Être avec toi 一緒に [Mikey X OC]

Chapitre 2 : Pas une héroïne

Je me suis défilée au dernier moment. Le coup des règles ne marcherait pas. Trois ans que je colore mes cheveux dans les douches de la maison et tout autant de temps que je frotte les joints avec une brosse à dents sous la menace de Mama. C'est ça ou rembourser mes dettes en travaillant au bordel dans quelques années. Hors de question.

- Bouge ! Hurle Ken de l'autre côté de la porte.

La tête à l'envers et les cheveux plongés dans un seau, je rince ma coloration dans l'eau glacée. Une position peu confortable pour mon dos, mais bien plus sécuritaire pour les joints.

- Mikey est toujours en retard, ça changera rien !

- Justement, c'est pour ça que je suis là ! Rétorque mon frère.

- Quel adorable ange gardien...

- Magne-toi.

Je soupire. Mais je m'exécute. Les représailles me paraissent toujours pires que l'insolence dont j'ai pu faire preuve. Alors, autant rester dans les clous. Ma colonne vertébrale craque tandis que je me redresse et essore mes mèches. Une serviette sur la tête, je cours hors de la salle de bain et trottine dans notre chambre pour me changer. Débardeur blanc, pantalon noir bouffant cintré, mes rangers de la même couleur et, évidemment, ma veste du Toman. Je repère mon petit appareil photo posé sur un coin de la commode et le glisse dans une poche intérieur au dernier moment. Ken tape du pied au sol pour me signifier son impatience. Comme si je ne le connaissais pas assez pour savoir qu'il lève en plus les yeux au ciel. Tout en libérant ma crinière, je lui demande :

- Je vais enfin voir votre Takemichy ?

- On l'a rencontré y'a cinq jours tu sais, me lâche-t-il en pointant la sortie d'un signe de tête. L'attente n'a pas été mortelle non plus.

Par pur esprit de contradiction, je rétorque immédiatement.

- Si.

Je pose à peine mon postérieur sur la moto de cette grande perche qu'il démarre. Mes cheveux sèchent avec le vent, à la même vitesse que le rhume qui me pend probablement au nez. La nuit tombe sur Shibuya. Je ne me lasserai jamais de cette vue. Celle qui défile à toute vitesse quand Ken slalome entre les voitures avec l'aisance de celui qui a fait ça toute sa vie. J'écarte les bras pour laisser ma veste prendre le vent, comme une cape. J'ai l'air de tout sauf d'une héroïne. Une emmerdeuse plus certainement. Au pied de son immeuble, Mikey démarre avant même de nous voir tourner au coin de la rue. Le temple ne se trouve pas bien loin. J'aperçois déjà les escaliers qui y mènent et les gars, regroupés en bas, qui attendent l'arrivée de leur chef. En première ligne, Pachin, de la troisième équipe du Toman, fixe le sol. Sur son visage, son irritabilité habituelle a laissé place à du vide. Je n'aime pas ça.

- Paaaaaaachiiiiiin !

Mon cri le sort de sa léthargie. Je saute de la moto et m'accroche à son dos. Il peine à rester sur ses deux pieds et doit se pencher en avant pour nous garder à la verticale.

- Hiyori, c'est pas le moment...

Il tente de secouer les épaules pour me faire lâcher. Je m'agrippe un peu plus. Mon rire fuse à mesure qu'il se débat. Je le défie sans attendre.

- Si, justement ! On fait la course jusqu'en haut ?

- Non

- Ok, tu vas perdre.

Je saute de son dos et me précipite vers les escaliers, sans même me retourner. Je sais déjà qu'il me suit. Pah déteste perdre. Le seul moyen de le sortir de ses pensées morbides, c'est de l'embêter. Le Toman se réunit ce soir pour une déclaration de guerre, autant en profiter pour s'amuser un peu avant. Peut-être qu'enjamber ces marches deux par deux lui fera oublier que son ami s'est fait tabasser par des connards de chez Moebius. Ils ont même violé sa petite-amie sous ses yeux. Alors, n'en faire qu'une bouchée ne me déplaît pas. Arrivée en haut, je crache mes poumons.

- J'ai gagné.

Pah passe la dernière marche dans le même état. Son visage reprend quelques couleurs. Derrière, le reste du gang monte docilement. Mikey et Ken en queue de peloton, accompagnés des autres chefs de faction, discutent avec un blondinet que je ne reconnais pas. Qu'importe. Vigoureusement, je plaque mes mains sur les joues de Pah.

- Moi, j'irai les défoncer avec toi !

[Pour tout vous dire, c'est la première fois que j'écris à la première personne. Sans prise de tête quelconque, avec des chapitres plus courts que ce que je livre d'habitude. Mais peut-être que vous préférez ? En tout cas je vous livrerai un chapitre par jour, sans faute !]