PROJET 125

Chapitre 22: Farfalla

Julia 

À proximité de Las Vegas, Nevada, 23 juillet 2021 : 22H29

- Ça va aller de ton côté ? me lance Nolan sans lâcher la route du regard. 

Il a insisté pour monter avec moi. Si j'ai pu me poser la question du pourquoi pendant quelques secondes j'ai vite compris quand j'ai été alpaguée par une petite brune aux yeux verts avant de partir. 

Il veut prendre de ses nouvelles. Sans que les autres ne soient au courant. 

Voilà pourquoi je me retrouve dans cette caisse. Et d'un autre côté, ça m'arrange complètement. Parce que l'autre voiture est conduite par celui que je fuis dorénavant comme la peste. 

Ce qu'il s'est passé ne doit pas se reproduire. Jamais.

Et être loin de lui me permettra de réduire un peu plus les chances de réitérer cette connerie.

- J'ai déjà fait ça. C'est plutôt vous qui avez le rôle de merde. Faire les potiches en sirotant des cocktails pour faire la discussion à ce genre d'individu de la haute société, très peu pour moi. 

Un petit sourire se dessine au coin de ses lèvres. C'est si rare, que je me surprends à sourire à mon tour. 

Ce type est incompréhensible. À l'instar d'Ezio, je suis incapable de le cerner et de prévoir ses réactions. 

Sauf quand elle est dans les parages.

Ce qui, pour la sécurité de son secret, est une excellente chose qu'elle ne soit pas venue avec nous ce soir. 

Cependant je le vois anxieux. Il n'était pas à l'aise à l'idée de la laisser. Ça se voit. Et il n'avait pas l'air d'avoir plus envie que ça de la voir nous accompagner.

Dans tous les cas il allait finir dans cet état. 

Il jette des coups d'œil incessants dans ma direction en ouvrant à de multiples reprises la bouche. 

Il veut me demander. Sauf qu'il n'ose pas.

Je ne sais pas ce qui lui fait peur mais il ne se restreint pas autant pour rien. Il y a forcément une raison. 

Autre que l'autre bouffon. C'est plus profond. Cependant je ne vais pas creuser pour savoir. Ce ne sont pas mes affaires. La seule chose que je peux m'autoriser à faire est de lui faire comprendre à quel point son comportement peut la blesser. 

À lui de choisir ce qu'il fera avec ensuite. Et puis je ne doute pas que ce soit un gars intelligent. Un gars qui prend certes des décisions stupides mais qui dans le fond est comme...obligé de le faire. 

Je ne sais pas trop ce que je suis censé faire mais une chose est sure : je ne vais pas laisser passer ma chance de le faire culpabiliser un peu. 

J'en ai rien à foutre de ce que ça provoquera en lui. Et si ça peut l'inciter à lever la tutelle invisible qu'il s'oblige à tenir je ne pourrais que me réjouir. 

Après un énième faux départ, il souffle fortement et fait craquer ses doigts. Puis il se retourne sans perdre le contrôle du véhicule et ose enfin. 

- Comment...Comment elle va ? 

C'était évident. 

- Aussi bien que son corps et son cœur lui permettent de l'être.