Être avec toi 一緒に [Mikey X OC]

Chapitre 16 : Pas une chienne

Je sens déjà les embruns de la mer chatouiller mes narines. L'automne débute mais les jours ne se refroidissent pas. Une journée idéale pour se rendre jusqu'à la mer. Sur une idée de Mikey, notre petite troupe roule depuis presque une heure pour rejoindre la plage. Mitsuya transporte Hina, Mikey se coltine Takemichy et Ken se retrouve avec Emma. Mon excuse pour la refuser derrière moi était toute trouvée : je n'aime toujours pas conduire une moto. Avec tout ce petit monde incapable de tenir un guidon, j'ai emprunté celle de Peyan pour la sortie. De toute façon, après le coup qu'il nous a fait, il ne peut plus rien refuser. Résultat, les deux tourtereaux ont discuté tout le trajet et Emma affiche le sourire le plus rayonnant du monde. Concentrée sur la route, mes pensées à moi semblent plus sombres. Je me repasse ma dernière soirée avec Baji en boucle. Son départ me rend triste. Je me demande si cette histoire relève du sérieux. Le Toman doit affronter Walhalla dans trois jours. Mikey n'a rien à y gagner. Donc le Toman a tout à y perdre. Et la perspective de revoir Baji habillé de blanc et rouge ne m'enchante pas.

- Hiyo...

La moto de Mikey se place à ma hauteur, juste avant que nous arrivions au parking qui surplombe la plage. Takemichy roupille à l'arrière, bien plus à l'aise qu'à ses débuts. Un miracle qu'il réussisse à dormir avec le fou du volant qui le conduit. Je troque ma mine défaite contre un petit sourire et écoute Mikey.

- Je préfère que tu ne viennes pas à la bataille contre Walhalla.

Je fronce les sourcils. Cette réflexion ne me plaît pas du tout. Il m'annonce ça avec la même voix que lorsqu'il revenait de régler leur compte aux gars du Yadokaï. Comme si j'étais une porcelaine fragile qu'il fallait éloigner de tous gestes brusques. Ma réponse est sans appel.

- On ne va pas avoir cette conversation, sinon ça va m'énerver pour le reste de la journée.

Il réplique immédiatement, les yeux rivés dans les miens plutôt que sur la route.

- Je ne suis pas sûr qu'on gagne, et je ne veux pas te faire affronter Baji.

Son excuse me fait serrer les dents. Je la trouve idiote. Ou pire, insolente.

- Tu ne vas rien me faire faire du tout, je ne suis pas au bout d'une laisse, Mikey.

Lui ais-je déjà parlé avec ce ton ? Probablement pas. Je n'en ai pas eu besoin. Il n'a jamais essayé de me contraindre comme ça auparavant. Ça me fout la rage. J'accélère pour ne plus avoir à lui parler, ni à lui montrer que j'ai déjà les yeux qui brillent de colère. Je ne suis pas un boulet, j'ai tout fait pour ne jamais l'être. Je veux me tenir là, à leurs côtés. A ses côtés. C'est lui qui m'a dit de me battre, de ne pas rester derrière. Et maintenant il voudrait que je me terre pendant que le Toman affronte son plus grand ennemi à ce jour ? Quelle connerie. Je serre les poignées de la moto et fonce vers le parking sans attendre personne.

La mer se dévoile devant nous. Je n'y ai pas mis les pieds depuis un an. Une serviette sous le bras, je cours jusqu'au sable brûlant. En pleine semaine, les transats ne sont pas pris d'assaut, tant mieux. J'esquive tant bien que mal Mikey le reste de la journée. Mal nécessaire pour garder ma bonne humeur stable. Mon maillot de bain deux pièces noir - tout ce qu'il existe de plus simple - enfilé, je rejoins Ken dans l'eau pour la même série de défis qui nous tient chaque année. Faire le poirier, nager le plus vite, rester en apnée longtemps ou couler l'autre. À ce dernier petit jeu, il me bat constamment. Si Mikey nous rejoint dans l'eau, j'en sors, et inversement. Un manège rondement mené qui me tient jusqu'au soir. Le coucher de soleil se profile à l'ouest, s'écrasant entre le bout de la plage et les bâtiments. J'enfile ma veste pour résister à la brise qui se lève. Nos estomacs creusés n'attendent que le retour d'Emma et Ken, partis acheter de quoi grignoter. Je fixe le paysage, perdue dans mes pensées, quand Mikey vient s'asseoir à côté de moi. Je le laisse faire. Les dernières heures l'ont peut-être aidé à revoir sa copie.

- Tu pourrais protéger les filles, samedi, au cas où ?

Perdu. Il en rajoute, avec sa tête d'enfant à qui personne ne refuse jamais rien. Je claque ma langue contre mon palais, à nouveau en colère.

- Va te faire foutre, Mikey.

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