Être avec toi 一緒に [Mikey X OC]

Chapitre 8 : A moitié dans son lit

Le silence règne dans l'appartement. Emma doit être de sortie. Adossée contre le lit, je ne bouge plus. J'ai mal partout. Plus mes muscles refroidissent, plus je sens des bleus et autres contusions se révéler. Je me concentre sur Mikey pour éviter de commencer un compte de tous les endroits défectueux de mon corps. Son visage fermé trahit ses pensées. Il doit imaginer toutes les façons de tuer les gars du Yadokaï. J'ai cette question qui me taraude à chaque fois qu'il soigne mes blessures, qu'il écrase nos ennemis, qu'il me fait rire à m'en tordre l'estomac ou qu'il marche simplement à mes côtés. Bordel, qu'est-ce que je ferai sans lui ?

- Hiyo, reste avec moi.

Partie en arrière sans que je ne m'en rende compte, je redresse ma tête lourdement. J'ai mal et sommeil. Je pourrais dresser la liste de tout ce qui m'emmerde à l'heure actuelle : mon œil gauche gonflé, mes pieds malmenés et mon égo diminué. Je ne me suis jamais prise une raclée pareille. Et ça me donne tout autant envie de pleurer que de casser des trucs. Mikey s'assoit en face de moi, une trousse à pharmacie étonnamment garnie posée à côté. Je me demande si c'est mon frère ou Emma qui la renouvelle régulièrement. Impossible que ce soit de sa propre initiative.

Avec toute la délicatesse du monde, il retire le sang séché qui stagne le long de mon arcade, puis pose une suture adhésive dessus. Je m'en doutais, ils ne m'ont pas loupé.

- Garde les avec toi.

Alors qu'il nettoie également mes mains, son pouce caresse mes phalanges meurtries. Je sais exactement de quoi il parle : mes poings américains. Trouvés sur un collégien tabassé par Mikey peu après sa rencontre avec Ken, je me les étais appropriés. Seul moyen d'asséner des coups assez puissants pour faire taire les badauds qui m'emmerdent. Tout en haussant les épaules, je lui avoue la simple vérité.

- Ils sont dans mon pantalon.

Et je suis en pyjama.

- S'il faut que je t'en achète pour mettre dans chaque poche de tes vêtements, je le ferai.

Certaines nanas attendent des bijoux en cadeau, d'autres des fleurs pour un rendez-vous ou une sortie au cinéma. Moi, c'est ce genre de proposition qui pourrait mettre du rouge à mes joues. Si je n'avais pas la gueule aussi blême. J'esquisse un sourire, en silence. Mes yeux suivent à la trace ses mouvements tandis qu'il bande mes mains. Son travail méticuleux terminé, il m'aide à me hisser sur mes deux jambes pour rejoindre la salle de bain. Par je ne sais quel miracle, je parviens à m'y rendre, retirer mes vêtements maculés de sang et me glisser sous l'eau brûlante. Des traces violettes commencent à apparaître sur ma peau. Mes cheveux gras, emmêlés et tâchés de sang par endroit m'agacent. Je n'ai pas la force de les laver aujourd'hui. Je les rassemble en un épais chignon et sort de sous la douche. Une petite pile d'affaires m'attend. Un boxer, un short de sport et un t-shirt trop grand pour moi. Je me traîne à nouveau jusqu'à la chambre de Mikey et m'effondre sur son lit.

- T'es vivante ? Me questionne-t-il.

- A peine.

Je me recroqueville sur ses draps. Son odeur m'envahit. Elle ressemble à celle de l'air chauffé par le soleil en plein été. C'est aussi rassurant que dégoûtant : je suis certaine qu'il n'a pas changé ses draps depuis des semaines. Alors que je commence à fermer les yeux, le téléphone de Mikey sonne. Ma tête tambourine. Pitié qu'il décroche.

- Oh, Kenchy.

Il serait temps qu'il se demande où je suis passée, lui. Sa sœur ne lui manque visiblement pas trop.

- Là, elle est dans mon lit.

J'ouvre aussi grand les yeux que mon hématome le permet et je croise le sourire satisfait de Mikey. J'entends d'ici la voix de mon frère.

- Quoi ?!

- Les gars du Yadokaï l'ont chopé y'a moins d'une heure, elle a pris tarif.

- N'en rajoute pas, lui murmure-je en enfonçant ma tête dans son oreiller, vexée.

Le reste de la conversation me paraît bien flou. Un poids m'écrase le crâne. Je n'entends que vaguement les chuchotements de Mikey sur mon état, mon portable abandonné dans la course et l'inutilité de me ramener de suite. J'abandonne enfin et sombre dans un sommeil sans rêve.

[Merci de lire les quelques lignes que je vous propose tous les jours, ça me fait vraiment plaisir ! Ne reste plus qu'à voter pour le chapitre, lire les autres et me dire ce que vous en avez pensé ♥]