Chapitre 24: Illusion

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Julia



Quelque part sur la route, Arizona, 24 juillet 2021 


Enfermée. Je suis enfermée. Dans le noir.

La panique ne cherche qu'à être libérée. Qu'à me consumer entièrement. 

Respire Julia, respire bordel. 


Je ne dois pas céder maintenant.

Je l'ai déjà fait. Être emprisonnée dans un endroit pour tester ma résistance.

125 heures.

125 heures. Pas une de moins, pas une de plus. Ils étaient formels là-dessus.

Cela devait durer 125 heures.

Précisément.


J'ai vite compris que c'était une idée de papa. L'exactitude de l'horaire n'était pas un hasard. Tout a toujours une signification à ses yeux quand il s'agit de nombre.

J'ai cru au début que ce nombre avait un rapport avec la chambre que j'habitais. Mais j'ai vite abandonné cette théorie.

Elle était trop simple. Papa n'aurait jamais réfléchi aussi sommairement.


125 avait une signification. Aussi précise dans sa tête que l'insistance qu'il a eu pour que je reste pendant tout ce temps à l'intérieur. 

Tout était toujours calculé. À la virgule près. 


J'ai vraiment cru mourir d'asphyxie ce jour-là. Mais c'était la condition. Je n'avais pas le choix.

Je condamnais toutes les autres à subir la même chose si je ne le faisais pas.

C'était un test. Pour s'assurer de mon dévouement.

Et pour savoir jusqu'où je serais prête à aller pour empêcher que ces filles qui venaient juste d'arriver endurent cet enfer. 

Je n'ai pas hésité une seconde. Même si je crois l'avoir regretté dès que les portes se sont refermées.


La petitesse de l'armoire m'a étouffé. Le noir m'a terrifié. Le silence m'a fait plonger.

Dès la première seconde.

Mais j'ai fini par réussir. Malgré tout les dégâts que cette connerie a engendré, j'avais réussi.

Papa m'avait même félicitée. Je n'en revenais pas. Il ne me démontrait aucun signe d'affection, rien.

Mais ce jour-là il avait changé. L'espace d'un instant j'ai eu l'impression qu'il était...fier de moi.

L'espace d'un instant.

Et ça m'avait suffit.


J'avais réussi et papa était fier.

"Je savais que tu serais la bonne."

Jamais je n'ai eu droit à de telles paroles venant de sa part. Ça m'avait tellement...fait du bien.

PROJET 125Où les histoires vivent. Découvrez maintenant