Épilogue

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Je me lève en m'étirant, traversant la chambre, nue, avançant sur le patio, respirant une légère brise avant de descendre les quelques marches et de plonger dans la mer cristalline. Le cadre est parfait, avec la maison sur pilotis s'étendant dans la mer. L'eau est chaude, peuplée de poissons multicolores, le ciel est d'un bleu magnifique, la température clémente, et la plus belle des créatures terrestres vient d'apparaître. Je grimpe l'échelle avant de prendre une serviette pour me sécher.

« Tu te baignes encore nue ?

— C'est le paradis ici, Adam et Ève étaient nus, nos ancêtres aussi.

— Oui, mais pense à nos voisins.

— Ils sont jaloux de notre amour, c'est tout. Tu plonges avec moi ? »

Je regarde Dee se glisser dans la piscine pour s'accouder et contempler l'océan, en me souriant.

« Si tu veux les rendre jaloux, viens faire l'amour avec moi. »

Je profite du cadeau que nous nous sommes offertes avec l'argent de Keys, notre lune de miel aux Maldives. Ce sont de véritables vacances que je m'offre. Je ne fais pratiquement rien, à part nager dans l'océan Indien et faire l'amour avec Dee. Malgré leur beauté, les Maldives sont un pays où la religion d'État est l'islam, régi par la loi de la charia. En tant que lesbiennes, nous préférons rester dans notre cocon apparemment idyllique. La capitale compte 170 000 habitants, nous n'allons pas tuer tous les islamistes juste pour pouvoir nous promener au marché. Le cadre est magnifique, mais il ne faut pas regarder derrière la porte ni sous le tapis. Je sais que je dérange nos voisines lorsque je laisse échapper mes vocalises, tandis que Dee s'applique à me satisfaire. Toutes les deux, nous en profitons pour nous reposer et bronzer. Nous nous sommes mariées deux fois, nous avons vécu plus que la plupart des couples ne pourront jamais vivre. Nous connaissons tous les secrets de l'autre, nos forces et nos faiblesses. Dee a vu le meilleur et le pire de moi. Bien qu'elle ait brièvement été mercenaire avec sa sœur, c'était principalement pour des raisons financières, ni l'une ni l'autre n'aimant ce qu'elle faisait. En revanche, pour moi, c'est une autre histoire. J'ai tué sans état d'âme. Je n'y prends pas plaisir, cela ne me touche tout simplement pas. Pourquoi ? C'est à un psychologue de me le dire, mais il dirait probablement que cela est lié à mon enfance et à la disparition de mes parents.

Je vis l'instant présent, c'est ma règle de vie.

« Téléphone, chérie. »

Je suis vautrée sur une chaise longue sous un parasol, nue bien évidemment.

« Salut, Lindsay. Tu te rends compte que tu es en train d'interrompre un bronzage parfaitement chronométré.

— Bonjour à toi aussi, ton bronzage est impeccable. Ta culotte blanche ressortira sur ta peau.

— Tu me connais si bien.

— Hé, tu étais nue dans cette piscine étrange la première fois que nous avons couché ensemble.

— Cette époque me manque, j'étais complètement folle.

— Si cela peut te rassurer, ton cas n'a pas changé. Ce n'est pas un appel de courtoisie, Emily.

— Ah bon ? Et que vas-tu faire si je refuse ? Je suis au milieu de l'océan Indien, nue sur ma chaise longue.

— Je sais, je te vois. Fais un signe de la main. Mais non, je plaisante, je n'ai pas encore redirigé le satellite vers ta position. Oh, l'image arrive dans 5, 4, 3...

— Tu plaisantes ?

— Oui », rigole-t-elle, fière de sa blague. « La Première Dame voudrait te voir.

— Mais elle a quitté la Maison Blanche, légalement elle n'a plus d'autorité, non ?

— Non, pas elle, la nouvelle locataire. Notre amie a laissé entendre que nous pourrions l'aider si un problème insurmontable survenait.

— Ah non ! Je déteste son mari et elle aussi. Il faut vraiment avoir peu d'estime de soi pour être avec lui.

— C'est une demande personnelle de notre amie.

— Quelle galère.

— Tu sais, nous avons des navires dans l'océan Indien.

— Je m'en fiche, j'ai déjà été sur tous.

— Ils ont des avions.

— Pareil, j'ai volé sur tous.

— Et si je te propose un ravitaillement en vol, tu as un rendez-vous près de Paris.

— Ah ? Et Dee ?

— Vous êtes deux, deux avions.

— Quel est le plan ? Elle vient d'arriver et elle est déjà dans la merde ? Ensuite, elle va me casser les ovaires tous les week-ends ?

— Écoute ce qu'elle a à dire, tu n'es pas à son service, tu peux refuser.

— Je refuse. Dee, l'ancienne Première Dame veut que je donne un coup de main à la nouvelle, rendez-vous à Paris.

— Je ne l'aime pas, et encore moins son mari.

— Tu as entendu, Lin ?

— Mais c'est une demande de Madame la Présidente, tu ne peux pas refuser, c'est une amie proche », ajoute Dee.

« J'ai entendu », rigole Lindsay. « Alors ?

— D'accord. Mais ce ne sera pas gratuit, cela fait longtemps que je ne fais plus du bénévolat.

— Je vais organiser le tout et te tenir au courant. »

Je regarde Dee en soupirant.

« Tu te rends compte que nous ne voyagerons pas ensemble, nous serons dans des avions de chasse différents. Pas de câlins ni de siestes sous la couverture, et oublie les cacahuètes.

« Paris, la ville des amoureux. Tu penses qu'on aura le temps de faire du tourisme ?

— On trouvera le temps, mon amour. »

Back in white - Reaper # 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant