Back in white - Reaper # 4

Chapitre 1

Je fixe attentivement la fine silhouette assise sur le banc, sentant une vague de tristesse m'envahir. Mes grands-parents ont encore une fois amélioré le cimetière improvisé en installant un lampadaire en fer forgé près du banc. La nuit est fraîche, et une légère brume se forme, créant un halo mystérieux autour de la lumière, conférant une ambiance sombre à la scène qui se déroule devant moi. C'est presque comme si j'étais plongé dans un film, m'attendant à ce que la tête de cette silhouette fasse un tour complet de 180 degrés et me vomisse dessus. Vêtue de noir, elle semble avoir les épaules affaissées, comme si elle portait le poids d'un lourd secret.

Il était un peu après minuit lorsque je suis arrivé. Ma grand-mère m'avait prévenu de son arrivée en début de soirée, et j'ai rapidement bondi sur ma moto pour rejoindre leur maison. J'ai garé ma moto quelques maisons plus haut et je l'ai discrètement poussée jusqu'à la maison. D'après ma grand-mère Sylvie, le sosie de Julia s'est présenté à la porte d'une voix dépourvue d'émotion, son regard éteint, et a simplement demandé si "elle" était là. Ma grand-mère s'est effacée pour la laisser entrer, puis l'a conduite dans le jardin, allant même jusqu'à lui proposer quelque chose à boire. Cependant, le sosie de Julia s'est simplement assis sur le banc sans bouger.

Tandis que ma grand-mère observe attentivement cette étrange invitée, mon grand-père garde un œil sur la rue jusqu'à ce qu'il me voie arriver, moment où il ouvre la porte.

« Je suis arrivée, Lindsay. J'amorce le contact.

« Reçu. Sois prudente, tu ne sais pas qui elle est ni dans quel état d'esprit elle se trouve. Sois prête à agir, mais ne la tue pas. Nous devons en savoir plus », répond Lindsay.

— J'essayerais »

Je traverse la maison et dépose un baiser sur la joue de ma grand-mère avant d'ouvrir la porte qui donne sur le jardin, mon arme à la main.

« Levez-vous lentement et montrez-moi vos mains », dis-je d'une voix calme. Je veux éviter de la brusquer.

« Te voilà », répond simplement la femme. Sa voix est différente de celle de Julia, légèrement plus grave et éraillée.

« J'aimerais avoir des explications », soupire-t-elle en tournant légèrement la tête vers moi.

Son profil est identique, le nez, le menton.

Je me déplace lentement sur le côté, sa tête suit mon mouvement jusqu'à ce que je la voie de face. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je sais qu'elle n'est pas la personne à qui elle ressemble, car celle-ci repose sous la dalle en béton à mes pieds.

« C'est perturbant, je ne te le cache pas. Des explications à quel propos ?

— Ce mémorial pour commencer, ceci aussi », dit-elle en se redressant, sortant quelques pages d'un magazine, les pages les plus importantes. « Et j'ai aussi deux ou trois autres questions. Peut-on rentrer à l'intérieur ? J'ai froid. »

« Es-tu armée ? » demandai-je.

Elle souleva son blouson pour me montrer son arme.

« Sors-la doucement de son étui et donne-la-moi en la tenant par le canon. Nous ne voulons pas effrayer mes grands-parents. Ta visite les a déjà traumatisés. »

« Pourquoi ? Ils ne l'ont jamais rencontrée, ils ne la connaissent pas », répliqua-t-elle.

« Ils apprécient ce qu'ils savent d'elle. Viens », lui dis-je.

Je lui tins la porte pour qu'elle passe. À ses côtés, je ne ressentais aucune chaleur. Elle était froide, voire dangereuse. La ressemblance était néanmoins frappante, au point que j'en tremblais. Je refermai la porte donnant sur le jardin et me dirigeai vers le réfrigérateur pour me servir un verre.