Back in white - Reaper # 4

Chapitre 14

« DEE ! » hurlais-je en dérapant et contournant la motoneige qu'elle avait empruntée aux mercenaires.

« Putain, tu en as mis du temps !

— Excuse-moi, je me suis arrêtée en chemin pour faire le décompte. J'en ai tué au moins quarante-cinq de plus que toi. Es-tu blessée ?

— C'est possible. J'ai mal dans le dos.

— Laisse-moi regarder », dis-je précipitamment.

Je l'incline contre moi, l'entendant grimacer, ouvrant son blouson imbibé de sang, et je découvre trois impacts de balles sur son dos. La panique m'envahit alors que je réalise la gravité de sa blessure.

« Je ne suis pas en grande forme, Emily. C'est grave ? », dit-elle d'une voix faible.

« Tu t'es pris trois balles.

— C'est con », soupire-t-elle en crachant du sang. « Au moins tu ne m'as pas tiré dessus.

— Tu n'es pas drôle, Dee. Attends que je te remette ton manteau. Je vais te conduire à la base, le médecin va s'occuper de toi.

— Je ne crois pas que je tiendrais jusqu'à là-bas. L'Antarctique, putain ! Quelle merde ! Je vais crever ici comme ma sœur », murmure-t-elle d'une voix affaiblie.

Je lutte pour retenir mes larmes, refusant d'accepter cette possibilité.

— Hors de question ! », affirmais-je en me plaçant dos à elle, prenant ses bras pour la soulever, lui arrachant un cri de douleur.

« Emily, c'est impossible. Je ne tiendrai pas. C'est fini. » souffle-t-elle alors que je la pose à terre.

« C'était bien nous deux. »

Elle ferme les yeux, épuisée, mais je sens encore sa main agrippée à la mienne.

« C'est bien nous deux.

— J'ai été heureuse avec toi », murmure-t-elle avec difficulté avant de fermer les yeux, sa respiration devenant de plus en plus faible.

« Où est la luge, Dee ?

— Ne m'abandonne pas ici. » Sa voix n'est qu'un soupire avant que son menton ne s'abaisse sur sa poitrine. Je la serre contre moi en pleurant, je vais la perdre elle aussi.

« Je t'interdis de me laisser, Dee, tu m'entends ! JE TE L'INTERDIS », pleurai-je en tenant son corps près du mien, la redressant tout en reniflant, Je posai deux doigts sur sa gorge, cherchant fébrilement un signe de vie. « DEE » hurlai-je, ma voix se brisant.

« Toi, je te jure que tu vas te battre ! » criai-je en la soulevant et en la prenant dans mes bras, m'installant ensuite sur la motoneige. Je me battais pour démarrer et enfin nous nous lançâmes à pleine vitesse. Nous filions à toute allure sur la banquise. En temps normal, j'aurais savouré cet instant, mais je ne pensais qu'à une chose : rallier la base le plus vite possible. Dee était contre moi, mais je n'avais aucun moyen de savoir si elle était toujours en vie. Je passai les premiers bâtiments à une vitesse fulgurante. Ceux que je croisais devinaient qu'il y avait un problème en voyant Dee assise contre moi, en amazone. L'alerte fut donnée. Je m'arrêtai à peine devant le bâtiment servant d'infirmerie qu'une personne en sortit, s'agenouillant devant Dee.

« Dis-moi qu'elle va s'en sortir, s'il te plaît », suppliai-je.

« Je ne sens pas son pouls, Elizabeth », répondit le Dr Anderson d'une voix grave.

« ENLÈVE TES PUTAINS DE GANTS ET RECOMMENCE ! » hurlai-je, désespérée. Je mordis ma main pour retirer mon gant, mon autre bras, ankylosé, retenant Dee. « Dis-moi qu'elle est vivante, je t'en supplie. »