Honnêtement, je pensais que ce serait difficile, mais je viens de me découvrir un talent de rédactrice stupéfiant. Bon, le fait que Martin m'appelle dans les trois secondes après l'envoi de mon courriel m'indique deux choses : il ne l'a pas lu au complet, je n'aurais pas dû commencer mon message par « Je démissionne ». J'ai manqué de subtilité sur ce coup-là. Je m'attendais à ce qu'il m'engueule ou qu'il soit déçu, mais son ton est étrangement neutre. Nous nous connaissons depuis des années, et là j'ai l'impression qu'il est résigné.
« Martin, on se connaît depuis que j'étais dans les MP, nous deux ça remonte à loin, tu commençais à fréquenter Janet. Je n'ai pas envie que l'on se fâche. C'est une décision purement carriériste, je pensais que tu serais fier.
— Je suis fier de voir que tu as trouvé le moyen d'aller jusqu'au bout de ton idée. Ce n'est pas ce moyen que je te pensais voir utiliser.
— Cet appel est sécurisé, n'est-ce pas ?
— Oui. Je t'avais plutôt imaginé pénétrer chez lui, l'enlever et le passer à la question.
— C'est ce que je vais faire, mais le fait que je ne sois plus du CID vous écartera de la complicité. Tu m'as donné un ordre et je suis passé outre. En étant à la Sécurité Intérieure enquêtant sur un vol de dossier militaire et sa transmission à un groupe paramilitaire j'ai plus de pouvoirs à ma disposition.
— Bien.
— Je ne sais pas quand je pourrais passer vider mon appartement, peux-tu demander au Service logement de le vider et de tout mettre dans mon box ? Je vais appeler Evelyn et tenter de me faire pardonner.
— C'est dur pour elle, elle le prend mal.
— J'ai toujours su trouver les mots avec elle, ça va aller.
— Sois extrêmement prudente, Emily. Je ne suis plus derrière, je ne peux plus être ton oreille professionnellement, mais si tu as des moments difficiles, je suis toujours là, Janet aussi.
— Tu as été un ami plus qu'un supérieur, tu le sais. Tu comptes énormément pour moi. Au revoir, Martin. »
J'ai besoin d'un putain de câlin. Je veux faire un tour en moto. Je déteste Washington.
Mais quel après-midi de merde !
Le ding de l'ascenseur me fait relever la tête, Lindsay me trouve assise par terre, devant sa porte. J'ai mal au cul, le marbre c'est beau, mais c'est dur et froid.
« Pourquoi tu n'es pas rentrée ?
— Je n'ai pas la clé.
— Je t'en ai donné une il y a quatre ans.
— Sur moi, je n'ai pas la clé sur moi. Elle est dans mon avion », dis-je en me redressant. « Tu as passé une bonne journée ?
— Ah ma chérie, si tu savais. Je suis monté de trente niveaux dans Sweet kisses crush », sourit-elle en ouvrant la porte, me laissant entrer en premier. À peine referme-t-elle la porte que je la prends dans mes bras, posant ma tête sur son épaule.
« À quel point sommes-nous dans la merde ? », demande-t-elle en se serrant contre moi.
« Disons qu'ils ont apporté un dossier épais comme la moitié d'une étagère de ta bibliothèque, c'était le tien. Le mien c'est la bibliothèque au complet.
— Ouch. Que risquons-nous ? Vu nos états de service, est-ce que l'on pourra demander à être dans la même cellule ?
— Je ne sais pas, je me suis endormie à la moitié de la lecture de tout ce que je coûte aux contribuables, mais il en ressort qu'il faut arrêter de prendre le F-22, le F-35 est moins cher, de dix-sept mille dollars par heure de vol, voilà. Sinon, je suis multimillionnaire, c'est le montant de ce que mes escapades ont coûté, et encore il lui manque des infos. Nous ne risquons rien, il a simplement voulu me montrer qu'ils savent, mais au vu de mes résultats, ça vaut le coup. Ils savent aussi que tu es temporairement la protégée de la Première Dame.
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Back in white - Reaper # 4
AçãoIl est temps pour Emily de retourner là où tout a commencé et où tout s'est terminé pour Julia et elle. Des questions restées sans réponses doivent désormais être posées. Cela se passera mal pour de nombreuses personnes. Emily fera face à de nombreu...