Pendant que Mikey prend sa douche, probablement en râlant encore, j'enfile ma tenue et vérifie la présence de mes poings américains. Une boule s'installe au creux de mon ventre, me rappelant l'enjeu de cette bataille. Je relève mes cheveux en une haute queue de cheval, puis les tressent. Un silence lourd s'installe dans l'appartement et nous suit jusqu'au point de rendez-vous, dans cette décharge à ciel ouvert. Autour de nous, d'autres gangs observent le Toman et Walhalla se faire face. Kazutora et mon frère se jaugent de haut en bas. Il était gentil, Kazutora. Bagarreur, mais gentil. Pas très bavard, mignon et attaché à Mikey comme jamais. Maintenant, il arbore ce regard rancunier. Nous sommes 150 ; en face, ils sont 300. La bataille commence à peine qu'elle semble mal partie.

Seuls les cadres du Toman paraissent capables de résister à ce combat déséquilibré. Les gars se rétament les uns après les autres. Dans leurs yeux, se lit la peur de perdre, pour la première fois. J'esquive plus que je ne frappe, pour tenir le coup plus longtemps. Certains adversaires hésitent avant d'attaquer, c'est là que se trouve ma chance. Mais ce n'est pas avec ce rythme que la victoire s'offrira à nous. Je sue déjà à grosses gouttes lorsque je vois Takemichy se lancer dans le tas, les bras en avant, sans défense ni réelle technique. D'abord incrédules, les gars au sol se relèvent, gonflés d'une énergie nouvelle. Si Takemichy peut le faire, alors la défaite ne paraît plus permise. Je suis prise d'un fou rire, mélange de reconnaissance et de joie. Mikey avait raison, je l'adore.

- Pourquoi tu rigoles ?! Tonne un de mes assaillants.

Je lui lance mon sourire le plus tordu. Celui qui assure que je m'amuse. Quelle éclate de sentir cette effervescence m'entourer de toute part. Ce tout dont chacun fait partie. Nous sommes invincibles, j'en suis convaincue.

- Parce qu'on va vous terminer.

Ma phrase s'accompagne d'une droite. Je l'atteins à la tempe et l'envoie au sol pour un petit somme. La bataille semble ralentir autour de moi. Je reprends mon souffle. Mon cardio ne s'améliore pas vraiment au fil du temps. Dos à dos avec Mitsuya, la lutte paraît plus simple. Ce n'est pas Baji, mais il a toute ma confiance. Soudain, alors que mon pied s'abat sur le genoux de mon adversaire, j'entends mon frère hurler.

- MIKEY !

Je revois cette même vision d'horreur que la fois où Ken gisait au sol. Sauf que, cette fois, c'est Mikey. A ses côtés, Kazutora tient une barre de fer avec laquelle il vient de l'envoyer au tapis. Deux hommes en blanc le tiennent tandis que ce connard l'enchaîne. Putain. Ken tente de courir à son secours, mais Hanma le retient pour leur duel. Je ne réfléchis pas, je cours à mon tour. Je suis plus rapide, j'esquive mieux, autant que mes atouts servent. J'arrive sans mal en bas de cette montagne de bagnole que je dois grimper. Mais des membres de Walhalla me barrent la route. Je les latte, un par un, tandis que les murmures des spectateurs s'élèvent autour de moi. Non, Mikey n'a pas perdu. Mikey ne perd jamais.

- Kazutora je vais te buter !

Mon hurlement le fait sourire. Il me regarde droit dans les yeux et percute Mikey encore une fois. Je grimpe sur une première bagnole tandis que sa voix refait surface. Je n'entends rien, mais je le vois envoyer ses trois adversaires au loin, d'un seul geste. Une victoire de courte durée. Assommé, il se retrouve à genoux, le regard dans le vide. Les gars de Walhalla entament une course à celui qui butera Mikey en premier. Je vois un raz-de-marée m'arriver dessus. Des coups m'atteignent de je ne sais où. J'agrippe des vestes, des pantalons, j'en envoie valser autant que je peux, mais ils sont trop nombreux. Certains me franchissent avec une facilité qui me fait enrager. L'un d'eux me projette contre une voiture. Le souffle coupé, j'observe, impuissante, Mikey se faire attaquer. Je n'arrive même plus à hurler son nom. J'hésite à fermer les yeux, quand je vois Kisaki barrer la route de cette marée humaine. Son équipe déferle sur les autres. Une larme coule sur ma joue sale tandis que le soulagement s'empare de moi. Mais ce n'est pas le cas de Takemichy, quelques mètres à côté de moi, qui affiche toujours ce même visage horrifié. Je ne comprends pas pourquoi. Il regarde Kisaki avec encore plus de haine que lors de sa nomination. S'il sait des choses que je ne connais pas, je lui ferai cracher le morceau tôt ou tard.

Je grimpe à peine sur une voiture plus haute que je vois Baji débarquer et frapper Kisaki avec cette même barre de fer qui porte le sang de Mikey. Les événements se déroulent si vite que les combattants deviennent spectateurs. Moi y compris. Le temps ne ralentit pas comme dans les films. Il ne laisse pas la possibilité aux héros qui se battent d'observer la scène, de comprendre comment réagir. Personne ne porte de cape ici. Le temps file, à toute vitesse. Des visages s'écrasent au sol de tous les côtés. Les insultes fusent, les cris aussi. Et mon hurlement, par-dessus les autres, se perd dans l'espace lorsque j'observe Kazutora planter Baji dans le dos.

- BAJI !


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Être avec toi 一緒に [Mikey X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant