CHAPITRE 10 : ERROR 404

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DEMETRIO

ESPAGNE

2 jours après son départ

Le soleil brûle doucement le toit brillant de ma voiture. Les mains dans les poches, j'entends Alessandro grogner, le cul par terre, les mains pleines de cambouis, la tête dans le capot de la voiture.

— Enfin ! Il grogne, en sortant enfin la tête du moteur. C'est réparé !

Je ne le regarde pas, et rajuste ma cravate, qui était légèrement de travers.

Il se lève difficilement, fait craquer son dos, et me regarde, en attendant peut-être que je le félicite (ce que je ne fais jamais). Je soupire, et plante mes yeux dans ses pupilles bleutées, avant de lui dire sèchement :

— On bouge.

Il ne dit rien, puis esquisse un petit sourire que je ne comprends pas, avant de fermer le capot et de monter dans la voiture, côté passager. Il attache sa ceinture, et je démarre, les yeux rivés sur la route.

Nous roulons à une vitesse normale — parce que les flics zonent par ici — et aucun mot ne sort de la bouche de mon frère, qui maintient son regard sur les paysages qui défilent à sa droite. Mais je sais qu'avec lui, le silence ne dure jamais. Il va pas tarder à ouvrir sa grande gueule, je le connais.

— Alors comme ça, t'as kidnappé la petite d'Enzo ? Dit-il, en débouchant sa bouteille d'eau.

— Ouais.

— Et...?

— Et quoi ? Tu veux que je te dise quoi, Alessandro ?

— Je sais pas mon frère. Tu me dis jamais rien, mais j'espérais que t'allais un peu parler pour une fois. Cette gamine doit être un sacré spécimen. D'ailleurs, qui la garde ?

—  Alessio.

Alessandro manque de s'étouffer avec son eau. Je le regarde, légèrement amusé par sa petite démonstration théâtrale exagérée.

— T'es taré ?! Elle va s'échapper avec lui comme garde ! Il est super naïf !

Justement. C'est parce qu'il est naïf que je lui ai confié cette mission.

— Je ne te suis pas.

— Je sais pertinemment qu'elle va s'échapper. D'ici quelques jours, d'ailleurs. Mais j'apprécie chasser des petites furies comme elle, et puis je veux voir combien de temps je vais mettre à la retrouver. Vois ça comme un petit jeu, tu vois. Mais quand je la retrouverai, ce sera différent.

— Je ne te comprends pas, Deme'.

— C'est simple : Je vais jouer avec elle, puis je la tuerais.

— C'est super malsain et toxique ce que tu fais, t'es au courant mon frère ?

— Je sais. Mais son père a trahi notre père, donc je vais lui faire payer.

— Elle n'y est pour rien...

— Je m'en fous. J'ai envie de la voir ramper à mes pieds.

—  Demetrio... Je crois que ta folie va te tuer, un jour.

— Ta gueule. Parce que sinon c'est moi qui vais te tuer.

Il ricane, et je me reconcentre sur la route. Je pense à ce que je lui ai dit à propos d'elle, mais la voix de l'autre con à ma droite me sort de mes pensées :

— Deme' ? Je pense que c'est une énorme connerie de la laisser avec Alessio.

— Et pourquoi ?

— Parce que, je ne la connais pas, mais elle doit être comme son père : dangereuse et imprévisible. Alors si tu lui laisse cette opportunité, il se pourrait qu'elle parte très loin ou dans des endroits difficiles à dénicher. Tu ne devrais pas faire ça. Elle risque de te surprendre. Elle pourrait  transmettre ça à Enzo, et il ne restera pas de marbre face à tes actes. Sa mafia est petite, mais elle est en relation avec des mafias qui sont nos ennemies. Il se pourrait que tu déclenches avec tes petites conneries une vraie guerre, Demetrio. Mais on dirait que tu t'en fous.

EVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant